La décision du gouvernement allemand de créer des camps d’internement pour réfugiés à la frontière avec l’Autriche doit susciter l’opposition résolue de tous les défenseurs des droits humains. Pour rester au pouvoir, Angela Merkel a cédé à la pression de ses alliés historiques et de l’extrême-droite. La presse internationale excuse la décision par la nécessité d’« éviter une crise politique ». Le status quo européen et l’extrême-droite xénophobe se complètent mutuellement dans la définition de la politique européenne.
Les décisions du dernier Conseil Européen sont conformes à ce cours d’attentat contre les droits humains et constituent une défaite de la politique d’accueil solidaire. L’UE a cédé sur les quotas obligatoires dans la répartition des réfugiés, l’accueil devient volontaire et on prévoit même la création de camps de détention et de réorientation des immigrants. On a renforcé la honteuse politique de payer les États-murs pour faire barrage aux réfugiés, y compris la Lybie et la Turquie, états où les réfugiés ne peuvent rien espérer d’autre que le chaos et la répression que précisément ils sont en train d’essayer de fuir.
Ce Conseil Européen se solde par l’aggravation de la catastrophe humanitaire avec la complicité des institutions européennes. Les mêmes institutions qu’on voit prêtes à écraser des pays pour des dixièmes de pourcentage de déficit, au nom des traités européens, mettent le droit international et la déclaration des droits de l’Homme entre parenthèses et se font totalement complices des politiques xénophobes.
Le Conseil Européen a laissé tomber la cohésion et fait un pas de plus vers la militarisation de l’Europe. Les choix en matière de migrations, tout comme l’abandon des politiques de cohésion reflètent la subordination de toute la politique européenne à la militarisation et au contrôle policier, avec de nouvelles avancées dans la Coopération Structurée Permanente et l’investissement renforcé dans l’OTAN. Ces choix sont justifiés une rhétorique identique à celle de l’extrême-droite et sans faits précis pour les justifier. Dans le discours officiel sont répétés des éléments d’intoxication de l’opinion publique sur la crise migratoire, se référant à une prétendue invasion et insinuant qu’il y aurait des éléments en relation avec des terroristes. La vérité est que le flux d’arrivées s’est réduit de 95 % depuis 2015, et même des responsables de l’agence Frontex ont démenti ces insinuations.
L’euro reste otage des intérêts du centre économique et de l’Allemagne en particulier. Le Conseil Européen qu’on avait annoncé comme celui de la réforme de la monnaie unique s’est réduit à une absence totale de débat sur l’euro et même les timides mesures relatives au secteur financier n’ont pas avancé. La responsabilité solidaire envers les déposants reste le pilier oublié à dessein de l’Union Bancaire, en même temps qu’on avance avec un succédané basé sur le Mécanisme Européen de Stabilité, suscitant le spectre de nouveaux sauvetages quand la BCE annonce son recul vis-à-vis de la politique de stimulation. On a également reporté une fois de plus la question du Budget de la zone Euro. Particulièrement grave est l’incapacité à entreprendre la moindre réforme significative, si elle ne correspond pas à la logique punitive à l’égard des États déficitaires, dans un contexte où le budget communautaire réduit les politiques de cohésion, et met ainsi une pression supplémentaire sur les économies retardataires.
L’annonce de la « sortie du plan de sauvetage » de la Grèce ne peut masquer la tragédie que l’Union Européenne continue à imposer au peuple grec. Depuis la crise financière, la dette publique grecque est passée de 103 % du PIB à 178 %. En même temps, les salaires et les pensions ont été fortement abaissés, les droits des travailleurs et les services publics démantelés, les secteurs stratégiques de l’économie privatisés.
Le gouvernement portugais n’a pas pris la moindre distance vis-à-vis des décisions du Conseil Européen. Mário Centeno a justifié l’absence de mécanismes de solidarité dans l’espace de l’euro par les « risques moraux », en repétant un cliché qui rejette sur les pays du sud la culpabilité de la crise financière. Et António Costa n’a pas utilisé le droit de veto du Portugal pour faire barrage à la résolution sur les migrations, préférant nier toute valeur à son contenu et le qualifiant de « vide ». Il y a même eu une tentative de blanchissement des décisions du Conseil, en les associant aux propositions de l’ONU et de l’ACNUR de créer des hot spots, points de passage sécurisés vers l’Europe pour les réfugiés des pays en conflit. En réalité, pas le moindre « point de passage sécurisé » n’a été créé. La proposition par l’UE de « camps de triage », n’est rien d’autre qu’un euphémisme pour l’installation de camps de concentration en dehors de l’espace européen. Le discours de défense des droits humains et de disponibilité à l’accueil du gouvernement portugais est démenti par l’alignement sur la politique xénophobe européenne et contredit par la pratique des autorités portugaises vis-à-vis des immigrés et réfugiés sur le territoire national.
