C’est le 5 octobre 1974 que Miguel Enriquez, principal dirigeant du Movimiento de Izquierda Revolucionnaria (MIR, Mouvement de la gauche révolutionnaire), a été assassiné par les services de répression de la dictature chilienne (1). Cela fait alors un peu plus d’un an que, le 11 septembre 1973, un coup d’état sponsorisé par l’administration des États-Unis et réalisé par l’armée chilienne a porté au pouvoir le général Pinochet. C’est la réponse ultime de l’impérialisme et de la bourgeoisie chilienne à l’Unité populaire, terme qui désigne à la fois le gouvernement de
Chili
Il y a 50 ans, l’Unité populaire au Chili. Partie 4 : retour sur quelques débats stratégiques
Le caractère tragique de l’écrasement de l’Unité populaire justifie amplement, même un demi-siècle plus tard, de s’atteler à l’analyse et au bilan de cette expérience. C’est une discussion sans tabou mais qui nécessite aussi un peu de modestie et du respect, y compris pour les personnalités et les partis dont on peut raisonnablement penser que leur orientation a lourdement pesé dans l’échec. Daniel Bensaïd fut tout sauf indulgent vis-à-vis des réformistes chiliens. Pour autant, s’agissant de Salvador Allende, il n’hésitait pas à confier : « comparé à nos réformistes, c’était quand
Il y a 50 ans, l’Unité populaire au Chili. Partie 3 : vers l’affrontement entre pouvoir populaire et putschistes
Le contrôle des prix et de l’approvisionnement, la réforme agraire et l’extension du secteur public (APS) constituent des réformes importantes mais, surtout, porteuses d’une forte dynamique de mobilisation populaire allant au-delà des projets gouvernementaux d’origine. Le processus qui se met en place est le suivant : le gouvernement prend des décisions pour initier les réformes entreprises. Il crée ou impulse la création de structures étatiques ou paraétatiques pour conduire les réformes. Il est confronté – et, avec lui, le mouvement populaire – à la résistance et au sabotage de la bourgeoisie
Septembre rouge
« Il a insisté pour que je te passe le message suivant : dis à Miguel que maintenant… c’est à son tour ». Dans le Palais de la Moneda assiégé, Beatriz Allende est au téléphone avec Miguel Enriquez, le dirigeant du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR) à qui elle transmet l’un des derniers messages de son père, Salvador Allende. C’est l’une des nombreuses scènes que contient « Septembre rouge ; le coup d’Etat du 11 Septembre 1973 au Chili », écrit par Olivier Besancenot et Michael Löwy et publié par les éditions Textuel à l’occasion
Il y a 50 ans, l’Unité populaire au Chili. Partie 2 : politique gouvernementale et mobilisations sociales
Immédiatement après l’accession à la Présidence de Salvador Allende, au début de l’année 1971, le gouvernement procède à un réajustement des salaires, sous l’impulsion de P. Vuskovic. Face à une forte inflation (35% pour l’année 1970), les réajustements sont compris entre 35% pour les salaires les plus élevés et 66% pour les plus bas. Le gouvernement tente également de contrôler l’inflation, notamment par le blocage des prix, c’est-à-dire le blocage des prix d’un certain nombre de produits de première nécessité. Ces mesures connaissent un succès relatif : pour les 6 premiers
Il y a 50 ans, l’Unité populaire au Chili. Partie 1 : la voie chilienne au socialisme.
En matière de mémoires des luttes et de débats stratégiques, l’Unité populaire chilienne (septembre 1970 – septembre 1973) constitue l’une des références emblématiques de la gauche française, qu’il s’agisse de la gauche traditionnelle ou de la gauche radicale. Certes, cette expérience concerne un pays étranger, relativement éloigné, à la fois pour ce qui est du niveau de développement et pour ce qui est de la période historique concernée. Il y a en effet maintenant un demi-siècle que le coup d’état d’Augusto Pinochet a renversé le régime présidé par Salvador Allende
Chili. Un large rejet de la nouvelle Constitution. Une analyse
La nouvelle Constitution n’allait pas démanteler le néolibéralisme à elle seule, mais elle aurait sans aucun doute créé de meilleures conditions pour poursuivre la bataille. Comment expliquer qu’une grande majorité de Chiliens et Chiliennes ait tourné le dos à cette proposition constitutionnelle, considérée par de nombreuses organisations sociales comme une avancée historique? Dimanche 4 septembre, les militants du Comando de los movimientos sociales para el Apruebo étaient réunis au siège du syndicat Bata (Sindicato Nacional de Trabajadores empresa Bata Chile) dans le centre de Santiago, à quelques pas de l’emblématique Plaza
Chili : l’irruption du pouvoir constituant des peuples
Après une décennie de défaites accumulées, et à un an et demi de la grande révolte populaire de 2019, les dernières élections au Chili viennent d’infliger une lourde défaite aux partis de l’ordre. Pablo Abufom Silva analyse la situation dans cet article et dresse quelques perspectives. Une victoire, enfin ! Si on nous avait dit, ne serait-ce qu’il y a deux ans, que nous serions aujourd’hui en train d’analyser les résultats d’un scénario politique où ont fait irruption les peuples mobilisés, que la Concertation de l’après-Pinochet se serait effondrée et que la
Chili. Fin de la transition de la dictature vers une « démocratie » restreinte
Ces 15 et 16 mai 2021 eurent lieu des élections municipales et régionales et des élections à la Convention constituante (Assemblée constituante), ces dernières étant beaucoup plus décisives. Les résultats ont été la traduction politique des mobilisations de masse contre le bloc bourgeois au pouvoir, cela depuis plus d’une dizaine d’années. Les candidats de la coalition gouvernementale Chile Vamos et de la ex-Concertación – qui se sont alternés au pouvoir ces trente et une dernières années – ont été largement battus. Forte abstention des classes dominées… Il y a eu un rejet par les