En cette troisième décennie du siècle, les périls menaçant l’humanité s’accumulent et une alternative globale est plus que jamais nécessaire. Les effets délétères du réchauffement climatique sont là : canicules, sécheresses, mégas feux de forêts et inondations catastrophiques (notamment récemment au Pakistan). La montée des eaux issues de la fonte des glaciers du Groënland et de l’Antarctique devient un risque de plus en plus concret. La réduction très rapide de la biodiversité, la multiplication des pollutions de toutes sortes, l’épuisement des ressources naturelles et des sols, se poursuivent, malgré les déclarations lénifiantes de la plupart des gouvernements. Cette situation marque un pallier dans la civilisation humaine et la possibilité d’un effondrement systémique à l’échelle planétaire n’est plus exclue.
L’instabilité s’accroît et le monde est traversé de dynamiques contradictoires qui appellent le réveil des solidarités internationalistes. L’agression de l’Ukraine par la Russie a ramené la guerre au cœur du continent européen. Malgré la répression en Iran, de larges secteurs de la population – se solidarisant de la lutte des femmes contre les oppressions qu’elles subissent -continuent à manifester pour les exigences démocratiques et le renversement du pouvoir de la république Islamique.
Les conditions de la lutte féministe se sont radicalement transformées depuis le mouvement #Metoo, qui a lancé une nouvelle vague féministe plus internationale encore que les précédentes et dans laquelle la jeunesse joue un rôle de premier plan. Mais, à bien des égards, malgré la puissance révolutionnaire de ces mobilisations, la domination patriarcale résiste et réagit dans de nombreux domaines, comme en témoignent la persistance des violences faites aux femmes, les disparités salariales ou les atteintes au droit à l’avortement, voire sa mise en cause en profondeur comme aux Etats-Unis.
Face à ces crises multiples, le capitalisme mondialisé s’avère incapable d’offrir un avenir désirable à la grande majorité de l’humanité : montée des inégalités de revenu et de pouvoir, destruction accélérée des écosystèmes, flambée du racisme et de toutes les formes de discrimination, domination accrue des multinationales et des oligopoles (les GAFAM), impérialisme , restriction des droits et libertés au profit d’un libéralisme de plus en plus autoritaire, etc. Au total, il se montre incapable de surmonter les crises qu’il a lui-même engendré.
Dans ce contexte, l’urgence d’une nouvelle synthèse entre tous les combats, dans une perspective d’émancipation renouvelée et enrichie, s’impose à nous. Il nous faut un projet combinant une écologie populaire de rupture et une perspective socialiste actualisée pour être à la hauteur des défis contemporains. C’est ce qu’exprime la référence à l’écosocialisme au cœur de notre projet.
Répondre aux enjeux posés par les multiples dimensions de la crise systémique suppose un nouveau paradigme politique ainsi qu’une force capable de le porter. Un tel cadre d’organisation œuvrera à un renouveau des mobilisations et du lien entre les forces de rupture avec le système, combinant la relance des luttes sociales de résistance et l’émergence de formes nouvelles de mobilisation et de coalition, notamment sur les terrains écologiques, antiracistes et féministes. La transformation sociale et politique exige un haut niveau d’intervention populaire et la mise en mouvement continue de toutes les luttes dans leur diversité. Les initiatives prises entre autres par l’ensemble des organisations syndicales pour s’opposer au projet antidémocratique du gouvernement sur les retraites et la massivité des manifestations montrent que la combattivité sociale reste bien présente dans notre pays.
En France, le premier tour de l’élection présidentielle a créé une situation inédite. Le score de J.L. Mélenchon et la décision prise ensuite de construire un rassemblement de la gauche et des écologistes pour les législatives ont bouleversé le paysage politique. Nous avons désormais la possibilité historique de refonder durablement un espace large de la gauche de transformation sociale, avec comme centre de gravité un pôle de rupture avec le néolibéralisme.
