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Contre le racisme systémique, pour les libertés publiques

L’adoption le 19 décembre de la loi immigration a constitué un moment de bascule dans la banalisation de l’extrême droite et de son programme dans le paysage politique nationale en faisant entrer dans un texte de loi des éléments clés du programme profondément raciste du RN. Même si la censure du Conseil constitutionnel a écarté les mesures les plus graves touchant notamment au droit du sol et à l’accès des étranger·es à de nombreuses prestations sociales, il reste que ce texte législatif et les conditions de son adoption renforce considérablement le racisme systémique en France.

Cette loi constitue le point d’orgue d’une séquence entamée dés le lendemain du puissant mouvement contre la réforme des retraites, dont la profondeur a déstabilisé le gouvernement et a manqué de peu de l’emporter, et s’inscrit dans une dynamique de plus long terme. On a vu ainsi la polémique sur le dernier ennemi redoutable de la République, et surtout dernier avatar de l’islamophobie médiatico-politique qu’est l’abaya, faire son apparition sur les plateaux des chaines d’info en continue dés le 7 juin, avant son interdiction par Gabriel Attal à la rentrée. On a vu aussi, à la suite du meurtre à bout portant de Nahel Merzouk par un policier à Nanterre le 27 juin, et les révoltes urbaines contre cette nouvelle illustration glaçante des violences policière racistes, une répression policière et judiciaire aveugle et démesurée, et des syndicats de policiers appelant, sans être inquiétés, au « combat contre les nuisibles et les hordes sauvages ».

Un déferlement répressif qui s’est aussi abattu pendant le mouvement contre la réforme des retraites, contre les syndicalistes et simples manifestant·es : gardes à vue multiples sans motifs, inculpations en tout genre… Même si cela n’a hélas rien de nouveau, l’ampleur de cette répression est inédite et vise tout simplement à museler et à intimider l’activité syndicale et contestataire, en portant atteinte à l’exercice des libertés publiques. Cette répression inquiétante cible également les militant·es écologistes. Cela a particulièrement été le cas lors de la manifestation de Sainte Soline ou avec la tentative de dissolution des Soulèvements de la terre ou plus récemment avec la répression, dans une débauche ahurissante de moyens, des activistes contre le chantier de l’A69. Elle vise également les manifestations en solidarité avec la Palestine qui ont été interdites à de nombreuses reprises par Gerald Darmanin.

Le gouvernement, dans sa fuite en avant néo-libérale et destructrice de l’environnement au service des ultras-riches, rejetée par une majorité sociale, est poussé dans un autoritarisme liberticide toujours plus croissant et n’hésite pas à jouer de la carte du racisme structurel pour fracturer les solidarités.

C’est contre cette dynamique mortifère qu’une coalition large qui avait notamment appelé à manifester partout en France le 23/09 sur ces thèmes, à la suite du meurtre de Nahel et des violences policières et judiciaires, regroupant un large arc de forces associant des syndicats, des structures antiracistes et de quartiers populaires, féministes, écologistes et de juristes, organise un Forum salutaire, le jeudi 4 avril à 18h30 à la Bourse du Travail de Paris, afin de pérenniser ce cadre unitaire précieux, en vue de lutter de front contre le racisme systémique et pour la défense des libertés publiques :

« Les lois liberticides se cumulent. L’étau sur nos droits se resserre, la restriction s’opérant de façon cumulative par touches successives. Les règles de l’état d’exception ont été transposées dans la loi ordinaire. Résultat : des assignations à résidence, des manifestations interdites, des perquisitions abusives, des interpellations préventives, des arrestations arbitraires, la liberté d’expression – notamment des associations – étouffée, voire pire des dissolutions. Tout cela à l’encontre d’une population révoltée par les injustices sociales et l’inaction écologique. De plus en plus de syndicalistes sont interdit-es d’exercer et renvoyé-es devant les tribunaux. Des journalistes empêché·es d’exercer. Alors que règne une crise du logement, le gouvernement ne trouve pas mieux à faire qu’à s’attaquer aux sans-logis et au logement social. La chasse aux migrant·es continue et va même s’amplifier suite à l’inique loi Immigration. Les jeunes perçu·es comme arabes, noir·es, roms, gitan·es subissent sans raison des contrôles au faciès répétés et d’autres violences policières pouvant aller jusqu’au meurtre. C’est aussi la logique du soupçon envers les personnes de religion musulmane, ou renvoyées à cette assignation, qui est devenue l’une des obsessions des gouvernements successifs. Un racisme systémique est à l’œuvre et les constats des organismes protecteurs des droits sont invariablement méprisés. Dans cette situation, où l’extrême droite attend patiemment son heure, il nous faut inventer des outils communs, une structure en commun. Avec notre diversité d’idées et de combats, uni·es il nous faut réagir ! »

Avec la participation de juristes, de chercheur·euses en sciences sociales, de militant·es des quartiers populaires et des organisations comme la CGT, la FSU, Solidaires, l’Union Syndicale Lycéenne, le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des Avocats de France, La marche du 21, Droit au Logement, Attac, la Fondation Copernic, Coudes à Coudes, le Collectif de défense des quartiers populaires, le Collectif Peuple révolté, les Soulèvements de la terre, les Effrontées, le Collectif LPRS, Droits et mouvement sociaux, etc.

  • Amal Bentounsi (Marche du 21 avril)
  • Nelly Bertrand (Syndicat de la magistrature)
  • Florence Braud (AFPS)
  • Jean Baptiste Eyraud (Droit au logement)
  • Eric Fassin (sociologue)
  • Stéphane Galais (Confédération paysanne)
  • Michelle Guerci (journaliste, militante féministe antiraciste)
  • Murielle Guilbert (Solidaires)
  • Kaoutar Harchi (romancière)
  • Pierre Khalfa (économiste)
  • Judith Krivine (Syndicat des avocats de France)
  • Mornia Labssi (Collectif de défense des quartiers populaires)
  • Olivier Lecour Grandmaison (historien, Coudes à Coudes)
  • Marielle (Soulèvements de la Terre)
  • Willy Pelletier (sociologue)
  • Lorraine Questiaux (avocate)
  • Denis Robert (Blast !)
  • Evelyne Sire-Marin (LDH)
  • Benoît Teste (FSU)
  • Ritchy Thibault (Peuple révolté)
  • Céline Verzeletti (CGT)
  • Marie-Pierre Vieu (Fondation Copernic