Bluesky Instagram RSS

La Commune. Épisode 5 : les évènements de janvier 1871

Donc, après l’échec du soulèvement populaire du 31 octobre, le référendum de début novembre a conforté le gouvernement. La période suivante qui va de début novembre à mi-janvier est relativement atone, sans évènement spectaculaire. Paris est assiégé, la situation est bloquée. En réalité le gouvernement dit de « défense nationale » voudrait bien négocier avec les Prussiens. Du moins dans sa majorité car, simultanément, il craint les réactions populaires à Paris. En effet, à chaque fois que l’occasion s’est présentée, les Parisiens ont manifesté leur volonté de continuer la lutte

La Commune. Épisode 4 : le soulèvement du 31 octobre 1870

Donc, fin octobre, deux évènements vont provoquer le soulèvement. Et là, il s’agit d’un soulèvement : ce n’est plus seulement une manifestation ou une démonstration de force, le début d’une insurrection qui mettre en cause l’existence même du gouvernement. Le 28 octobre, des francs-tireurs parisiens ont fait une sortie et ont réussi temporairement à s’emparer du Bourget, une commune à quelques kilomètres de Paris. Face à la contre-attaque allemande, ils espèrent que le gouvernement de défense nationale va organiser une sortie massive pour leur permettre de tenir le Bourget. En

La Commune. Épisode 3 : octobre 1870

Au mois d’octobre 1870, deux questions continuent à polariser le débat : d’une part la question nationale, la poursuite de la guerre, la résistance à l’occupation – il faut se rappeler que depuis le 19 septembre Paris est assiégé – et d’autre part la question démocratique. La République a été proclamée le 4 septembre, mais quel est son contenu réel ? Si l’on prend l’exemple de Paris, c’est le gouvernement qui a nommé le Maire et les maires d’arrondissement et qui vient de décider de repousser les élections municipales. Dans

La Commune. Épisode 2 : les évènements de septembre 1870

Comme on l’a vu précédemment, le 4 septembre, sous la pression populaire, les républicains modérés ont décrété la fin de l’Empire et proclamé la République. Mais cette décision hautement symbolique ne règle rien, comme on va essayer de l’illustrer au moyen de trois dates : le 7 septembre, le 14 septembre et le 19 septembre. La proclamation de la République ne règle rien parce que subsistent trois questions qui vont continuer à peser tout au long des mois qui viennent et constituer de fait l’arrière-plan du processus révolutionnaire qui va culminer entre

La Communes. Épisode 1 : 4 septembre 1870, la III° République

Le 4 septembre est sûrement un évènement important puisqu’il a donné son nom à beaucoup de nos rues, à des places de nos villes et même à une station du métro parisien. De quoi s’agit-il ? En fait le 4 septembre 1870 est le jour où a été proclamée la III° République ainsi que la déchéance de l’Empereur Napoléon III. Et, donc la fin du Second Empire. D’où cet évènement vient-il ? Né d’un coup d’État, le Second Empire a duré une vingtaine d’années et connu des hauts et des bas. Mais

« La Commune de Paris est un bien commun que la République se doit de célébrer »

Tribune. Le 3 février, au Conseil de Paris, la droite parisienne a lancé un tollé contre les commémorations prévues pour les 150 ans de la Commune de Paris. Engluée dans son passé, elle persiste à dire que célébrer cet anniversaire revient à glorifier « les événements les plus violents de la Commune ». De quoi s’agit-il, en fait ? Le 18 mars 1871, les bataillons de la garde nationale – qui participent depuis septembre 1870 à la défense de Paris [contre l’armée prussienne qui l’encercle] – s’emparent du pouvoir dans une capitale désertée par les autorités. Quelques jours plus tard, des élections désignent,

Les indépendances néocoloniales de 1960 en Afrique : soixante ans après…

En 1960, 17 territoires coloniaux d’Afrique centrale (Cameroun – sous tutelle de l’ONU, administré par la France –, Centrafrique, Congo, Congo belge, Gabon, Tchad), occidentale (Côte d’Ivoire, Dahomey/Bénin, Haute-Volta/Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Nigeria, Soudan français/Mali, Sénégal, Togo sous tutelle de l’ONU, administré par la France), australe (Madagascar) et orientale (Somalie) sont proclamés États indépendants. Ainsi, l’année 2020 est celle de leur soixantenaire. Mais, presque partout, le nouveau coronavirus et sa pandémie en ont gêné la célébration, prévue sans doute fastueuse. Par ailleurs, cette pandémie peut aussi être considérée comme une

Quelques leçons de l’expérience de Podemos

Faire le bilan de l’expérience de Podemos est une tâche facile et difficile à la fois. D’un côté, si nous nous en tenons au résultat, le bilan est sans aucun doute dévastateur. Podemos n’a pas été capable de remplir les objectifs pour lesquels il est né, et s’est converti, en termes gramsciens, en un projet « transformiste »[1]. Cependant sa naissance a signifié l’ouverture d’un cycle politique inédit en Espagne. Pour la première fois depuis des décennies, une force politique anti-néolibérale se donnait pour objectif la conquête du pouvoir politique. Notre analyse

L’Union européenne, le Brexit, la Grèce de l’été 2015, la gauche et autres considérations

La sortie de « Conversations entre adultes »1 et la campagne en vue des élections générales britanniques sur fond de Brexit m’avaient incité, entre autres choses, à rédiger les notes que j’avais utilisées pour concevoir mon rapport introductif lors d’un atelier de l’Université d’automne d’Ensemble (2019) et consacré à « L’Union européenne et ses ruptures »2. En voici donc, avec quelque retard, une version finalisée. Le propos du rapport3 était de donner un éclairage particulier à la question de la rupture et/ou de la désobéissance avec l’Union européenne (ou avec

Urgence sociale, et si on interdisait les licenciements ?

