Si en 2017 le candidat Macron avait pu tromper son monde en se présentant comme le candidat d’un monde nouveau, transcendant la gauche et la droite, le président-candidat de 2022 ne peut plus en dire autant.
Depuis son intervention dans un long monologue empreint d’autosatisfaction sur son propre bilan, le 17 mars dernier, le président Emmanuel Macron a précisé les grandes orientations de son programme. Sans grande surprise, celui-ci est libéral, anti-social voire réactionnaire par certains aspects. Et une fois de plus, Macron a fait la démonstration de son positionnement bien à droite sur l’échiquier politique. Mais si son projet ne doit pas nous surprendre, il peut nous inquiéter au vu des annonces faites.
Dans la continuité du précédent quinquennat
D’entrée de jeu, une des mesures phares mises en avant, c’est l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Si en 2017, Macron n’avait pas annoncé la couleur sur ce sujet, il n’hésite pas cette fois-ci : l’âge de la retraite devra reculer jusqu’à 65 ans, le candidat Macron conditionne ses orientations politiques à cette mesure. « Les économies » ainsi réalisées « grâce » au recul de l’âge de la retraite, lui permettrait « de récupérer » 50 milliards d’euros. Outre que les retraites ne sont pas payées sur le budget de l’Etat, mais par nos cotisations sociales, cette mesure injuste, et contestée comme l’a été la tentative de réforme de la retraite, est reprise autant par les libéraux que par l’extrême droite. A l’envers de ce qu’est le sens du progrès humain et social, il s’agit sans cesse de faire croire que prendre sa retraite à 65 serait normal dans la mesure où nous vivrions plus longtemps. Or il n’en est rien, surtout si l’on est ouvrier·e et employé·e, profiter de sa retraite en bonne santé ne dure que peu de temps. Aujourd’hui, l’espérance de vie stagne et ce depuis que la durée du temps de travail s’est allongée.
Mais Macron veut imposer sa vision d’une société libérale dans laquelle les droits sociaux et de solidarité intergénérationnelle doivent disparaître, surtout ces droits sociaux issus du conseil national de la résistance, pour être remplacés par des logiques de compétition et de chacun pour soi.
Régressions sociales à tous les étages
Dans la continuité de l’idéologie libérale de Macron et des possédants qu’il représente, les plus fragiles sont montré·es du doigt et la chasse aux pauvres se poursuit. C’est ainsi que le président propose sans rire de faire travailler 15 à 20 heures par semaine les bénéficiaires du RSA ! Macron justifie cette mesure au nom « de la part d’efforts » qu’auraient à fournir ceux et celles présentés souvent comme des assisté·es, et qui seraient payé·es en deçà du salaire minimum !
Comme la droite avant lui et les libéraux en général, il s’est agi tout au long de la mandature de cibler sans cesse les plus démuni·es : les minima sociaux coûteraient « un pognon de dingue », il suffirait de « traverser la rue pour trouver un travail », des propos qui se sont accompagnées de décisions profondément injustes et inégalitaires, avec par exemple la diminution de l’APL (Allocation Personnalisée au Logement) ou la réforme de l’assurance chômage moins favorable aux chômeurs-ses. C’est pourtant ces allocations chômage qui sont encore visées dans le projet macroniste pour les 5 années à venir.
Mais le président candidat va encore plus loin. Rebaptiser Pôle emploi en « France travail », n’a rien d’anodin. D’ailleurs il le dit lui même, « c’est un changement profond ». En effet, le mot emploi ne recouvre pas la même chose que le mot travail : le mot emploi ouvre sur des droits, le fait d’être rémunéré pour subvenir à ses besoins, le fait d’avoir une activité encadrée par la loi. Le mot travail est plus vague, on peut travailler pour autrui, quelques heures par semaine. Utiliser le mot travail à la place du terme emploi n’est donc pas neutre, cela signifie qu’il faut travailler et ne pas se reposer sur ses lauriers ou ses minima sociaux ! Et tant pis si ce travail est précaire, sous payé ou ne correspond pas aux diplômes ou à l’expérience acquise. Il faut pour Macron « rétablir la valeur travail » comme le scandent les réactionnaires, plutôt que de promouvoir le droit à un emploi pour tous et toutes.