Dans cette perspective, la FI et l’Union Populaire constituent incontestablement la force politique dans laquelle il est nécessaire d’être présent.es et d’intervenir. Cela alors que bien des débats restent ouverts et bien des incertitudes demeurent, avec par exemple la résistance d’un haut niveau d’abstention, le poids de l’extrême-droite et la reconstruction du lien avec les classes populaires, qui passe aussi par leur représentation au sein des organisations. Or, la FI se trouve confrontée au défi d’une démocratisation interne et à la crise déclenchée par la volonté de réintégrer rapidement A. Quatennens dans le groupe parlementaire. Sur ces deux questions, des avancées sont indispensables. Qu’il s’agisse du respect du pluralisme et de la mise en place d’un système permettant aux adhérent.es de délibérer et de définir l’orientation du mouvement, d’élire ses structures d’animation et de désigner leurs représentant.es. Ou de la nécessité d’appliquer en interne les principes féministes dont la FI se réclame et de faire progresser globalement le mouvement sur cette question essentielle.
« La puissante mobilisation contre la contre-réforme des retraites engagée par le gouvernement Macron, pose de manière plus aigüe encore la question d’une alternative politique majoritaire face au gouvernement Macron. Le coup très grave porté à la démocratie et le cours régressif qu’elle vise à imposer à la société française sur le plan social nous placent à un tournant et renforcent la nécessité d’une majorité politique de rupture avec le capitalisme néolibéral et le productivisme articulée au mouvement social.«
Notre conviction est que la fondation et le développement d’une nouvelle force écosocialiste sont essentiels pour porter en France une perspective de transformation radicale et anticapitaliste de la société. S’attaquant à la racine des problèmes, elle aurait pour horizon une société libérée de l’exploitation et de toutes les oppressions. Elle viserait une révolution démocratique à la fois de l’organisation politique et des formes de propriété, des modes de production et des modes de consommation. Cette nouvelle force politique doit être écologique, socialiste, féministe, antiraciste et internationaliste. Elle mettrait en œuvre une stratégie s’appuyant à la fois sur les conquêtes électorales, les pratiques alternatives et les luttes et mobilisations sociales et citoyennes. Elle défendrait l’autogestion et l’auto-organisation des salariés et des citoyen.nes.
Nous lançons donc un appel à un processus de fondation en mai 2023 de cette nouvelle force ouverte à tou.tes les militant.es et organisations qui partagent avec nous cet horizon et souhaiteraient être partie prenante ou soutenir sa concrétisation.
Christophe Aguiton, sociologue, militant altermondialiste
Emmanuel Arvois, syndicaliste
Evelyne Becker, CGT Goodyear, conseillère municipale
Mohammed Bensaada, militant des quartiers populaires
Robert Bret, ancien sénateur
Silvia Capanema historienne, conseillère départementale de Seine Saint Denis
Pierre-Paul Danna, universitaire, ancien maire
Hendrik Davi, député
Laurence De Cock, historienne
Cédric Durand, économiste
Fanny Gallot, historienne
Bertrand Geay, sociologue de l’éducation, militant de l’accueil des migrants et de l’association Raisons d’agir
Pierre-François Grond, enseignant
Janette Habel, politologue
Ingrid Hayes, historienne
Hugo Harari-Kermadec, sociologue et économiste
Samuel Johsua, ancien élu des quartiers populaires de Marseille, professeur émérite en sciences de l’éducation
Emmanuelle Johsua, syndicaliste
Razmig Keucheyan, sociologue
Geneviève Legay, militante altermondialiste
Jean-Pierre Lemaire, militant écologiste
Elise Lowy, militante écologiste
Michael Löwy, sociologue, militant écosocialiste
Myriam Martin, ancienne élue régionale (Occitanie), syndicaliste
Marianne Maximi, députée
Etienne Pénissat, sociologue
Delphine Petit, enseignante et militante associative
Fanny Puel, conseillère municipale à Tours
Michel Sala, député
Claire Schweitzer, conseillère municipale et Régionale Angers Pays de la Loire
Laurent Sorel, militant antiraciste, conseiller de Paris
Valérie Soumaille, ex candidate LFI NUPES aux législatives 2022 à Poitiers
Alexis Vernier, conseiller municipal et métropolitain de Sotteville-lès-Rouen
Malika Zediri, militante pour les droits des chômeurs