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Mobilisation et grève le 14 août à la Protection Judiciaire de la jeunesse (PJJ)

500 postes de contractuels supprimés en plein été !

Tous les étés à la PJJ, les postes de contractuels sont en jeu.

Sur 9232 agents de la PJJ, 2000 sont des personnels contractuels soit plus de 20 % des personnels ce qui représente 7 % de la masse salariale.

Touchée par le décret de février 2024 concernant le budget de l’État et la baisse des dotations générale des services de l’Etat, la protection judiciaire de la jeunesse devait économiser 1,6 à 1,8 millions d’euros.

La directrice de la PJJ a fait le choix de supprimer 500 postes de contractuels, ceci dans une opacité  totale sur les postes concernés et dans une désorganisation totale entre les différents échelons hiérarchiques.

Le contexte de baisse des dotations budgétaires à l’œuvre dans la fonction publique fragilisait déjà les services ( hébergements , milieux ouverts, services d’insertion…). Cette situation, combinée avec la réforme de la justice des mineurs en 2021 qui a abrogé l’ordonnance du 2 février 45 et l’a remplacée par le code pénal de mineurs, rompant avec la prééminence de l’éducation sur la répression, ressemble à un démantèlement du service public de la protection judiciaire de la jeunesse.

Une intersyndicale réunissant SNPES-PJJ/FSU, CGT PJJ, UNSA et CFDT Interco a dénoncé, suite à une audience avec la directrice de la PJJ le 31 juillet, ce plan social confirmé par cette dernière et a appelé et organisé la mobilisation.

Finalement reçu par le cabinet du ministre de la justice le 6 août , l’intersyndicale a obtenu le déblocage de 3 millions d’euros issus de la réserve budgétaire de la PJJ. Ceci constitue une avancée réelle  mais la rigueur  budgétaire demeure !  Les contrats renouvelés concerneront les personnels contractuels qui ont eu une promesse d’embauche écrite, ceux qui ont signé un contrat et ceux qui n’ont pas bénéficié du délai de prévenance légale ( un mois pour un contrat antérieur de plus de 6 mois). Cette rallonge budgétaire ne permettra pas l’embauche de celles et ceux qui ont été averti-es de leur non renouvellement. Le ministère de la justice a aussi annoncé une inspection de la direction de la PJJ concernant l’emploi des  agentscontractuels.

La grève, ce mercredi 14 août, à l’appel de l’intersyndical a occasionné des fermetures de service, et des rassemblement ont eu lieu devant le tribunaux de plusieurs villes dans différentes régions ( Limoges, Béthune, Amiens, Beauvais, Annecy, Strasbourg etc…). Pour l’Île-de-France le rassemblement s’est tenu devant la direction de la PJJ. Reçue par la directrice de la PJJ, la délégation de l’intersyndicale a annoncé que la mobilisation se poursuivait, notamment avec des initiatives prises à la rentrée. Le préavis de grève reconductible à compter du 14 août déposé en juillet a été maintenu par le SNPES-PJJ/FSU et la CGT pour permettre aux équipes qui le souhaitent de se mettre en grève avant la rentrée.

Cette grève, la veille du 15 août  a montré la détermination des personnels à ne pas laisser faire ce plan social. Ces suppressions de postes vont provoquer dans les services de milieu ouvert une rupture du travail éducatif avec des jeunes suivis par des éducateurs-trices, psychologues et assistants-es de service social et une augmentation de listes d’attente des jeunes. Cela compromet l’avenir de ces enfants et adolescents confiés par le juge des enfants à la PJJ. Un éducateur-trice prend déjà 25 jeunes en charge en milieu ouvert et il n’est pas question d’augmenter cette norme à moins de transformer les éducateurs-trices en conseiller-ères d’insertion et de probation.

Depuis la promulgation du code pénal de mineurs en 2021, ayant mis notamment en place une audience de sanction automatique après 9 mois de la prise de décision d’un suivi éducatif, il y a une  forte augmentation de l’incarcération des mineurs. L’ouverture des centres fermés a renforcé la pénalisation des mineurs en lieu et place de l’accompagnement éducatif.

Les services de la PJJ  connaissaient déjà des difficultés dûes au changement d’orientation et au manque de personnels. Dans ce contexte, les personnels contractuels sont une variable d’ajustement permanente, instaurant une précarité tant pour ces personnels que pour les services et les enfants et adolescents pris en charge. Beaucoup de personnels se posent la question du sens de leur mission après ce changement d’orientation et une logique budgétaire faisant fi de l’intérêt des jeunes confiés.

Les discours sécuritaires du premier ministre démissionnaire évoquant notamment le « péril jeune »  fait craindre le démantèlement  de la PJJ.

La mobilisation à la PJJ va continuer à la rentrée et nous devons les soutenir.

Anne Leclerc