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La Communes. Épisode 1 : 4 septembre 1870, la III° République

Le 4 septembre est sûrement un évènement important puisqu’il a donné son nom à beaucoup de nos rues, à des places de nos villes et même à une station du métro parisien. De quoi s’agit-il ? En fait le 4 septembre 1870 est le jour où a été proclamée la III° République ainsi que la déchéance de l’Empereur Napoléon III. Et, donc la fin du Second Empire. D’où cet évènement vient-il ? Né d’un coup d’État, le Second Empire a duré une vingtaine d’années et connu des hauts et des bas. Mais

« La Commune de Paris est un bien commun que la République se doit de célébrer »

Tribune. Le 3 février, au Conseil de Paris, la droite parisienne a lancé un tollé contre les commémorations prévues pour les 150 ans de la Commune de Paris. Engluée dans son passé, elle persiste à dire que célébrer cet anniversaire revient à glorifier « les événements les plus violents de la Commune ». De quoi s’agit-il, en fait ? Le 18 mars 1871, les bataillons de la garde nationale – qui participent depuis septembre 1870 à la défense de Paris [contre l’armée prussienne qui l’encercle] – s’emparent du pouvoir dans une capitale désertée par les autorités. Quelques jours plus tard, des élections désignent,

Daniel Bensaïd : sous les évènements, la question stratégique

Quels évènements historiques ont marqué le XX° siècle, notamment pour celles et ceux qui se situent dans l’histoire des combats pour l’émancipation ? Tel est le propos de « Fragments radiophoniques, 12 entretiens pour interroger le vingtième siècle » (1). L’ouvrage reprend sous forme écrite une douzaine d’entretiens radiophoniques donnés en 2007-2008 par Daniel Bensaïd à l’une des dernières radios libres, Fréquence Paris Plurielle (FPP), plus précisément pour l’émission « Les oreilles loin du front ». C’est un véritable exercice de style au format très contraint : au cours de ces entretiens, Daniel Bensaïd revient (en vingt

Le PCF, une énigme… centenaire ?

A priori, l’on pouvait s’attendre à ce que le centenaire du congrès de Tours (décembre 1920) qui vit de la fondation du Parti communiste français constitue un rendez-vous, commémoratif (pour les militants et les militantes) et savant (pour les historiens et les historiennes). Comme on peut le constater, on en est assez loin, y compris en termes de sortie d’ouvrages consacrés à ce sujet[1]. Il est à craindre que la prégnance de l’urgence sanitaire sur l’ensemble des activités humaines n’explique pas vraiment cette situation. D’où une question redoutable : le PCF

Trotsky, un passeur du siècle

Il y a 80 ans, le 20 août 1940, l’agent stalinien Ramón Mercader assénait un coup mortel à Léon Trotsky dans son refuge mexicain de Coyoacán. Pourquoi cet assassinat ? Si on laisse de côté la personnalité perverse de Staline, il faut repartir des  derniers combats de Trotsky, c’est-à-dire, toute la période mexicaine durant laquelle il mène principalement trois grandes luttes dans une phase d’effondrement de l’espérance. Il veut d’abord empêcher toute confusion possible entre révolution et contre-révolution, entre la phase initiale d’Octobre 1917 et le Thermidor stalinien. Il le fait

Trotsky : un premier attentat le 24 mai 1940….

L’attaque se produisit à l’aube, vers quatre heures du matin. Je dormais profondément, ayant pris un soporifique après une écrasante journée de travail. Réveillé par les rafales de la fusillade, mais étant plutôt dans un demi-sommeil, je m’imaginais d’abord qu’on célébrait un jour de fête nationale près de la maison avec des feux d’artifices. Mais les explosions étaient trop près de nous, à l’intérieur même de la pièce, près de moi et au-dessus de ma tête. L’odeur de poudre prenait de plus en plus à la gorge. Nettement, ce ce

L’assassinat de Léon Trotsky

Il prétendait être Belge et s’appeler Jacques Mornard. Il était Catalan et s’appelait Ramon Mercader, Staline guidait son bras. Le 20 août 1940, un piolet d’alpiniste fracassait le crâne de Léon Trotsky, réfugié au Mexique depuis 1937. Le meurtrier déclara aux policiers qu’il s’appelait Jacques Mornard et était citoyen belge. Acteur de l’assassinat, il n’en était pas le seul organisateur. Grâce à sa liaison avec la jeune trotskyste Sylvia Ageloff, le futur assassin de Trotsky était parvenu à gagner la confiance de ceux qui veillaient sur la sécurité du célèbre

A l’occasion du décès d’Henri Weber

Henri Weber appartenait à la génération des fondateurs de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (JCR). Durant l’été 68, il a co-écrit avec Daniel Bensaïd « Mai 68, répétition générale », ouvrage qui entendait tout à la fois tirer les leçons du soulèvement étudiant et de la grève générale et dégager les perspectives politiques des années à venir, à commencer par la tâche de l’heure : la construction d’un parti révolutionnaire.  Ce fut l’aventure de la Ligue Communiste, puis de la LCR.  On sait qu’ensuite l’évolution politique d’Henri l’a conduit jusqu’aux cercles dirigeants du Parti socialiste.

