Le 17 novembre est derrière nous, et il convient maintenant de dépasser les débats qui ont agité notre gauche afin d’aller de l’avant. Tout comme notre mouvement Ensemble!, j’étais opposé à y être présent. Non que les problèmes à la base de cette mobilisation soient inexistants, loin de là : les augmentations des carburants augmentent gravement les difficultés de populations déjà très touchées par la situation et les mesures gouvernementales. Mais parce que la logique de la mobilisation dès le départ était anti – fiscale et évacuait totalement la question écologique.
En débat
Les “gilets jaunes” sont aussi le produit d’une succession d’échecs du mouvement social.
La colère sociale a trouvé avec le mouvement des « gilets jaunes » une expression inédite. Le caractère néopoujadiste et antifiscaliste qui semblait dominer il y a encore quelques semaines et les tentatives d’instrumentalisation de l’extrême droite et de la droite extrême ont été relativisés par la dynamique propre du mouvement, qui s’est considérablement élargi, et la conscience que les taxes sur l’essence étaient « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Quelques dérapages homophobes ou racistes, certes marginaux mais néanmoins détestables, et des incidents quelquefois graves n’en ternissent pas le sens.
Penser l’immigration : Olivier Besancenot et Danièle Obono
Pourquoi cette rencontre ? Parce que trois tweets. Le premier, signé Jean-Luc Mélenchon : « Nous disons : honte à ceux qui organisent l’immigration par les traités de libre-échange et qui l’utilisent ensuite pour faire pression sur les salaires et les acquis sociaux1 ! » Le second, quatre jours plus tard, en réponse au précédent et signé Olivier Besancenot : « Ce ne sont pas les immigrés qui font pression sur les salaires, mais le taux de profit que les capitalistes extirpent du travail des salariés, français ou immigrés, en France comme dans le monde entier. » Le troisième, enfin, signé
L’Arlésienne du financement de la transition écologique
La crise écologique étant aujourd’hui avérée, tous les discours officiels, qu’ils proviennent des gouvernements, des institutions internationales et même des plus grandes entreprises multinationales, assurent de la volonté d’engager une transition écologique, notamment énergétique. Mais la réalité est moins belle. Que ce soit au niveau international pour faire entrer l’accord de Paris sur le climat en application, ou au niveau européen pour respecter l’échéancier de limitation des gaz à effet de serre, ou au niveau français avec la loi pour la transition énergétique et la croissance verte (2015), les moyens
Pétain, un vrai salopard !
Macron espérait se relancer avec sa tournée du centenaire de 14-18. C’était assez bien vu, mais c’est raté. D’abord parce que la crise sociale s’est invitée, avec les revendications sur le pouvoir d’achat et le prix de l’essence, avec la mobilisation des ouvriers de Renault, criant à Macron : « Vous n’êtes pas le bienvenu ». Mais aussi parce que le président jupitérien s’est pris les pieds dans le tapis à propos de Pétain, à qui un hommage devait être rendu en même temps qu’aux autres maréchaux français. Hommage qu’a justifié Macron, avant de
17 novembre : justice sociale et fiscale, justice climatique même combat !
Depuis début novembre nous le voyons partout, au travail, dans la rue, avec nos voisins, de nombreuses colères accumulées ces derniers mois sont en train de se cristalliser autour de la mobilisation du 17 novembre. Des centaines de blocage sont organisés et ce nombre augmente jour après jour. Bien sûr, contenu de la thématique, l’extrême droite et la droite dure tentent de récupérer ce mouvement de grogne, ce début de jacquerie, mais heureusement ni leur implantation, ni leur force ne leur permettent d’être aux commandes. De notre point de vue,
Nous ne commémorerons pas la « victoire » de 1918
Nous ne commémorerons pas la “victoire » de 1918. Nous ne le ferons pas pour faire plaisir à Angela Merkel. Mais il n’est pas question d’exalter ce qui fut une hécatombe inouïe et qui inaugura un XXe siècle brutal, accouchant de tous les monstres, dont nous n’avons pas fini, hélas, de conjurer la mémoire. Quand la guerre s’achève, la question de ses causes ne se pose pas. Ce que l’on veut, ce sont des coupables. Malheur donc au vaincu ! Imposé par les vainqueurs et signé le 28 juin 1919, le traité
Prix du carburant : quand l’anti-social prend le masque écologique
Le 17 novembre prochain, les automobilistes exaspérés par la montée du prix de l’essence et du Gasoil sont appelés à manifester en bloquant les routes. Elue d’un territoire de grande banlieue, je connais bien la dépendance quotidienne à la voiture pour aller travailler, emmener les jeunes au lycée, faire tout simplement ses courses ou des examens médicaux. Je sais, comme vous, que l’achat d’une voiture diesel n’a pas été un acte d’amour pour les particules fines qui empoisonnent nos villes et nos enfants. L’étalement urbain, l’éloignement des services publics, les
Travail, emploi, syndicalisme et transition
La reconnaissance de la crise climatique, de son ampleur et de son accélération, et plus largement d’une crise écologique multidimensionnelle, est l’objet depuis plusieurs années d’un relatif consensus, dont l’accord de Paris en décembre 2015 a porté la marque. Si l’Amérique de Donald Trump n’est jamais à l’abri d’une remise au goût du jour du climato-négationnisme, la question politique majeure concerne désormais la nature des réponses à la crise écologique. Dès 1974, André Gorz alertait sur le fait que malgré sa résistance, le capitalisme finirait par intégrer la contrainte écologique,
Voies et moyens de la transition écologique
Cet article part du présupposé suivant : la conversion écologique implique une phase de transition, qu’il s’agit de définir et qui implique des propositions en matière de contenu et de stratégie. La nécessité de ce type de transition est liée au fait que la conversion écologique (encadré), partie intégrante du projet d’émancipation, nécessite un changement radical de système économique, donc de rapports sociaux. Dans ce cadre, une phase de transition est nécessaire pour rendre possible la conversion progressive de la société. Cette proposition repose sur l’hypothèse fondée sur l’histoire et l’actualité
Face à la crise des politiques migratoires : résoudre les causes des crispations.
