Vite, une autre répartition des richesses.
Par un télescopage bienvenu, le jour où la Une de l’actualité, jeudi 10 février, était braquée sur les bénéfices du CAC 40, et notamment ceux de LVMH, les salarié·es de plusieurs entreprises de maroquinerie du groupe LVMH débrayaient pour exiger une revalorisation salariale, contre l’annualisation du temps de travail visant à faire disparaître les heures supplémentaires, mais aussi pour dénoncer l’augmentation des cadences et les pressions exercées sur les salarié·es, mettant à mal la prétendue « attention » de la direction à leur égard et exiger des augmentations de salaire en rapport avec les bénéfices du groupe. Alors que les dividendes versés seront en hausse de 66,67 %, la revendication de la CGT d’une augmentation de 350 euros n’en est que plus justifiée.
Réalisé à l’occasion de la campagne présidentielle, un sondage paru à la mi-janvier a souligné le fait que le pouvoir d’achat était bien la préoccupation n°1 aujourd’hui (51 % des sondé·es).
La publication des bénéfices record des entreprises du CAC 40 ne peut que renforcer cette exigence. Qu’on en juge par ces quelques chiffres :
137 milliards de profits cumulés dont 15 milliards pour Total, 12 pour LVMH, 9,5 milliards pour BNP-Paribas, 9,1 milliards au titre du Crédit agricole, 6,3 milliards pour Sanofi, 5,6 milliards concernant la Société générale…
Situation insupportable pour les salarié.e.s quand on sait que 50 % de ces bénéfices vont aller aux actionnaires et que la taxation des dividendes est plafonnée à 34 %. D’où une grève qui a éclaté le 9 février dans une vingtaine d’entreprises du groupe Total.
A l’évidence, ces grandes entreprises ont profité à plein des aides accordées par l’État au moment de la pandémie et des réductions de l’impôt sur les sociétés : 25 % aujourd’hui au lieu de 33 % en 2018, ainsi que la baisse des impôts de production de 10 milliards en 2021.
Même si les grands médias parlent peu, voire pas du tout, des grèves pour l’augmentation des salaires, leur répétition a percé un peu le mur du silence, d’autant plus qu’il s’agissait de la mobilisation de salarié·es de la grande distribution (Leroy-Merlin, Lidl,…), de Sephora en novembre 2021, de Moët & Chandon en septembre de la même année, inquiets de voir leur direction afficher leur volonté de ne pas leur verser la « prime Macron » de fin d’année. A chaque fois, l’écœurement et la colère montent de voir leur maigre bulletin de paie qui stagne alors que les bénéfices de l’entreprise sont florissants.
Dans ces conditions, les inégalités subsistent et se renforcent. Ainsi, entre 2017 et 2019, Les 10 % les plus riches ont vu leur revenu augmenter de 2,2 %, tandis que c’était 0,7 % pour les 10 % les plus pauvres.
La désindexation des retraites, le gel du point d’indice des fonctionnaires depuis de nombreuses années ainsi que la reprise de l’inflation (+ 2,8 % en 2021), boostée par l’explosion des prix de l’énergie (+18%) : gaz (+50%), essence (+ 21%), l’augmentation des prix des produits alimentaires et de l’habillement ont renforcé le poids des dépenses contraintes. D’où, les mouvements de colère et de révolte qui ont donné naissance aux gilets jaunes, puis aux grèves et débrayages de ces derniers mois.
Ce n’est pas la récente augmentation du SMIC qui changera la donne : 10,57 euros soit + 0,9 % pour un salaire mensuel net de 1269, 45 euros pour 35 heures.
Signe d’une situation qui ne s’améliore pas pour les couches populaires, la part de la population sous le seuil de pauvreté (1102 euros) se monte toujours à 14,6 % : 9,3 millions de personnes sont concernées dont 3 millions d’enfants. 1 jeune sur 5 est dans cette situation.
La pandémie n’a fait qu’aggraver les choses et nombre d’étudiants ou de jeunes dépendant de petits boulots ont plongé suite à cette pandémie.
Pour éradiquer la pauvreté, lutter contre les inégalités, il faut mettre fin à la politique de classe de Macron et engager une autre répartition des richesses produites par les travailleurs et qui favorise les couches populaires.
Répartir autrement les richesses, c’est d’abord augmenter le SMIC tout de suite (1400 euros net, 1800 brut) et l’augmentation des minimas sociaux, des salaires et pensions.
Cette politique alternative passe par la réquisition des profits des entreprises du CAC 40, des bénéfices engrangées à l’occasion de la pandémie, le rétablissement de l’ISF supprimé par Macron, le blocage des prix des produits de première nécessité, l’annulation des récentes augmentations de l’énergie et la reconstitution d’un pôle public de l’énergie, la gratuité des premiers kilowatts-heure et m3, l’isolation thermique des logements pour combattre la précarité énergétique qui touche des millions de foyers, la gratuité des transports, la renationalisation des autoroutes.
Ces quelques mesures, non exhaustives, au centre de la campagne politique en soutien à la candidature de J.L. Mélenchon pour la présidentielle sont indispensables pour mettre en route une politique de rupture.
Mais les mobilisations sociales des salarié·es et des couches populaires, à l’image des grèves actuelles, sont indispensables pour construire les rapports de force nécessaires.
Michel Gautier