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Toutes les vies comptent, toutes sans exceptions. 

Depuis presque 20 ans, je suis une militante engagée pour la cause palestinienne. Toutes ces années je me suis documentée, j’ai rencontré des militant•es de valeurs, notamment des membres de l’AFPS 63 qui m’ont fait découvrir ce qu’est concrètement la « résistance palestinienne », celles des syndicalistes, des paysan•nes, des étudiant•es, ou encore celle de la coopérative Al Sanabel. Toutes ces femmes et ces hommes qui au quotidien résistent à la colonisation et à l’apartheid (en montant des syndicats pour gagner des droits dans leur usine, en produisant de quoi nourrir la population sans enrichir l’occupant, en étudiant pour servir au mieux leur peuple plus tard). J’ai pris le temps de comprendre ce conflit inégal avec d’un côté un état oppresseur et de l’autre des territoires opprimés, ce conflit parfois armé entre l’armée la plus puissante du monde et des branches armées d’organisations diverses et désunies, voire qui s’opposent.
J’ai grandi politiquement en même temps que le blocus de Gaza se renforçait. « Plomb durci » puis la guerre de 2014 et ses rassemblements massifs à Clermont-Fd. J’ai cherché à comprendre ce que ça voulait dire vivre à Gaza au quotidien, subir une punition collective condamnée par le droit international, sur une toute petite bande de terre avec une des plus fortes densités de population au monde, une prison à ciel ouvert face à la mer, avec un accès à l’eau restreint, un taux de chômage à 80% et où près de 5000 personnes sont mortes depuis 2007, dans le silence assourdissant de la communauté internationale. Une jeunesse enfermée, sans perspective de paix, avec pour interlocuteur unique le Hamas, qui dirige de facto la bande de Gaza.
S’intéresser à la Palestine, c’est aussi suivre la politique israélienne. C’est voir l’impasse de celle-ci pour les Israéliens et pour la paix. Aujourd’hui, cette politique israélienne d’extrême-droite, qualifiée « d’imbécile » par l’ancien ambassadeur israélien à Paris Eli Barnavi, est avant tout celle d’un premier ministre isolé, allié aux partis ultra-orthodoxes et racistes, et qui fait face à de puissantes mobilisations populaires réunissant arabes et juifs. Cette politique, c’est celle qui promeut des colonies illégales et contraires au droit international (comme rappelé par le Conseil de sécurité de l’ONU en février 2023, quant face à l’évidence et à la gravité de ces actes de colonisation, même les Etats-Unis, pourtant allié d’Israël, avaient renoncé à leur droit de veto.) Engagé dans une désastreuse fuite en avant, Netanyahu est à la tête d’un gouvernement dont le ministre de la Défense associe les Palestiniens à des “animaux humains”, une déshumanisation qui doit nous faire craindre le pire, et agir en conséquence.
En pratiquement 20 ans, j’ai participé, humblement, à de nombreuses actions pour sensibiliser mes concitoyens, pour amener nos gouvernements successifs à renouer avec les positions historiques de la France, celle du droit international, celle de la diplomatie, celles de Charles De Gaulle ou même de Chirac ! Alors quand je lis les communiqués de France diplomatie parus hier, et que je constate que le mot « paix » n’apparait même pas, je suis très inquiète des renoncements complices de mon pays. Face à ce nouveau cycle de violences dont les populations israéliennes comme palestiniennes seront les premières victimes, la France devrait exiger le respect de la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies, celle qui en 2016 appelait au respect de la frontière telle que définie par le droit international depuis 1967. Il devrait être également du rôle de la France d’intervenir de toute urgence au Conseil de sécurité de l’ONU, en tant que membre permanent, pour travailler à un cessez-le-feu.
Les instrumentalisations et les vaines polémiques doivent cesser : nous n’avons jamais réclamé autre chose que la primauté du droit international, garant de la dignité des peuples et de la vie humaine.
Militer depuis toutes ces années pour la Palestine me permet de condamner des exactions commises par le Hamas. Ce sont des crimes de guerre et le Hamas en est responsable. Ce contexte de violences permanentes doit nous éclairer sur les proportions que pourrait prendre l’escalade militaire, particulièrement pour les Gazaouis, et ses conséquences sur une radicalisation encore plus grande des opinions qui ne ferait qu’éloigner encore toute perspective de paix, et de solution politique.
Depuis samedi, je suis comme tout le monde, bouleversée par la violence qui s’est abattue sur des centaines de civils israéliens, des femmes, des enfants, des jeunes qui s’amusent.
Depuis samedi soir, je suis bouleversée et inquiète de la violence qui s’abat sur des centaines de civils palestiniens, des femmes, des enfants, des anciens et qui va continuer de s’abattre, de plus en plus violemment, sur Gaza.
Depuis hier, je suis en colère de l’instrumentalisation que fait le gouvernement, la première ministre, la macronie… Oser se servir de ces exactions pour taper sur la France Insoumise est indigne ! Minable au regard de la gravité des enjeux sur tout le Moyen-Orient.
J’ai honte pour celles et ceux qui ont l’indignation à géométrie variable et toutes celles et ceux qui semblent découvrir la violence permanente et inégale du conflit israélo-palestinien.
Toutes les vies comptent, voilà quel devrait être le point de départ de la discussion politique si elle veut contribuer à éviter le pire, pour revenir sur un chemin de paix, de justice et de dignité partagée.
Marianne Maximi, députée LFI-NUPES du 63