En Iran, 5000 élèves, principalement des jeunes filles, ont été victimes de tentatives d’empoisonnement dans l’enceinte de 230 établissements.
Malaises, évanouissements, difficultés respiratoires dues à une vague d’attaques commencées fin novembre 2022 dans la ville de Qom, ville sainte où sévit un clergé ultra conservateur. Cette vague a touché 25 provinces sur les 30.
Les parents d’élèves se sont organisés dans plusieurs villes et ont manifesté leur inquiétude et leur colère face à ces actes. Ils ont été brutalement réprimés, à l’image de la répression sanglante qui sévit depuis la révolte des femmes et de la population après le meurtre de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, pour un voile mal mis.
Si le gouvernement a procédé à 100 arrestations ces derniers jours, un grand nombre de citoyens estiment que le pouvoir est à l’origine de ces intoxications. En effet, en octobre le grand guide suprême, Ali Khamanei, évoquait la nécessité « d’une petite punition » pour les jeunes et les adolescents descendus dans la rue. De plus, au début, les autorités iraniennes ont fait porter la responsabilité de cette vague aux jeunes filles victimes car elles essaieraient ainsi de créer le désordre dans leur établissement! Et n’oublions pas que de jeunes lycéennes ont participé activement à la révolte, y compris au sein de leur établissement.
Si maintenant le gouvernement a fait volte face, y compris en appelant à une extrême sévérité envers les auteurs, personne n’est dupe de ce discours de circonstance. Le régime théocratique et dictatorial iranien est un régime misogyne et un de ses premiers actes en 1979 a été l’obligation du port du voile. La scolarisation des filles est certes obligatoire, ce en non mixité, et une majorité des étudiants sont des étudiantes mais les lois concernant notamment le mariage, le divorce, la filiation font des femmes des mineures, soumises à la volonté de leur père, leur frère, leur mari.
Si les manifestations en Iran ont cessé à cause de la répression, des emprisonnement massifs, des tortures et des condamnations à mort, l’esprit de la révolte de l’automne subsiste. La population reste dans sa majorité hostile à ce gouvernement, dans un contexte de grande difficultés économiques et de corruption des dignitaires et responsables du régime.
Les réactions des institutions internationales n’ont pas été à la hauteur et il faut le reconnaître, la solidarité internationale aussi.
Il est difficile d’évoquer la situation en Iran sans parler de la situation des fillettes, des adolescentes et des femmes en Afghanistan. Dans ce pays, il s’agit d’effacer les femmes de l’espace et de la vie publique. Enfermées dans le huis clos familial, elles sont là pour assumer la tenue de la maison et la reproduction. Cette haine des femmes du régime des talibans va provoquer la mort sociale pour les filles et les femmes.
Renforçons notre solidarité par tous les moyens possibles avec les femmes et les populations d’Afghanistan et d’Iran.
Anne Leclerc