Le résultat inattendu des référendums du 8 mars en Irlande est une déception et renvoie l’image d’une Irlande retournée à son atavisme traditionnel. Les amendements proposés, qui allégeaient la conception réactionnaire de la famille et de la place des femmes en son sein telle qu’elle est gravée dans la constitution, ont été rejetés à 67 et 73% des voix, avec une participation de 44%. Jamais un vote référendaire n’avait été aussi largement perdu, alors même qu’aucun parti d’importance n’appelait à voter non. Particulièrement rétrograde, adoptée en 1937, la constitution irlandaise
Réflexions insoumises
L’U.E. et la question migratoire : l’ascension politique des extrêmes droites
À moins de 4 mois d’un scrutin pour renouveler le Parlement européen, les extrêmes droites abordent l’élection en position de force : elles gouvernent déjà dans 6 pays de l’Union – seules ou en coalition – et les sondages les annoncent comme première ou deuxième force dans 9 autres1. Au cœur de leurs discours, et par-delà des divergences entre les diverses formations, l’idéologie anti-immigration les rassemble. Si on dépasse le cadre des partis d’extrêmes droites pour comptabiliser les formations prônant une idéologie anti-immigration, le constat est encore bien plus alarmant. Comme
Droits des femmes, vérités alternatives
A l’occasion du 8 mars, l’hebdomadaire Le Point a publié une tribune assez affligeante signée par Eric Ciotti (c’est le chef !) et vingt-six élues – députées, députées européennes, sénatrices, maires, responsables politiques – du parti « Les Républicains ». Dans un premier temps, les signataires rappellent tout ce que, en France, la droite « a fait pour les femmes » : le droit de vote, la loi Veil, la loi Neuwirth, la loi Coppé-Zimmerman (quotas de femmes au sein des conseils d’administration), etc. La présentation satisfaite de ces « avancées obtenues par la droite » est quelque peu amnésique puisque la tribune se
Penser l’école à partir du travail des professeur·es des écoles
Quelle organisation politique peut se passer de l’élaboration d’un projet pour l’éducation en général, pour l’école en particulier ? Un projet qui peut être conçu en partant du rôle qu’a l’institution scolaire dans la société, ou encore à partir de l’enfant et son développement, à partir de ce que souhaitent les familles même ou bien encore à partir des contenus disciplinaires à enseigner. Mais il est plus rare de penser l’école à partir de l’activité de celles et ceux qui y travaillent. Je ne parle pas ici du travail qui leur
« L’Évènement »
De l’émotion. Beaucoup d’émotion dans cette salle de congrès en ce 4 mars 2024. 780 parlementaires sur 925 ont adopté le projet de loi constitutionnelle consacrant la « liberté garantie » pour les femmes de recourir à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), qui devient ainsi une liberté fondamentale inscrite dans la Constitution (modification de l’article 34). Toute la gauche a voté pour sans exception. Parmi les contre et les abstentions, des LR, des RN, des centristes et même un macroniste. N’oublions jamais qui défend les droits des femmes et qui prétend les
A propos de « La faute à Lénine ? » de Roger Martelli
Ni le personnage de Lénine ni sa pensée ne sont exactement dans l’air du temps ! Pourtant le centenaire de sa mort (janvier 2024) a quand même donné lieu à une petite activité éditoriale – certes limitée aux cercles de la gauche radicale – dont on peut citer quelques exemples significatifs. Les Editions sociales ont publié un « Découvrir Lénine » qui regroupe onze textes sélectionnés et présentés par Marina Garrisi (1). Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) a organisé une table ronde titrée « Lénine, 100 ans après » avec Olivier Besancenot et l’historienne Ludivine Bantigny (2). Dans le même registre,
700 millions d’euros en moins en 2024 pour l’Education nationale
L’annonce a fait l’objet d’une surprise (en tout cas pour celles et ceux qui croient encore aux annonces de ce gouvernement qui, par la voix de Gabriel Attal, annonçait il y a deux mois la création de 2137 emplois d’enseignant·es) : dans le cadre des économies budgétaires annoncées par Bruno Le Maire, le décret annulant 10 milliards d’euros de dépenses est paru. Dans le détail, selon la logique annoncée consistant à faire des économies en proportion du budget initial, les ministères de La Défense et de l’Intérieur … rendent assez peu.