J’en conviens, le titre et son contenu surtout, peuvent paraître ambitieux. Mais au fond rien de tel dans ce développement. Une réflexion et une proposition pour faire face à la crise sociale terrible qui sévit. Une volonté, celle d’essayer de répondre à la détresse et à la colère que je constate au quotidien, devant les boîtes, des salariés-e-s en lutte contre les licenciements et les suppressions d’emplois qui les menacent et qui menacent des bassins de vie entiers. La proposition que je soumets au sein de ce texte, n’est pas issue de ma

Covid : que faire face à la crise qui se prolonge ?

Le surgissement de l’épidémie à l’échelle mondiale a provoqué un ébranlement des états et des sociétés qui ouvre la possibilité d’une prise de conscience large que la mondialisation capitaliste conduit à des crises très graves dont les dimensions sanitaires, sociales, écologiques sont étroitement imbriquées. La situation actuelle, avec à la fois l’émergence en un temps record de solutions vaccinales efficaces et l’incapacité du système de production à garantir un approvisionnement universel autorisant une vaccination de masse dans des délais rapides, souligne encore les impasses du capitalisme. La prolongation de la

Après les élections au Parlement de la Generalitat de la Catalogne, solidarité avec le peuple catalan !

Les indépendantistes (ERC / Junts & Cat / CUP) renforcent leur majorité Comme attendu du fait  de la crise sanitaire mais aussi de la démobilisation d’une partie de l’électorat, lassée par les divisions du camp indépendantiste et qui subit de plein fouet la crise économique, ces élections ont été marquées par un taux important d’abstention : seuls 53,5 % (– 25,6% par rapport à 2017) des électeur.trice.s se sont exprimé.e.s. Le premier enseignement : malgré la forte et scandaleuse répression maintenue contre le camp indépendantiste et la désinformation sur  ses

Catalogne. Après le 14 février, un nécessaire changement de politique

Le triomphe électoral du mouvement indépendantiste le 14 février 2021, avec une majorité absolue des députés et plus de 50% des voix, ne doit pas être interprété comme un chèque en blanc pour continuer à faire la même chose, avec des ajustements mineurs et un changement de président. L’analyse des résultats montre la nécessité d’un changement de politique afin de progresser dans deux domaines profondément imbriqués: le national et le social. Le PSC (Parti des socialistes de Catalogne) a été le parti le plus voté avec 23% des voix. Il a

Portugal : résolution politique de la direction nationale du Bloco de Esquerda

Les élections présidentielles ont été marquées par la crise pandémique et par l’agressivité de l’ultra droite. La direction nationale du Bloco de Esquerda salue la disponibilité et l’engagement de Marisa Matias et prend acte de l’importance d’une campagne socialiste, féministe, antiraciste et écologiste, dans l’affirmation d’une réponse à la crise et du combat contre l’agressivité de l’ultradroite. Marisa a mené une campagne courageuse et probante, dont les résultats n’ont pas été à la mesure de l’impact réel de sa candidature et de ses objectifs. Sous la crise pandémique qui a

Daniel Bensaïd : sous les évènements, la question stratégique

Quels évènements historiques ont marqué le XX° siècle, notamment pour celles et ceux qui se situent dans l’histoire des combats pour l’émancipation ? Tel est le propos de « Fragments radiophoniques, 12 entretiens pour interroger le vingtième siècle » (1). L’ouvrage reprend sous forme écrite une douzaine d’entretiens radiophoniques donnés en 2007-2008 par Daniel Bensaïd à l’une des dernières radios libres, Fréquence Paris Plurielle (FPP), plus précisément pour l’émission « Les oreilles loin du front ». C’est un véritable exercice de style au format très contraint : au cours de ces entretiens, Daniel Bensaïd revient (en vingt

Poutine contre Naval’nyi

Pour comprendre la signification de la montée du dissident Alekseï Naval’nyi pour la Russie, il faut avoir une certaine idée de la nature du régime politique. Pouvoir autoritaire et dictature «soft» En effet, ce régime est de type «bonapartiste», où l’administration étatique, et la proximité avec cette administration, sont les principales sources d’accumulation [1]. Par conséquent, la pérennité au pouvoir de cette administration est l’intérêt central de l’État, et la corruption se trouve dans son cœur [2]. Au départ, cette centralisation autoritaire de la Russie post-soviétique avait été reçue avec enthousiasme par