À la veille de la réunion du Conseil, à Bruxelles, s’est tenue une réunion de la plateforme « Maintenant, le Peuple » qui compte déjà des forces politiques dans six pays européens. Au Bloco de Esquerda, à Podemos et à la France Insoumise se sont joints l’Alliance Rouge-Verte du Danemark, le Parti de Gauche de la Suède et l’Alliance de Gauche de la Finlande. A été réaffirmée l’opposition à la proposition du Conseil de créer des camps de migrants hors de l’UE et signée la Déclaration de Bruxelles, qui défend une rupture avec les traités européens au nom d’une nouvelle coopération européenne, juste et d’égal à égal, fondée sur la solidarité et la démocratie, et respectant la souveraineté et l’intérêt des peuples.
Le gouvernement tente de vider de son contenu l’accord pour limiter la précarité. Depuis deux ans le Bloco a négocié avec le gouvernement des modifications du code du travail pour combattre la précarité : fin de la possibilité de recruter des jeunes en recherche de premier emploi ou des chômeurs de longue durée en cdd sur des postes de travail permanent, nouvelles limitations à la durée des cdd et au recours au travail temporaire. Le gouvernement avait aussi pris l’engagement de mettre fin au compte d’heures individualisé. Cependant, et sans avoir prévenu à l’avance, il a présenté aux partenaires sociaux un paquet législatif qui inclut aussi des mesures qui vont en sens inverse de l’accord conclu : allongement de la période d’essai pour les jeunes s en recherche de premier emploi ou les chômeurs de longue durée et des contrats de courte durée (contrats verbaux), création d’une nouvelle mouture de compte d’heures échappant aux conventions collectives. La mesure d’augmentation de la TSU pour les entreprises à fort taux de turn-over, qui figurait dans le programme du gouvernement, connaît maintenant tellement d’exceptions qu’elle sera pratiquement sans effet. L’accord signé avec les confédérations patronales et l’UGT atténue les effets des mesures ayant fait accord avec la gauche pour combattre la précarité, revient à créer de nouvelles formes de précarité et laisse intacts les baisses imposées par la troïka sur le paiement des heures supplémentaires ou les indemnités de licenciement. Le Bloco s’oppose à ces mesures et au Parlement il manifestera son opposition et se battra pour leur annulation.
En ce qui concerne la lutte contre la précarité dans le secteur public, le gouvernement est en train d’échouer. La loi prévoyait le rattachement des travailleurs/euses précaires des entreprises publiques jusqu’au 31 mai — ce qui n’a pas eu lieu. Dans l’administration centrale et la locale, le retard est la règle. S’y ajoute le nombre de décisions, à la limite de la légalité, de refus de traiter les demandes (particulièrement graves dans les universités) ou de limitation du nombre de postes aux concours de recrutement (comme dans le cas de l’IEFP). Le Bloco de Esquerda ne votera aucune mesure créant de la précarité dans le monde du travail et n’abandonne ni les propositions qui avaient fait l’accord initial de modification du code du travail ni la conclusion du PREVPAP, prévoyant le nécessaire rattachement des travailleurs/euses. Nous serons aux côtés des travailleurs/euses précaires qui contestent les retards et des entraves au PREVPAP et qui exigent son respect et sa mise en œuvre.
Le gouvernement doit reprendre les négociations avec les professeurs sur le déblocage des carrières et mettre en œuvre ce qui avait été décidé dans le budget de l’État pour 2018. Le gouvernement a tenté de rouvrir dans le débat budgétaire pour 2019 le débat sur les décisions prises il y a un an, pour le déblocage des carrières des enseignantes et des autres, avec une progression à l’ancienneté. La seule chose qui était restée en suspens était le phasage des effets du déblocage, et nullement le décompte de l’ancienneté de service. Le Bloco n’acceptera aucun recul par rapport à ce qui a été décidé et légiféré.
Sauver le SNS (la Santé Publique) est l’engagement du Bloco. Le renvoi sans vote en commission de la Loi Fondamentale sur la Santé proposée par Arnaut et Semedo a empêché le PS de la faire capoter par son abstention et garde ouvert un vaste front de conflit politique contre la privatisation de la santé. Le Bloco s’engagera dans les espaces de convergence pour réunir les forces pour le renforcement du SNS.
