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Entre conquêtes et défaite. La révolution portugaise de 1974-1975

Le mouvement militaire victorieux du 25 avril 1974 a été marqué, dès le premier jour, par l’explosion d’un mouvement révolutionnaire de masse, un véritable tremblement de terre qui a subverti l’ordre établi à tous les niveaux de la société. Il a tenté de créer et d’articuler de nouvelles formes démocratiques d’organisation et d’expression de la volonté populaire dans des milliers d’entreprises, dans les quartiers populaires de la périphérie des villes, dans les campagnes du sud, dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les organes locaux et centraux de l’État et même dans

Au-delà des oeillets. Grandeurs et limites de la Révolution portugaise

D’avril 1974 à novembre 1975, la classe ouvrière portugaise va ainsi chercher à briser l’appareil d’État hérité du régime salazariste et à inventer les voies d’un socialisme démocratique, dans des conditions d’arriération économique et de répression politique léguées par une dictature qui se sera maintenue plus de quarante ans. S’enracinant en partie sur le terrain des contradictions propres au colonialisme portugais, la Révolution s’ouvre le 25 avril 1974 par une révolte de capitaines organisés dans le cadre du Mouvement des forces armées (MFA), avant de se radicaliser par bonds –

Enseignants, les nouveaux prolétaires ?

Alors que Gabriel Attal, après un rapide séjour au Ministère de l’Education Nationale, est devenu Premier Ministre, les problèmes s’accumulent dans l’Éducation Nationale, ce dont témoigne la profonde mobilisation qui touche les établissements de Seine-Saint-Denis depuis plusieurs semaines. Tout en refusant de répondre aux revendications des personnels, le gouvernement annonce une nouvelle réforme de la formation. En creux de ces évènements récents, la question est posée des effets du néolibéralisme sur le métier d’enseignant, y compris sur l’évolution de leur position au sein de la structure de classe. C’est sur

L’autorité n’est ni la censure, ni la mise au pas

La macronie, qui plonge dans les sondages, s’affole. C’est alors qu’elle court tel un canard sans tête en direction du RN. C’est toujours plus à droite qu’elle cherche son sésame, taillant les dernières croupières à LR, celles qui résistent au clan Le Pen. Le résultat est un désastre pour notre pays. Car le « à droite toute » atteint le socle des principes fondateurs de notre République en muselant les opposants politiques. Et prépare le terrain au Rassemblement national. L’arbitraire contre la démocratie La répression et la censure viennent d’atteindre des sommets que

Comment répondre aux attaques contre l’école publique ?

La commission Éducation de la Gauche Ecosocialiste organisait le 18 mars 2024 une réunion débat. Cette initiative était animée par Laurence De Cock (historienne de l’école, enseignante et militante pédagogique, membre de la commission Éducation de la GéS) qui est revenue sur la situation actuelle de l’école et a dressé des pistes politiques. Frédéric Grimaud (enseignant et docteur en sciences de l’éducation, militant au SNUipp-FSU) est revenu sur la question du travail des professeur.es à partir de son ouvrage (Enseignants, les nouveaux prolétaires) et Grégory Chambat (enseignant en collège auprès

Portugal : il y a 50 ans, la Révolution des Oeillets

Le 25 avril 1974, la diffusion de « Grandola Villa Morena » (1) sur les ondes de Radio Renaissance marque le lancement de ce qui n’était à l’origine qu’un coup d’Etat et allait rapidement devenir la « Révolution des Œillets ». A l’origine de l’événement, il y a la prise du pouvoir par certains secteurs de l’armée, à l’instigation du Mouvement des Forces Armées (MFA). Le MFA est une organisation clandestine regroupant des officiers supérieurs – les « capitaines d’Avril » – dont l’objectif principal était d’en finir avec les guerres coloniales perdues d’avance que le

La Cité Scolaire Internationale Jacques Chirac à Marseille, ou « Stanislas dans le public »

Etablissement au statut hybride rendu possible grâce à la Loi « Pour une école de la confiance » de J-M Blanquer, qui permet de déroger entièrement à la carte scolaire, de sélectionner les élèves et de recevoir des financements privés, il s’agit d’un établissement qui transpose dans le public les principes d’entre-soi et de sélection propres aux établissements privés les plus élitistes. Située dans la zone littorale d’Euroméditerranée, vaste projet de renouvellement urbain des quartiers du port, au pied du siège social de la CMA-CGM, elle est actuellement en construction en partenariat

Public vs Privé : « Rallumer la guerre scolaire… » ?

