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Gouvernement NFP : priorité à l’application du programme !

Le 7 juillet, le Nouveau Front Populaire (NFP) a déjoué tous les pronostics : finissant en tête des élections législatives, il a contrecarré le scénario d’une victoire du RN et de ses alliés. Sans être majoritaire, le RN connaît néanmoins une très forte progression, dont l’un des ressorts réside dans l’absence de croyance que la gauche peut changer la vie, par la rue ou par les urnes. Il est désormais vital de briser ce cercle vicieux : l’application du programme commun du NFP constitue dès lors un enjeu majeur.

Marine Le Pen le sent bien. Elle vient de déclarer qu’il faut à tout prix éviter un gouvernement NFP, que toute autre solution aura sa préférence et que, dans ce cas, les députés RN jugeront un tel gouvernement sur les actes. Elle fait la courte échelle à Wauquiez, Macron et Darmanin. Ainsi avance le « parti de l’ordre ».

Les tergiversations pour proposer un nom de Premier ministre du Nouveau Front Populaire lui facilitent la tâche. Il faut y mettre un terme. En l’absence de majorité absolue pour la gauche, les débats en cours sur la personne qui doit occuper Matignon montrent que deux options se présentent aujourd’hui. Prioriser l’application du programme, notamment par décrets, quitte à ce qu’un tel gouvernement ne dure pas très longtemps et soit vite censuré. Ou, comme le souhaitent certain·es au PS, prioriser une alliance avec des député·es issu·es de la Macronie, dans l’idée de stabiliser un gouvernement.

Pour la Gauche écosocialiste, il est essentiel que le NFP fasse la preuve de son utilité en tenant ses promesses, et en particulier l’abrogation de la réforme des retraites, le blocage des prix des produits de première nécessité et le SMIC à 1 600 € net. Ces mesures populaires peuvent passer. Elles amélioreraient alors la vie de millions de travailleurs et travailleuses mais montreraient aussi l’utilité de la lutte sociale, en prolongeant l’immense mobilisation menée l’an passé par l’intersyndicale. Dans le cas contraire, c’est-à-dire avec un RN participant à une motion de censure contre leur application, nous aurions l’occasion de faire une démonstration politique à échelle de masse de l’imposture sociale que représente la droite fascisée.

Il est peu probable que les député·es macronistes laissent passer cette politique, mais ce sera à eux ou aux député·es RN de prendre la responsabilité d’une motion de censure. Sur cette base, il faut proposer vite un nom de Premier ministre. Si les négociations entre responsables de partis sont bloquées, ouvrons la délibération aux député·es. Le Nouveau Front Populaire doit avancer comme un bloc. Le Premier ministre du Nouveau Front Populaire doit rassembler le NFP, et avoir un profil en rupture avec le macronisme. Si être membre d’une des composantes est un point de blocage, il faut trouver une personnalité extérieure, à laquelle toutes les composantes font confiance pour appliquer notre programme.

L’idée d’avoir le programme du NFP seulement comme « point de départ » de l’action gouvernementale est un mauvais signal, qui laisse suggérer que nous renonçons. La gestion du désordre libéral, sans changement concret dans la vie de millions de personnes, permettrait peut-être, il est vrai, un gouvernement avec une durée de vie plus longue. À terme, elle ne reviendrait cependant qu’à asseoir toujours plus l’hégémonie d’un RN qui est perçu comme seul à même de renverser la table. Gouverner pour changer la vie, pas pour gérer les affaires de la bourgeoisie, est la seule perspective porteuse d’espoir. Mais rappelons que cela ne sera pas non plus possible sans une mobilisation massive du mouvement social.

Communiqué de la GES