Le Bloco de Esquerda fait campagne pour mettre fin aux expulsions. Dans le processus de révision de la législation pour garantir une meilleure protection aux locataires, nous avons affaire à ce qui reste du gouvernement CDS. À la suite de la libéralisation sociale qui a découlé de la loi sur les loyers de Assunção Cristas et de celle sur le logement local de Adolfo Mesquita Nunes qui touchent les personnes aux revenus faibles ou moyens, le Bloco de Esquerda a proposé un moratoire garantissant la protection de toutes et tous les locataires de manière à empêcher les expulsions qu’on subit dans les villes soumises à la pression de la spéculation immobilière. Le Parti Socialiste a fait un pas vers le Bloco de Esquerda quant à la nécessité du moratoire, mais il a présenté un projet à l’ampleur insuffisante. Avec le report à septembre des amendements qui protègent les locataires, les gens sont encore exposées à la mauvaise foi et aux illégalités de propriétaires et de fonds d’investissement qui harcèlent les habitants. Dans les initiatives que nous avons menées au niveau national, les habitant/es témoignent des situations auxquelles ils/elles sont confronté/es et dans leur majorité leur cas n’est pas inclus dans le moratoire adopté au parlement. Nombre de familles et de petits commerçants sont en voie d’expulsion et sous pression pour quitter leur foyer avant la fin du processus de modification de la loi, sans avoir la moindre alternative. Il ne suffit pas de légiférer pour l’avenir ; c’est maintenant qu’il faut protéger ces personnes. Suspendre les expulsions pour toutes et tous jusqu’à l’adoption de la nouvelle loi sur les loyers, c’est essentiel pour enrayer la tragédie sociale dans le domaine du logement.
Le Bloco rejette l’accord entre le PSD et le gouvernement sur la décentralisation des compétences. Le Bloco de Esquerda est favorable au principe de subsidiarité et à une décentralisation effective des compétences vers les collectivités locales — freguesias, municipalités et régions, des organes élus directement par les populations. Une décentralisation sérieuse doit passer par la régionalisation, comme facteur de participation et de décision démocratique des populations, de combat contre le centralisme et les inégalités par la cohésion territoriale. L’accord PSD/gouvernement cherche à mettre définitivement à l’écart tout projet de création de régions administratives à l’avenir, il va renforcer des organes sans légitimité démocratique, comme les CIM et les CCDR, et conduira à la municipalisation de services sociaux fondamentaux de portée universelle, comme l’éducation, la santé, la culture et d’autres encore. Face à un tel élargissement de leurs compétences, nombre de collectivités locales à l’échelle, aux ressources et aux moyens réduits, vont concéder ces services au privé, ce qui mènera à leur dégradation. D’un autre côté, la nouvelle loi sur les finances locales, négociée entre le PS, le gouvernement et le PSD, et qui va créer le fonds de financement de la décentralisation, va contribuer à accroître les inégalités locales et régionales. Le Bloco de Esquerda rejette énergiquement et frontalement cet accord de régime typique du bloc central entre PS et PSD, se battra pour la mise en place d’une vértitable décentralisation des compétences.
Le Bloco contre l’exploitation des hydrocarbures au Portugal. Des faibles arguments qui ont servi à faciliter le maintien des concessions en vigueur et l’avancée vers la prospection de pétrole, ressort la claire intention politique du gouvernement du Parti Socialiste de ne pas empêcher l’exploitation du pétrole et du gaz au Portugal. Le Bloco a tout fait et fera tout pour l’empêcher. Les populations de l’Algarve et de l’Alentejo se mobilisent et aiguisent les conflits entre les municipalités et le gouvernement. Récemment, la gouvernement a vu un tribunal rejeter l’ « intérêt public » qu’il avait invoqué pour protéger les projets de forage de la Galp à Aljezur. Moyennant quoi l’Agence Portugaise de l’Environnement, qui avait exempté ce forage d’étude d’impact environnemental, ne peut recourir à un tel expédient dans le cas d’Aljubarrota. Quels que soient à l’avenir les résultats d’éventuelles prospections, le Bloco fera tout pour que le Portugal n’entre pas dans la troisième décennie du XXIème siècle en inaugurant l’exploitation de combustibles fossiles dont l’humanité doit se libérer dès que possible.
Du 25 au 30 juillet a lieu le 15ème Camp de la Liberté, une initiative des jeunes du Bloco de Esquerda, qui cette année aura lieu pour la première fois à Castelo do Bode. Le Camp de la Liberté est un moment annuel de mobilisation et de débat politique tourné vers les jeunes, ouvert aux militant/es et sympathisant/es, permettant l’approfondissement de certains sujets et le lancement d’autres dans le débat public. Les organisations régionales et locales du Bloco collaborent à la mobilisation pour cette rencontre.
Le Forum Socialisme, espace de débat et de confrontation d’idées à gauche, a lieu à Leiria les 1er et 2 septembre. C’est un important moment de mobilisation et de formation pour le parti, où le Bloco s’ouvre à la contribution d’activistes et de spécialistes des questions les plus variées. À l’ouverture et à la clôture, la direction du Bloco fait le point sur la situation politique.
Les 15 et 16 septembre, le Bloco de Esquerda tiendra une rencontre féministe nationale, qui aura lieu à Almada, dans le district de Setúbal. Avec le soutien des coordinatrices locales, le Bloco s’engagera pour que ce soit un point de rencontre important pour les militantes, activistes, organisations et mouvements sociaux, une occasion de penser ensemble et joindre les forces pour tous les combats de la lutte féministe et anticapitaliste, en construisant solidairement un camp d’insoumission aux agendas machistes et conservateurs.
Traduction J.J. Mesguen.