Les crises ayant frappé l’Europe ces dernières années ont aggravé les urgences sociale et climatique déjà existantes. L’explosion des prix a bénéficié à une poignée de profiteurs, tout en creusant les inégalités et en plongeant davantage de ménages dans la précarité. Les conséquences du changement climatique sur l’Europe sont devenues beaucoup plus visibles, avec toute une série de catastrophes climatiques : inondations, sécheresses, incendies… La pandémie de Covid a montré le sous-financement structurel de nos services publics, attaqués par des années de privatisation et d’austérité, ainsi que les dangers des délocalisations et du libre-échange en constante augmentation, qui menacent la démocratie, l’environnement et notre souveraineté.
Ces crises ont une fois de plus démontré l’absurdité et la dangerosité des traités néolibéraux européens actuels, et prouvé que la direction prise par l’UE nous conduisait droit dans le mur. Malgré cette situation et même après avoir reconnu l’inefficacité de leurs règles, les dirigeants de l’Union européenne s’en tiennent obstinément à une logique ultra-libérale basée sur l’austérité, les privatisations, le tout-marché et les accords de libre-échange, faisant passer les intérêts des grandes entreprises avant ceux des peuples européens et les droits des travailleurs. L’Europe est à la croisée des chemins et il est temps de décider si nous souhaitons persister dans cette logique brutale et dangereuse ou transformer radicalement notre système en mettant fin à l’austérité, en renforçant nos services publics, en mettant en œuvre une véritable planification écologique et en veillant à ce que la transition tienne les grands pollueurs pour responsables, et profite à tous sans que personne ne soit laissé pour compte.
Le résultat de leurs politiques est clair : elles provoquent des souffrances et des ravages qui ouvrent une voie idéale à l’extrême droite pour faire progresser ses idées et ses discours de haine. Dans un nombre grandissant de pays, l’extrême droite est au gouvernement ou aux portes du pouvoir : cette tendance doit nous alarmer. Dans toute l’Europe, cette progression est synonyme d’une remise en cause dramatique de l’État de droit, du pluralisme des médias et des libertés démocratiques. Elle conduit à la remise en cause des droits des femmes, des LGBTQIA+ et des personnes handicapées, mais aussi des communautés migrantes et racisées, qui sont les cibles principales de l’extrême droite. Cette tendance va de pair avec un criant manque de solidarité, notamment envers ceux qui fuient leur pays vers l’UE. Ensemble, nous devons lutter pour la démocratie et résister à la culture de la haine et de la peur, en ne laissant aucune place au fascisme, sous aucune de ses formes.
Dans un monde marqué par des tensions, des conflits et par l’érosion du droit international, la trajectoire actuelle est alarmante. La guerre d’agression inacceptable menée par la Russie contre l’Ukraine a montré que la paix et le respect du droit international ne peuvent jamais être tenus pour acquis. Les troupes russes doivent se retirer d’Ukraine et l’UE doit veiller à ce que le droit international soit respecté dans les pourparlers de paix. En attendant, nous devons faire preuve de solidarité avec l’Ukraine, en mettant notamment en place des stratégies d’annulation de la dette pour aider à reconstruire le pays.
Quant à l’occupation illégale de la Palestine par Israël, elle persiste depuis des décennies, au mépris flagrant du droit international et défiant d’innombrables résolutions des Nations Unies. Depuis le 7 octobre, la violence s’est intensifiée, avec les attaques terribles du Hamas et les bombardements aveugles de Gaza par Israël, entraînant la mort de milliers de personnes. Chaque vie compte, et notre priorité absolue est d’obtenir un cessez-le-feu immédiat, de libérer les otages et de lever le blocus, car la privation de ressources vitales, notamment d’eau, de nourriture et d’électricité, constitue un crime de guerre. Nous devons ensuite garantir une paix durable à tous ceux qui sont touchés par ce conflit persistant et promouvoir une solution à deux États pour garantir la sécurité des Israéliens et des Palestiniens. Dans ce paysage international mouvementé, nous restons déterminés à promouvoir la paix, à faire respecter la justice et à garantir la sécurité et le bien-être de tous.
Dans ce contexte, nous pensons que l’Europe a besoin d’une gauche combative, qui ne compromet pas ses valeurs et se bat pour un projet de rupture. Un projet de justice économique et sociale dans lequel chacun contribuerait selon ses revenus et où les richesses seraient redistribuées. Un projet pour lutter réellement contre le réchauffement climatique et ses graves conséquences et pour protéger la nature tout en accompagnant les classes populaires dans la transition. Un projet où les règles austéritaires n’empêcheraient plus d’investir dans la transition écologique et dans les services publics, qui doivent être protégés de la concurrence et des logiques de marché. Un projet où le féminisme et la lutte pour l’égalité et contre le patriarcat seraient transversaux et présents dans toutes les sphères de la société. Un projet où la démocratie serait consolidée, où nos droits et libertés primeraient et où les minorités et les réfugiés en gagneraient de nouveaux.
Nous sommes convaincus qu’une autre voie est à notre portée et nous mettrons tout en œuvre pour y parvenir, aux côtés des syndicats, des ONG, des mouvements sociaux et des organisations de la société civile, pour parler d’une voix claire : la voix des travailleurs, de tous les laissés pour compte, et de ceux se battent pour notre planète. C’est avec cette volonté et cette force collective que nous ferons campagne ensemble pour les prochaines élections européennes. Ensemble, nous bâtirons une Europe qui défend les intérêts du plus grand nombre, et non ceux d’une poignée de privilégiés.
Déclaration politique de Maintenant Le Peuple. Paris, le 17 novembre 2023.
La France insoumise, Vansterpartiet (Suède), Vasemmistoliitto (Finlande), Enhedslisten (Danemark), Bloco de Esquerda (Portugal), Podemos (Espagne)