Crise agricole, démocratie et Sécurité sociale de l’Alimentation…
Questions à Dominique Paturel, chercheuse et militante PEPS. Que peux-tu nous dire de la mobilisation actuelle ? D’où vient ce paradoxe de paysan·nes de moins en moins bien rémunéré·es et, en regard, une population pour qui il est de plus en plus cher de se nourrir ? Un point d’attention important est de ne pas confondre les révoltes agricoles et les résistances paysannes comme étant un face-à-face entre rémunérations faibles et normes environnementales. Si les agriculteurs en sont là c’est bien par l’accélération libérale du libre-échange, mettant en concurrence ce
A propos de l’Appel pour une 6 ème République à LFI
Le 10 février s’est tenu à Gagny (93) la première Assemblée Citoyenne Militante de l’Appel pour une 6 éme République à LFI. Cet appel, paru en mai 2023, est aujourd’hui signé par prés de 550 militant·es de la FI : animateurs·trices de GA, participant·es de boucles départementales et même élu·es à divers niveaux. L’objectif central défendu est la démocratisation du mouvement, à rebours d’un système centralisé ou les participant·es sont trop souvent considéré·es comme des « petites mains qui collent, tractent et boîtent au service de la machine insoumise »,
Des héros au Panthéon…
Mercredi 21 février 2024, les cendres de Missak Manouchian et de sa femme, Mélinée, sont transférées au Panthéon. Cette décision d’Emmanuel Macron, annoncée en 2023 lors des cérémonies de commémoration de l’appel du 18 juin fait suite à une longue campagne menée notamment par les descendants de ce qu’on a coutume d’appeler « le groupe Manouchian », ou encore « ceux de l’Affiche Rouge » et par de nombreux historiens et intellectuels, Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Jean-Pierre Sakoun, Annette Wieworka et bien d’autres. Il s’agit là d’honorer, à travers celle
Silence, on tourne
La bouleversante prise de parole de Judith Godrèche sur l’emprise et les violences commises par Benoit Jacquot, et Jacques Doillon1, suivie d’autres, n’a suscité aucune réaction politique. Comme si nous nous étions habitués aux flots de la vague #MeToo. Comme si ces rapports de domination d’un sexe sur l’autre, d’un adulte sur un enfant n’avaient rien à voir avec la politique. Comme si nous n’avions au fond plus rien à dire, ni à proposer pour agir contre ces violences. Les leaders politiques s’expriment quasiment sur tous les sujets de premier
France : tentation fasciste ?
Dans le cadre du débat lancé sur notre site sur la lutte contre l’extrême-droite, nous publions, avec leur accord, ce texte d’Hélène Adam et Martine Billard, membres du Parlement de l’Union Populaire. Il est courant aujourd’hui de parler de risque fasciste en France en évoquant la possibilité de la victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle. Pourtant utiliser les bons concepts et donc les bonnes dénominations est fondamental en politique pour pouvoir adopter la réponse adéquate. Quelques rappels historiques sur le fascisme Historiquement le fascisme apparaît avec Benito Mussolini
« Sortons des accords de libre-échange, assumons le protectionnisme écologique »
Ces derniers jours, Emmanuel Macron et son gouvernement ont multiplié les effets d’annonce en réponse à la colère du monde agricole. Mise sur pause de la trajectoire de réduction de l’usage des pesticides, dérogations en tout genre, arrêt de la « surtransposition » : les propositions pleuvent mais passent à côté de l’ampleur de la transformation nécessaire. Pire, elles continuent de creuser le dangereux sillon dans lequel les libéraux, la droite et l’extrême droite se sont engagés à bride abattue : fustiger une prétendue « écologie punitive » pour éviter
Vers un printemps de l’éducation ?
Il est une tradition, voire une coutume, qui est bien ancrée dans l’Education nationale : les mois de janvier et février sont des mois de luttes et de grèves. En cause : l’annonce des cartes scolaires et des suppressions de postes… Au fond, le choix de l’intersyndicale FSU-CGT-SUD-FO d’appeler dès la mi-décembre 2023 à la grève le 1er février 2024 s’appuyait sur ce terreau de luttes (même si, nous y reviendrons, d’autres aspects sont mis en avant). Et puis, une fois n’est pas coutume ni tradition, un simple changement de casquette dans
Drogues : la réduction des risques contre le capitalisme
Le mois de janvier 2024 a offert un raccourci saisissant des contradictions des droites en matière d’usages de drogues (licites et illicites). D’un côté, le gouvernement refuse de soutenir, et même dénigre par la voix de certains de ses membres, la campagne Dry January qui propose de s’interroger sur sa consommation d’alcool en faisant une pause pendant un mois. Cela est dans la droite ligne du refus du gouvernement de soutenir la moindre politique de prévention à l’occasion de la coupe du monde de rugby ou d’autres manifestations sportives. De