Les conclusions de la mission parlementaire sur le financement de l’école privée sous contrat, dont les rapporteurs sont Paul Vannier (LFI, Val d’Oise) et Christopher Weissberg (RE, 1ère circonscription des français de l’étranger), ont été publiées mardi 2 avril dernier. Elles pointent en premier lieu l’opacité qui règne sur le montant des dépenses publiques allouées à l’enseignement privé, cela alors que la mobilisation pour un plan d’urgence pour l’éducation en Seine St-Denis se poursuit depuis plusieurs semaines et fait face à la surdité accablante du gouvernement. Cette situation souligne à

SILENCE ! Une campagne publicitaire agressive dans le tram…

Lettre ouverte au Maire de Montpellier « …Que cherchez -vous ? Vos messages /Arrivent au bateau déformés; /Votre amour devient haine, /Votre sérénité tourment; /Et je ne peux me retourner /Pour voir vos visages sur la rive… » (« Solidarité » Georges Séféris) Jamais on ne pourrait imaginer en se déplaçant dans le tram, que nous sommes dans une ville avec un maire socialiste… Chaque arrêt de tram nous glace le coeur et nous ramène à un contexte de loi martiale répressive, une ambiance de « dictature » morale…  La bienvenue gratuité des transports en métropole (bienvenue, bien que limitée ! ),

Grèce : la deuxième mort de Syriza ou, de la tragédie à la farce

Syriza traverse actuellement ce qui pourrait bien être sa crise finale après l’élection à sa tête d’un ancien trader : Stefanos Kasselakis. Celui-ci a pris la succession d’Alexis Tsipras après la déroute électorale récente du parti, en bénéficiant d’un large soutien des médias dominants et d’un système de « primaire interne » qui permet à toute personne s’inscrivant en ligne et payant la somme de deux euros de participer à l’élection du chef du parti. Stathis Kouvélakis analyse dans cet article ce qui apparaît d’ores et déjà comme la « deuxième mort » de

Italie : pour un 25 avril antifasciste de masse.

Le 25 avril 1945, alors que plusieurs grandes villes italiennes avaient déjà été libérées par l’action conjointe des partisans et des armées alliées, le Nord de l’Italie était encore sous la botte des troupes nazies et des forces fascistes du régime musssolinien de la République de Salò. A Milan, la Résistance lance un appel à l’insurrection générale et, le 8 mai, l’ensemble de l’Italie est libéré. Depuis lors, le 25 avril est une journée fériée, fête de la Libération, célébrant la victoire sur le «  nazifascisme ». Elle a toujours été

Terrorisme et migrantophobie

Le terrible attentat de Moscou, au centre commercial et salle de spectacles Krokus, revendiqué par l’Etat Islamiste au Khorasan, a fait de très nombreuses victimes et a causé un choc très important dans la population russe. Il est utilisé par la propagande poutinienne pour renforcer les mesures répressives et de contrôle de la population et alimenter la propagande en faveur de la guerre. Un des aspects les plus préoccupants de cette propagande concerne les migrants et les personnes originaires des ex-républiques orientales de l’Union Soviétique. C’est ce qu’analyse cet article

Elections locales en Turquie : un camouflet inédit pour le régime

Les élections pour renouveler l’ensemble des collectivités locales en Turquie ont eu lieu le 31 mars 2024. Il s’agit d’un scrutin multiple. Chaque électeur/trice est appellé-e à voter plusieurs fois : pour son muhtar (élu à l’échelle du quartier ou du village en zone rurale), le/la maire, le conseil municipal et, dans le cas des « municipalités métropolitaines », pour le maire métropolitain, et pour les départements sans « municipalité métropolitaine » des conseils départementaux (qui ont assez peu d’importance en Turquie). Deux précisions doivent donc être faites : 1) Les « municipalités métropolitaines » correspondent à peu

Portugal : cinq remarques sur un bouleversement politique

Le grand historien et dirigeant historique du Bloc de gauche Fernando Rosas propose quelques éléments d’analyse du bouleversement politique qui vient d’avoir lieu au Portugal : non seulement la défaite électorale du PS (qui gouvernait depuis 2015) au profit de la droite, mais aussi et surtout la progression de l’extrême droite (Chega, qui signifie en portugais « ça suffit »), passée en cinq ans de l’inexistence électorale à 18 % et 50 députés. La situation appelle selon lui à une réflexion collective au sein de la gauche portugaise pour agir ensemble, défendre l’essentiel et

Un trumpisme global ? Entretien avec Miguel Urbán

On se demande souvent si nous ne vivons pas une réédition des années 1930, quand on voit comment les élites politiques et économiques conservatrices ouvrent la voie à l’extrême droite, en pleine crise des systèmes libéraux. Dans quelle mesure revivons-nous une sorte de République de Weimar ? Nous avons toujours du mal à penser le présent et l’avenir et nous recherchons des analogies. Depuis la crise de 2008 on assiste à la fois à une crise économique multidimensionnelle, avec certains éléments similaires à ce qu’a été le krach de 1929, et