Il y a 40 ans, Nicaragua : le Front sandiniste au pouvoir

C’est en juillet 1979 que le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) prend le pouvoir au Nicaragua. C’est l’aboutissement d’un processus original dont la dernière étape s’est déroulée au printemps 1979 avec l’appel à la grève générale lancée le 4 juin par le FSLN. Cette phase finale a été préparée par plusieurs grèves générales, des insurrections partielles et un long travail d’usure des forces de répression menée des actions de guérilla. La grève générale se transforme alors en insurrection urbaine massive, notamment dans la capitale (Managua) avec apparition de différents

L’intersectionnalité : quelques questions

« Bien qu’il soit pratiquement sûr que l’évolution a créé la morale pour des raisons internes au groupe, sans grand souci de l’humanité en général, cette situation n’est pas nécessairement incontournable ». Frans de Waal, Le bonobo, Dieu et nous. Une anecdote personnelle pour commencer. Mes voisins (elle, franco-algérienne, lui franco-français, tous les deux adhérents de la CGT) nous invitent à la fête de mariage de son fils à elle (réussite brillante dans la préfectorale, la mariée est franco-française). Fête prévue sur le mode des traditions algériennes. Grande surprise, mon épouse et moi-même

Il y a 45 ans, octobre 1974 : l’assassinat de Miguel Enriquez

C’est le 5 octobre 1974 que Miguel Enriquez, principal dirigeant du Movimiento de Izquierda Revolucionnaria (MIR, Mouvement de la gauche révolutionnaire), a été assassiné par les services de répression de la dictature chilienne (1). Cela fait alors un peu plus d’un an que, le 11 septembre 1973, un coup d’état sponsorisé par l’administration des États-Unis et réalisé par l’armée chilienne a porté au pouvoir le général Pinochet. C’est la réponse ultime de l’impérialisme et de la bourgeoisie chilienne à l’Unité populaire, terme qui désigne à la fois le gouvernement de

L’imbroglio des identités et de la politique socialiste

Steve Bannon, l’idéologue de la campagne Trump par laquelle tout a commencé, s’est vanté d’avoir conduit ses adversaires dans un piège : « Je veux qu’ils parlent chaque jour d’antiracisme. Si la gauche se concentre sur la race et l’identité et que nous optons pour le nationalisme économique, nous pouvons écraser les Démocrates » (1). Les résultats semblent lui donner raison, et nombreux sont ceux, enthousiastes ou affligés, qui ont répété cette théorie sur le centre d’attention, l’objectif programmatique et le mode de communication de chacune des grandes forces en présence. Si tel était

La leçon de l’URSS : la bureaucratie se prononce pour la restauration capitaliste

Cette interview d’Eric Toussaint a été réalisée par Wilder Pérez Varona, sous-directeur scientifique de l’Institut de Philosophie de La Havane pendant la conférence internationale dédiée à Trotsky qui s’est déroulée pendant trois jours dans la capitale de Cuba du 6 au 8 mai 2019. Une quarantaine d’invités étrangers parmi lesquels Robert Brenner, Suzi Weissman, Paul Le Blanc, Dan La Botz, Gabriela Pérez Noriega, directrice du Musée Léon Trotsky à Mexico, Eric Toussaint, Gabriel Garcia y ont présenté des contributions, de même qu’une douzaine d’intervenants cubains. Cette interview porte principalement sur

Populisme de gauche : un avenir bouché ?

Dans un texte publié dans Regards – Populisme de gauche : prendre le risque d’un avenir –, Gildas Le Dem revient sur la pensée d’Ernesto Laclau et de Chantal Mouffe en s’insurgeant contre certaines critiques qui la travestissent et la déforment. S’il pointe à juste titre la pertinence de certaines analyses de Laclau et Mouffe, il tombe lui-même dans le défaut qu’il dénonce en laissant de côté les aspects les plus discutables de leur pensée. Il s’interdit donc d’en comprendre la cohérence globale et d’en souligner un certain nombre d’apories. Nous concentrerons notre analyse sur

Anatomie du nouveau néolibéralisme

Depuis une dizaine d’années, on annonce régulièrement la « fin du néolibéralisme » : la crise financière mondiale de 2008 a été présentée comme l’ultime convulsion de son agonie, puis ce fut le tour de la crise grecque en Europe (du moins jusqu’en juillet 2015), sans oublier bien sûr le coup de tonnerre de l’élection de Trump aux États-Unis en novembre 2016, suivi par le référendum sur le Brexit en mars 2017. Le fait que la Grande-Bretagne et les États-Unis, qui ont été des terres d’élection du néolibéralisme aux temps de Thatcher et