De nombreuses initiatives étaient prévues du 24 au 26 mai en région parisienne contre les entreprises climaticides et leurs projets toxiques. Les temps forts étaient une action à l’occasion de l’assemblée générale de Total Énergies et une manifestation contre le projet logistique Greendock. Un groupe de militant·es de la GES y participait.
Liquidation Total
Le 24 mai était prévue l’assemblée générale des actionnaires Total Énergies et une célébration de son 100e anniversaire. La multinationale du pétrole et du gaz étant un des symboles du capitalisme qui engrange des milliards en dévastant la planète, il a été décidé cette année encore de perturber l’AG de Total. À l’initiative d’Extinction Rebellion et en lien avec d’autres organisations écolos et de justice sociale, une action de désobéissance civile s’est préparée.
L’inscription était très facile, en ligne et ouverte à tou·tes. Des formations étaient proposées pour expliquer le but politique ainsi que le consensus d’action, c’est-à-dire le cadre commun : désobéissance civile, pas de violence contre les personnes ou leurs biens personnels… Les risques juridiques et les précautions à prendre ont également été indiqués. Selon ses compétences et ses préférences, il était possible de se proposer pour différents rôles.
Les détails précis de l’action sont en revanche restés secrets jusqu’au dernier moment. Le matin, nous nous sommes retrouvés par petits groupes dispersés en région parisienne. Progressivement, nous avons convergé par centaines vers le lieu finalement retenu : le siège d’Amundi, fonds d’investissement détenu par le Crédit agricole et premier actionnaire de Total. Dès l’arrivée, l’organisation s’est déployée : déchargement des camions, décoration festive des lieux, déploiement d’une banderole géante, slogans… L’immeuble a brièvement été investi, mais devant l’agressivité des vigiles, les militant·es se sont regroupé·es à l’extérieur.
La répression policière n’a pas tardé. Nous avons rapidement été encerclé·es, et pendant les heures qui ont suivi les flics sont allés interpeller brutalement des militant·es dans la nasse. Malgré cela, l’ambiance est restée joyeuse et déterminée. Des militantes du Pérou et d’Ouganda ont raconté, devant les caméras des journalistes, les conséquences meurtrières des projets de Total dans leur pays. Les participant·es à l’action ont continué à faire bloc, ce qui a compliqué l’action de la police. Combiné à la présence d’élu·es FI et EELV et à des recours juridiques, cela a finalement permis la levée de la nasse et la sortie sans contrôle des manifestant·es restant·es.
Stop Greendock
Depuis quelques mois, les Soulèvements de la Terre font connaître un projet jusque-là peu connu : Greendock. Il s’agit de la construction, sur les berges de la Seine, d’entrepôts logistiques près du port de Gennevilliers. Ce projet essentiellement basé sur le transport routier serait nocif pour les riverain·es comme pour la zone naturelle protégée de l’île Saint-Denis, toute proche. Greendock est emblématique de la logistique capitaliste, de la production et du transport effréné de marchandises, de la bétonisation et des emplois pourris.
La manifestation est partie de Gennevilliers et rassemblait, sous un beau soleil, un large éventail de l’écologie radicale et du mouvement social : les Soulèvements, ATTAC, Solidaires, Action justice climat, la France insoumise, Extinction Rebellion… Des bannières permettaient d’identifier trois cortèges différents, selon le degré de radicalité auquel chacun·e était prêt. Nous avons cependant regretté que les slogans et les pancartes n’aient pas davantage cherché à expliquer le projet Greendock et à inciter les habitant·es à s’engager dans la mobilisation.
En cours de route, il a soudainement été annoncé qu’il était possible de dévier du trajet pour mener une action de désobéissance civile. Seules quelques centaines de personnes ont répondu à l’appel et ont coupé par un parc. Mais devant la répression policière et en nombre insuffisant, la plupart des manifestant·es sont reparti·es dans le cortège principal. Une cinquantaine de personnes ont été arrêtées violemment et emmenées en garde à vue.
La manifestation a pu se poursuivre jusqu’à L’Île-Saint-Denis, dont le maire s’oppose à Greendock. La halte devant la mairie a été l’occasion d’un hommage aux révoltes des quartiers populaires de l’an dernier, après le meurtre de Nahel par la police. Un goûter et une soirée festive ont permis de conclure collectivement la journée.
Élargir et continuer la lutte
Les actions de ce week-end ont réussi à mobiliser plus de 2000 personnes dans un cadre radical, dont beaucoup de jeunes. Elles ont permis de pointer les grands projets capitalistes, aussi destructeurs qu’inutiles. Le cadre unitaire et l’aspiration à la convergence des luttes qui ont été exprimés sont précieux et sont à renforcer. Nous espérons que mouvements sociaux et organisations politiques continueront à opérer en relation étroite, dans le respect de l’autonomie de chacun.
Par contre, les violences et la répression policières ont franchi un cap et dépassé le cadre légal, avec des arrestations massives et des humiliations (voir notre communiqué). Une stratégie qui vise certainement à faire taire la contestation avant les Jeux olympiques. Notre solidarité doit être sans faille avec les écologistes réprimé·es. À l’avenir, il faudra aussi mieux coordonner ces actions et le soutien des élu·es et des équipes de soutien juridique, afin de protéger les militant·es. L’importance donnée au soin et à l’inclusion des participant·es lors de ces deux actions peut aussi être une inspiration pour d’autres mouvements sociaux.
L’équilibre reste à trouver pour que des actions dont tous les détails ne peuvent pas être révélés à l’avance puissent réussir en impliquant le plus grand nombre de personnes possible. Le manque d’information a créé un flou concernant l’entrée dans Amundi lors de l’action contre Total, et cela a été encore plus gênant lors de la tentative de blocage pendant la manif Greendock. Le nombre est la clef de la réussite, mais il faut pour cela que les participant·es sachent à quoi ils et elles s’engagent.
Les actions comme celles de ce week-end renouvellent et questionnent nos modes d’organisation. Elles sont complémentaires et doivent s’articuler avec les manifestations de masse, le travail de conviction dans la population, les alternatives concrètes et la construction d’une alternative politique écosocialiste. On vous dit donc à bientôt dans les luttes !
Des militant·e·s de la GES.