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Les divisions de Die Linke

En Allemagne, Die Linke, le parti de gauche radicale, est au bord de la rupture. Son ancienne figure de proue Sahra Wagenknecht, qui jouit d’une forte popularité, entend le quitter pour fonder son propre mouvement. Elle accuse Die Linke d’avoir versé dans une surenchère « sociétale ». Avec une stratégie consistant à s’appuyer sur la « société civile progressiste » (ONG écologistes, mouvements favorables à l’accueil des migrants, etc.) dont la « jeunesse » est le cœur de cible, le parti semble bien avoir abandonné ses racines populaires. Mais la stratégie de Wagenknecht, jamais avare d’une polémique contre la

« Le danger central, c’est la fascisation de l’État »

Membre de l’Observatoire national de l’extrême droite et auteur de plusieurs ouvrages sur la question (dont le dernier en date, La nouvelle internationale fasciste, est sorti cet automne chez Textuel1), le sociologue Ugo Palheta analyse depuis des années les évolutions d’un fascisme – ou néofascisme – qui ne cesse de se renforcer, en France comme dans bien des coins du globe. D’où notre envie d’aller lui poser quelques questions à l’heure où le pouvoir macroniste drague plus que jamais à la droite de la droite et impose sa politique par

Social versus « sociétal » ?

Ce débat est importantissime et compliqué. Il mêle comme il se doit des questions de principes généraux, une appréciation globale des rapports de force entre progressistes et réactionnaires, et enfin une analyse concrète propre à chaque cas. Comme principe général il faut défendre toujours les luttes pour l’émancipation, un point d’accord général dans la gauche radicale je présume.  Mais force est de constater que si pour cette gauche elles doivent converger et se renforcer l’une l’autre, ce n’est pas toujours le cas dans la réalité. Question d’abord de période et

Retraites 2023 : essayer de tirer des leçons

La France connaît un mouvement social d’une ampleur considérable tant par sa massivité que par sa durée, le plus important depuis celui de décembre 1995. Pourtant, ce mouvement n’a pas, pour l’instant, réussi à faire fléchir le pouvoir. Cela n’est d’ailleurs pas la première fois. Si l’on prend comme point de départ la décennie des années 1990, un fort mouvement de la jeunesse en 1994 avait certes forcé le Premier ministre de l’époque, Édouard Balladur, à reculer sur son projet de contrat d’insertion professionnelle (CIP) et le mouvement de décembre

La gauche radicale grecque à la recherche d’une alternative unitaire à Syriza

La trajectoire politique suivie par la Grèce depuis 2010 a été très particulière, peut-être même unique, au niveau mondial. Dans les divers gouvernements qui ont vu le jour au cours de cette période ont siégé des partis issus de la quasi-totalité du spectre politique, allant de l’extrême droite du LAOS à la « gauche radicale » de Syriza. Pourtant, malgré cette diversité, les gouvernements successifs ont rigoureusement appliqué les mêmes politiques, dictées par les trois mémorandums signés avec les prêteurs du pays, et conçus par la tristement célèbre Troïka (Commission européenne, FMI, Banque centrale européenne). La

Les paradoxes des gauches, la guerre en Ukraine et la solidarité

Pourquoi les mouvements se réclamant de la gauche, libertaire, radicale ou réformiste, de la justice sociale, de l’écologie, du féminisme, de la non-violence et autres, ignorent-ils autant leurs homologues en Ukraine et en Russie…. Les gauches, les écolos, et autres mouvements supposés progressistes, ne soutiennent généralement pas (ou peu) leurs homologues ukrainiens, russes et belarus… En ce début d’année 2023, alors que nous approchons du premier anniversaire du déclanchement de la guerre d’agression que Poutine, diverses questions restent en suspens, concernant l’attitude des progressistes en France, en Europe, dans le

A propos de la Journée de la laïcité

Le 9 décembre, c’était « la Journée de la Laïcité ». En effet, la loi de 1905, qui pose les principes et l’organisation concrète  de la laïcité en France, même si le mot n’y figure pas, a été votée un 9 décembre… Chaque année, cette date est l’occasion de réexpliquer ce qu’est la laïcité. Elle est trop souvent, hélas, le cadre de prises de paroles publiques désastreuses, chacun·e essayant d’instrumentaliser cette belle idée à des fins de politiques, la vidant de son sens, voire la prenant à contresens… Prenons une

À propos d’une contribution de Jean-Luc Mélenchon

Le texte de Jean-Luc Mélenchon (JLM), mis sur son blog le 22 octobre, est centré sur les questions stratégiques, ce qui permet d’ouvrir un débat très important pour définir une orientation pour la France insoumise comme pour la Nupes. Un tel débat, approfondi et qui doit être largement ouvert à toutes et tous, nous semble indispensable à un moment où cette dernière fait l’objet de multiples attaques. En amont des questions stratégiques, JLM revient sur la définition du « peuple ». Il indique que « le peuple est le nouvel

La gauche de demain doit penser la protection publique au-delà de la « sécurité »

