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Grèce : la deuxième mort de Syriza ou, de la tragédie à la farce

Syriza traverse actuellement ce qui pourrait bien être sa crise finale après l’élection à sa tête d’un ancien trader : Stefanos Kasselakis. Celui-ci a pris la succession d’Alexis Tsipras après la déroute électorale récente du parti, en bénéficiant d’un large soutien des médias dominants et d’un système de « primaire interne » qui permet à toute personne s’inscrivant en ligne et payant la somme de deux euros de participer à l’élection du chef du parti. Stathis Kouvélakis analyse dans cet article ce qui apparaît d’ores et déjà comme la « deuxième mort » de

Grèce, fin de cycle politique

Le scrutin du 25 juin a validé et approfondi les changements enregistrés lors de celui du 21 mai. Trois éléments de dégagent : – La Nouvelle Démocratie (ND) de Mitsotakis a cristallisé sa domination sur la scène politique. – Le déclin de Syriza s’est accentué, le privant de sa fonction d’opposition capable accéder à moyen terme au pouvoir, quelle que soit l’évolution de ce parti au cours de la prochaine période. – Le Pasok n’a pas réussi à dépasser le score atteint lors du scrutin de mai. Εntièrement contrôlé par les centres

Grèce : restauration conservatrice, déroute de Syriza

Que s’est-il passé lors des élections générales qui se sont tenues en Grèce le 21 mai dernier ? Comment la droite, au pouvoir depuis 2019, a pu l’emporter avec une telle marge alors même qu’il y a seulement quelques mois la catastrophe ferroviaire de Tempi avait suscité une très vaste mobilisation populaire contre le gouvernement de Mitsotakis ? Comment expliquer le recul inattendu de Syriza et une avancée inquiétante de l’extrême droite ? Dans cet article, Stathis Kouvélakis, philosophe marxiste et membre de la rédaction de Contretemps, analyse les résultats de ces élections et brosse

La gauche radicale grecque à la recherche d’une alternative unitaire à Syriza

La trajectoire politique suivie par la Grèce depuis 2010 a été très particulière, peut-être même unique, au niveau mondial. Dans les divers gouvernements qui ont vu le jour au cours de cette période ont siégé des partis issus de la quasi-totalité du spectre politique, allant de l’extrême droite du LAOS à la « gauche radicale » de Syriza. Pourtant, malgré cette diversité, les gouvernements successifs ont rigoureusement appliqué les mêmes politiques, dictées par les trois mémorandums signés avec les prêteurs du pays, et conçus par la tristement célèbre Troïka (Commission européenne, FMI, Banque centrale européenne). La

Grèce. La grève générale du 9 novembre et son impact politique

Le 9 novembre 2022, une grève générale a été déclarée par les confédérations syndicales des secteurs public (ADEDY) et privé (GSEE) à un moment critique pour la classe ouvrière et les couches populaires. Selon les chiffres officiels, en septembre l’inflation se situait à 12% . La Banque de Grèce prévient que ce taux pourrait probablement rester supérieur à 10% en 2023. Ces données sont évidemment importantes, mais le coût de la vie effectif supporté par les ménages est bien supérieur: en 2022, au cours des dix derniers mois, le prix du

Grèce : quand l’occupation des places ouvrait une brèche.

Le mouvement d’occupation des places grecques de 2011 se situe au croisement de deux cycles. Le premier est international. Il débute dans l’autre rive de la Méditerranée, avec la révolution tunisienne et le soulèvement de la place Tahrir, passe en Espagne avec les Indignados et le M15 pour migrer, après l’étape grecque, vers le nord, principalement aux États-Unis avec le mouvement Occupy, avant de revenir sur les rives méditerranéennes, avec l’occupation du parc Gezi à Istanbul, suivie par des mouvements similaires dans d’autres villes turques. Le second cycle est celui

L’Union européenne, le Brexit, la Grèce de l’été 2015, la gauche et autres considérations

La sortie de « Conversations entre adultes »1 et la campagne en vue des élections générales britanniques sur fond de Brexit m’avaient incité, entre autres choses, à rédiger les notes que j’avais utilisées pour concevoir mon rapport introductif lors d’un atelier de l’Université d’automne d’Ensemble (2019) et consacré à « L’Union européenne et ses ruptures »2. En voici donc, avec quelque retard, une version finalisée. Le propos du rapport3 était de donner un éclairage particulier à la question de la rupture et/ou de la désobéissance avec l’Union européenne (ou avec

Menace de guerre en Méditerranée orientale

Une guerre gréco-turque destructrice en Méditerranée orientale n’est pas l’issue la plus probable des affrontements dans la région, mais c’est un scénario dont les perspectives ont été récemment évoquées. Dans les eaux situées au sud du complexe insulaire grec du Dodécanèse [archipel regroupant 160 îles, pour la plupart inhabités], au sud de l’île de Crète et autour de Chypre, les flottes de guerre des deux États se font constamment face. Tandis que de puissants navires de guerre américains et français sont en permanence présents dans les mêmes eaux. En même