Question brûlante, feuilleton tragique, la « crise migratoire » s’est imposée depuis 2015 comme l’une des questions majeures agitant l’Union Européenne. Une crise que les associations et les ONG en première ligne ont rapidement renommé : « crise des politiques migratoires ». En effet, on a rapidement pu constater que la situation dramatique n’était pas due à un afflux particulièrement important de réfugié.e.s. Comme le rappelle le livret thématique « Migrations », au pic plus fort de le million de migrants qui a atteint l’Union européenne ne représente que 1/500e de la population européenne, et seulement 1,5
Crise économique et désordres mondiaux
Dix ans après la faillite de Lehmann Brothers, les contributions se multiplient, autour de deux questions : comment cela est-il arrivé ? Est-ce que cela peut se reproduire ? Mais elles sont à peu près toutes centrées sur les dérives de la finance, passées ou à venir. Le point de vue adopté ici est un peu différent, puisqu’il cherche à identifier les racines économiques des désordres mondiaux. Son fil directeur est le suivant : l’épuisement du dynamisme du capitalisme et la crise ouverte il y a dix ans conduisent à une mondialisation de plus
Les défis des gauches en France
Nous subissons actuellement une offensive d’ampleur du capital, suivant une stratégie de choc décrite par Naomi Klein2, qui vise à détricoter méthodiquement les acquis sociaux du XXème siècle. L’objectif est à la fois économique, pour rétablir des taux de profits en baisse et idéologique pour affaiblir les capacités de résistance du mouvement ouvrier. Ces politiques, menées tant par la droite que par les partis sociaux-démocrates, ont durablement affaibli la social-démocratie. Entretemps, le système est pris dans une fuite en avant productiviste et consumériste, qui a des conséquences écologiques qui sont
Migrations, puisqu’on en parle….
Est-ce que les migrant-e-s divisent la classe prolétaire, permettant au Capital de baisser les salaires ? Est-ce que « personne » ne quitte son pays natal volontairement ? Sur le moyen terme, l’immigration est-elle « une chance » pour le pays qui l’accueille ? Et enfin, pourquoi s’interroger sur ces questions conduirait-il obligatoirement à l’injonction de chasser les migrant-e-s et à fermer les frontières ? La réponse à la dernière question est délicate. En effet, sous la pression d’extrême-droite montante en Europe, le débat raisonné semble impossible. En pratique, l’air de ce qui est dit l’emporte sur les
Populisme de gauche, du nouveau ?
Le dernier livre de Chantal Mouffe, Pour un populisme de gauche[1],offre l’occasion de faire le point sur les fondements, les évolutions et les problèmes de ce qui se présente comme une nouvelle stratégie pour la gauche[2]. On envisagera cet ouvrage en le replaçant dans la lignée d’autres écrits, en particulier le livre fondateur d’Enersto Laclau La raison populiste[3]. Une conception tronquée de la politique Tout au long de ses écrits, Chantal Mouffe dénonce à juste titre l’illusion d’une politique sans conflits. Elle critique les conceptions consensuelles de la démocratie en affirmant « la
Catalogne. « Définir une nouvelle stratégie et faire le bilan de l’ancienne »
Le discours du président de la Généralité de Catalogne, Quim Torra, du 4 septembre 2018, suscitait des attentes pour savoir si, ayant consulté Puigdemont, les prisonniers, les partis et les entités indépendantistes, cela allait lui permettre d’annoncer un programme commun. Après l’avoir entendu, aucun de ces acteurs ne l’a critiqué ouvertement, à l’exception de la CUP (Candidature d’unité populaire), mais ils n’ont néanmoins pas pu dissimuler leur manque d’enthousiasme au vu de l’inexistence d’une feuille de route et en constatant qu’il s’agissait d’un accord de circonstances, ou pour le formuler encore mieux,