Cette tribune a été publiée initialement le 9 juin 2022 sur AOC Media. Ceci est une version actualisée et complétée. Elisabeth Borne a longuement évoqué lors de son discours de politique générale du 7 juillet, ladite-nécessité d’une loi de programmation générale en matière de sécurité, ainsi qu’une seconde en matière de justice. S’adressant ainsi aux parlementaire situé·es à sa droite, elle se place dans la continuité de ces prédécesseurs. La Nouvelle Union Populaire Ecologie et Sociale (NUPES), elle, n’a pas répondu directement aux attaques dont elle était la cible dans

Donner un sens à la fête

17 mars 2020, la France connait son premier confinement lié à une crise sanitaire inédite, celle du COVID 19. Sous le choc, chacun doit rester enfermé chez soi, les liens sociaux non numériques sont coupés, la fête n’est plus à l’ordre du jour. On constate alors assez vite les effets de l’isolement, du manque de contact humain, cette sociabilisation apportée auparavant par la fête. Pour certain-e-s, notamment les populations queer marginalisées par la société hétéronormée, la sortie du samedi soir en club était un rituel, un moment échappatoire attendu toute

Nouvelle situation géopolitique et architecture des relations internationales

Il y a trente ans, avec l’effondrement de l’Union Soviétique et des Etats de sa zone d’influence, la mondialisation néolibérale s’est imposée sur toute la planète. Mais si les conséquences sociales et environnementales des politiques néolibérales ont été, à juste titre, dénoncées par le mouvement altermondialiste, les années 1990 ont vu également la fin des dictatures dans de très nombreux pays et ont été un “âge d’or” pour les institutions internationales. Cela a été le cas des institutions financières – FMI et Banque mondiale – et commerciales – l’OMC a

La remilitarisation de l’Europe sous le regard fatigué de la gauche

Militant anticapitaliste et député européen, Miguel Urbán analyse dans cet article la remilitarisation en cours de l’Europe. Celle-ci constitue depuis longtemps un projet pour les classes dirigeantes européennes et l’invasion russe de l’Ukraine, avec son cortège de crimes de guerre et de souffrances, leur a fourni un prétexte idéal pour s’engager dans cette voie désastreuse pour les peuples. Dans ce contexte, il plaide pour que la gauche affronte le bellicisme ambiant en adoptant une politique anti-militariste, s’opposant aussi bien au projet impérial russe qu’à l’escalade militaire engagée par l’OTAN.  ***

« La chose la plus simple est la plus difficile à atteindre »

Uri Weltmann est l’organisateur national de terrain pour Omdim be’Yachad-Naqef Ma’an (Standing Together) et un membre de sa direction nationale. Standing Together est un mouvement social judéo-arabe actif en Israël, qui s’organise contre le racisme et l’occupation, et pour l’égalité et la justice sociale. Daniel Randall est un syndicaliste et socialiste basé à Londres. Il est l’auteur de Confronting Antisemitism on the Left: Arguments for Socialists . Ensemble ils discutent de la situation politique en Israël et des perspectives de la gauche. Cet article a été publié en anglais sur le site américain New

Quelle solidarité avec la Résistance ukrainienne ?

Le déclenchement de la guerre en Ukraine, et les tâches de solidarité internationaliste qui en découlent, ont remis à l’ordre du jour, au sein de la gauche radicale tant occidentale qu’est-européenne, une série de débats politiques de premier plan, sur la nature de cette guerre, sur l’impérialisme russe, sur le rôle de l’Otan et de l’Union Européenne, sur le pacifisme… Le site d’Ensemble Insoumises a, dès le début de la guerre, commencé à rendre compte de ces débats en publiant, notamment, les contributions Gilbert Achcar et de Stathis Kouvelakis .

Ukraine : une guerre de libération

Vladyslav Starodubstev, dirigeant de Sotsialniy Rukh (Mouvement Social), organisation de la gauche radicale ukrainienne, a accordé une interview le 7 juin à Tom Harris, pour le magazine britannique en ligne « workers liberty.org ». TH : La guerre s’est déplacée vers le Donbass. Que signifie ce changement dans l’évolution de la guerre ? Comment cela change-t-il l’expérience quotidienne de la guerre ? Et à quel genre de changements futurs vous attendez-vous ? VS : En termes d’expérience quotidienne, tout dépend de la région. À Kiev, c’est un soulagement bienvenu, car nous ne

Que se passe-t-il dans la gauche italienne ?

Un article de Piero Maestri, militant de la gauche radicale italienne, collaborateur de l’édition italienne de la revue Jacobin. Sa version anglaise sera publiée sur le site américain « New Politics ». Le 25 avril –Jour de la Libération à l’occasion de l’anniversaire de l’entrée à Milan des Partisans en 1945 et de la chute du fascisme – est la fête la plus importante pour le peuple de gauche et les antifascistes. C’est à Milan qu’a lieu le défilé principal, organisé par l’ANPI (association nationale des partisans italiens) et le Comité permanent