2015: le gouvernement de Syriza et le référendum, cinq ans après

Après les élections de 2019, lorsque Kyriakos Mitsotakis a succédé à Alexis Tsipras au gouvernement, la « nouvelle normalité » se présentait comme une continuation en douceur du précédent mandat. Après quatre ans et demi « au pouvoir » d’un parti qui a insisté pour se faire appeler « Gauche radicale », en Grèce, les capitalistes se sont sentis plus en sécurité que pendant la panique de 2015 (quand ils se sont précipités pour transférer des dizaines de milliards d’euros à l’étranger). Le troisième mémorandum (validé par l’Eurogroupe en août

Retour à Athènes

Les éditions Syllepse avaient programmé la sortie de l’ouvrage d’Éric Toussaint – « Capitulation entre adultes » (1) – pour le mois de mars 2020. Depuis, nous avons connu le confinement, la fermeture des librairies, l’absence d’activités publiques militantes qui, bien souvent, sont autant d’occasions… d’acheter des livres. Les notes qui suivent visent donc essentiellement à convaincre que ce livre constitue une contribution essentielle aux débats qui traversent la gauche et que, en conséquence, il est possible et même indispensable de l’acheter et, surtout, de le lire ! Un brin provocateur, le

Grèce. La crise des réfugié·e·s à la frontière entre la Grèce et la Turquie

La situation aux frontières terrestres entre la Grèce et la Turquie, dans la région [située à l’extrémité nord-est de la Grèce] autour de la rivière Evros, est devenue tragique Le gouvernement de Kyriákos Mitsotakis (Nouvelle Démocratie), en place depuis début juillet 2019, a fermé la frontière et a déployé à Evros une force impressionnante. Elle est composée de bataillons militaires, de forces de police, de patrouilles de gardes-frontières et de certaines forces navales spécialisées dans le « refoulement » des immigrant·e·s aussi bien sur la mer que sur des rivières.

Grèce. La crise, la défaite de la gauche, le gouvernement de droite

Traditionnellement, lors de la Foire internationale de Thessalonique (FIT) [1], les gouvernements grecs présentent leurs programmes et leurs perspectives. Cette année, Kyriakos Mitsotakis [2] était à l’honneur. Le leader ultra-libéral de Nouvelle Démocratie jouit toujours du confort de la victoire politique de son parti lors de l’élection du 7 juillet 2019. Nouvelle Démocratie (ND), avec 39,8 % des voix, a élu 158 députés, remportant la majorité des 300 sièges du Parlement et donc la possibilité d’un gouvernement autonome [échappant à la nécessité d’une coalition]. Bien que la perspective de la défaite de Syriza et

Grèce : la défaite programmée de Syriza

A la suite des élections européennes, qui montraient une nette avance de la liste Nouvelle Démocratie (ND, droite ultra-libérale et autoritaire) sur celle de Syriza, le parti au pouvoir, Alexis Tsipras (1) avait décidé la tenue d’élections législatives anticipées. On en connaît aujourd’hui le résultat : Nouvelle Démocratie remporte largement (2) le scrutin avec 39,85% des voix. Grâce à ses 158 députés, Nouvelle Démocratie dispose donc de la majorité absolue et, à la différence de tous les gouvernements précédents, le parti de droite n’aura pas besoin d’une coalition avec d’autres partis

Grèce : interview de Stathis Kouvelakis

Professeur de philosophie politique au King’s College de Londres, Stathis Kouvelakis revient pour Politis sur les causes de la défaite de Syriza aux élections législatives du 7 juillet, et ce qu’annonce le retour de la droite au pouvoir. Ex-membre du comité central de Syriza, parti qu’il a quitté après la signature du troisième mémorandum d’austérité (août 2015) entre la Grèce et ses créanciers, Stathis Kouvelakis juge sévèrement l’exercice du pouvoir d’Alexis Tsipras, auquel les électeurs ont mis fin dimanche lors d’élections législatives anticipées. En récoltant 31,5 % des voix, Syriza

Premières notes sur les élections en Grèce

Il faut être clair : c’est un désastre encore pire que ce à quoi s’attendaient les plus pessimistes. D’abord, the big picture: Syriza est sévèrement sanctionné, Tsipras a annoncé des élections anticipées pour la fin juin, pour limiter autant que possible les dégâts. La com’ maniée jusqu’à la nausée par le gouvernement et ses médias et les « mesures sociales » sentant bon les « petits cadeaux » préélectoraux n’y auront donc pas changé grand-chose : l’électorat a sanctionné une équipe qui a appliqué sans faillir pendant près de quatre ans un troisième mémorandum austéritaire. Les propos tenus