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Terrorisme et migrantophobie

© IMAGO/Grigory Sysoev / IMAGO/SNA

Le terrible attentat de Moscou, au centre commercial et salle de spectacles Krokus, revendiqué par l’Etat Islamiste au Khorasan, a fait de très nombreuses victimes et a causé un choc très important dans la population russe. Il est utilisé par la propagande poutinienne pour renforcer les mesures répressives et de contrôle de la population et alimenter la propagande en faveur de la guerre. Un des aspects les plus préoccupants de cette propagande concerne les migrants et les personnes originaires des ex-républiques orientales de l’Union Soviétique. C’est ce qu’analyse cet article publié sur le site Telegram « Rabkor » le 29 mars. Rabkor est un média indépendant d’opposition, fondé par l’opposant Boris Kagarlitsky qu’il dirigeait jusqu’à sa condamnation à quatre ans de prison en janvier dernier.

Le discours de propagande le plus complet sur l’attaque terroriste au centre commercial Crocus pourrait être présenté par Rybar (site de propagande russe d’extrême-droite comptant plus d’un million d’abonnés. NdT) : « tous les faits attestant de l’organisation de l’attaque terroriste par les islamistes ne sont rien d’autre qu’une ruse des services spéciaux ukrainiens, qui ont organisé cette attaque terroriste en recrutant des migrants, qui sont trop nombreux en Russie, qui se comportent de manière trop effrontée ici et qui gênent le vrai peuple russe. » Cette rhétorique migratoire est applaudie par le néo-nazi Topaz du « groupe de reconnaissance, sabotage et assaut Russich » (Milice néo-nazie participant à la guerre en Ukraine. NdT), qui organise une vente aux enchères du couteau utilisé pour couper l’oreille d’un des suspects, oreille délibérément coupée lors de l’arrestation (combien d’articles du code pénal cela enfreint-il ? ), par le candidat “anti-guerre” d’hier, Davankov, qui propose d’expulser les étrangers pour toute infraction administrative, comme traverser la route au rouge ou désobéir à l’ordre légitime d’un officier de police, et le député de Crimée du parti Russie Unie, Sheremet, qui propose d’interdire purement et simplement l’entrée des étrangers en Russie pendant la durée de » l’Opération Militaire Spéciale ».

Tout cela s’appelle du racisme – au lieu d’analyser les causes du terrorisme, nous sommes invités à croire que la seule raison est leur nationalité. Et dans la meilleure tradition du racisme, la nationalité n’est pas inscrite dans le passeport, mais sur le visage, et donc toute personne dont l’apparence ne semble pas suffisamment “slave” à un représentant de la loi ou à un néo-nazi est déclarée terroriste. C’est dans cette logique que la police vérifie les documents dans le métro, c’est dans cette logique que les néo-nazis commettent leurs attentats (il y en a eu 263 au cours des six derniers mois), c’est dans cette logique que des raids contre les migrants ont eu lieu hier à Moscou, à Volgograd et à Toula.

Ce racisme, bien sûr, est habité par une contradiction interne – tous ces Russes de souche ne mettront jamais les migrants à la porte de la Russie. Ils ne le feront pas parce qu’ils ont besoin de 13 millions de migrants – aucun capitaliste ne renoncera jamais à 13 millions de travailleurs qui peuvent être payés quelques kopeks (les sommes que les migrants reçoivent officiellement coïncident rarement avec ce qu’ils reçoivent en réalité, et avec celles-ci, ils ont besoin de subvenir non seulement à leurs besoins en Russie, mais aussi à ceux de leurs familles restées au pays), avec lesquels ils ne peuvent signer aucun contrat de travail, et qui peuvent être mis à la porte à tout moment. La condition d’une telle situation est le racisme – le migrant doit être une créature impuissante, qui a peur de la police et de l’ultra-droite, il ne doit avoir aucune chance de s’intégrer dans la société russe même s’il devient citoyen, et il doit être dit sur tous les tons qu’il est un terroriste, un immigrant sale et dégoûtant qui prend les emplois des gens du pays. La classe dirigeante doit être constamment incitée à expulser tous les migrants afin de tirer profit du fait qu’ils restent.

Ils ne les expulseront pas non plus car la Russie compte près de 6 millions d’Ouzbeks sur 30 (un sur cinq), près de 3,5 millions de Tadjiks sur 10 (un sur trois), près d’un million de Kirghizes sur sept (un sur sept). Leur retour dans leur pays d’origine, qu’ils ont fui non par cupidité mais par simple chômage, ferait exploser les régimes de Mirziyoyev, Rakhmon et Zhaparov, si amis de Poutine – ces millions de personnes n’ont rien à faire dans leur pays, il n’y a pas de travail pour eux là-bas. La Russie capitaliste ne peut que leur offrir l’esclavage (si vous pensez que les migrants vivent normalement, regardez les films “Aika” ou “Produits 24” basés sur des faits réels), les coups, les humiliations et les menaces d’expulsion, au lieu d’arrêter de créer les divisions entre Russes et non-Russes, ce qui signifierait donner aux migrants de véritables droits du travail et de véritables programmes d’État pour les aider à s’intégrer. Aujourd’hui, des millions de migrants en Russie vivent dans de véritables ghettos, dans la saleté, l’humiliation et l’isolement informationnel – des conditions idéales pour les prédicateurs terroristes qui recrutent des kamikazes.

Traduction automatique révisée par nos soins. M.D.