L’école et les enseignant·es au pilori
Le candidat Macron n’est pas en reste non plus en ce qui concerne l’école. Quand il s’agit de stigmatiser les enseignant·es, le président vaut son ministre de l’éducation, Blanquer. Comme dans une logique de surenchère avec ce dernier, Macron a eu de cesse ces dernières semaines de taper sur les profs, qui doivent être « méritant·es » s’ils·elles veulent des augmentations. On ne va tout de même pas payer plus « des enseignant·es qui ne font pas d’efforts » ! Cette antienne n’est pas nouvelle, elle correspond à la fois à celle de Sarkozy (« travailler plus pour gagner plus ») et à celles des libéraux sur les enseignant·es et les fonctionnaires en général. Mais il est vrai que le prof bashing va de pair avec une offensive contre l’école républicaine tous azimut. On en a eu un avant goût avec Blanquer ces cinq dernières années. Visiblement, Macron veut aller plus loin : il annonce l’autonomie des établissements avec le recrutement d’enseignant·es sur profils par les chefs d’établissement dont des non-titulaires, autrement dit des précaires, une réforme des lycées professionnels sur le modèle de l’apprentissage. Cette orientation vise à démanteler encore plus le service public d’éducation en détruisant le statut de prof, le droit à un enseignement de qualité pour les élèves de lycées professionnels. Ces logiques ne sont pas nouvelles. Elles s’appliquent aussi à l’université. Mais l’offensive libérale est plus féroce sous Macron qui s’appuie de plus en plus sur le modèle anglo-saxon qui sévit depuis de nombreuses années, outre-manche et outre-atlantique.
Des cadeaux toujours pour les mêmes
Emmanuel Macron mérite bien son sobriquet de « président des riches », les classes aisées, les « décideurs » et puissances économiques, le patronat, peuvent lui dire merci : suppression de l’ISF, niches fiscales, aides multiples, allègement d’impôt…
Pour changer, le président-candidat a annoncé un nouvel allègement fiscal pour les sociétés avec la suppression de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises). C’est l’impôt dit « de production ». Il rapporte encore à l’heure actuelle 7 milliards d’euros par an, après déjà une première baisse de moitié en 2021. Mais pour Macron, il faut aider « les premiers de cordées » à investir, car l’impôt briderait l’investissement. Vieille antienne là aussi qui justifie toujours les cadeaux fiscaux de toute sorte à un patronat qui en demande toujours plus. Avec la suppression de l’impôt « de production », c’est le Medef qui est satisfait pleinement, puisque c’est une de leurs exigences. Par ailleurs Macron ne fait que concéder ce que Le Pen et Zemmour ont déjà concédé au patronat !
Discours réactionnaire
Cela peut être porteur en temps d’élections : s’en prendre aux immigré·es, aux réfugié·es. Pas de surprise non plus. Tout au long du quinquennat Macron, comme de nombreux ministres ont joué les idiots utiles de l’extrême droite, invitant dans le débat public les thèmes favoris de cette dernière. Stigmatisation de nos concitoyen·nes supposé·es musulman·es, discours et politiques sécuritaires, soutien inconditionnel des policiers violents, etc.
Dans son programme Macron a annoncé tout naturellement vouloir durcir sa politique en matière de droit d’asile, laissant croire que celle-ci serait magnanime, ce qui n’est absolument pas le cas. Le renvoi de celui ou celle à qui le droit d’asile a été refusé, sera renvoyé dans son pays.
L’écologie, mais pas trop
Le retard pris ces 5 dernières années pour lutter contre le réchauffement climatique, est terrible. 5 années de perdues, alors qu’il y a urgence.
Alors qu’il faudrait un effort considérable vers la bifurcation écologique avec une planification nos permettant d’organiser la sortie d’une économie carbonée, la seule proposition de Macron est de construire plus de centrales nucléaires au nom de « l’indépendance énergétique », en oubliant qui fournit la France en Uranium ! Sans compter le coût écologique et le coût carbone de la construction, de l’entretien de centrales nucléaires et du traitement de déchets, toxiques pour des milliers d’années !
Macron l’homme du passé
Macron est l’homme d’un système, libéral, et d’un monde, celui du 20ème siècle. Avant lui toute une génération de dirigeant-e-s libéraux-ales se sont échinés à nous faire croire qu’il n’y avait pas d’avenir en dehors de leur système ultralibéral. C’était le « no future » de Margaret Thatcher.
Leurs politiques ont été désastreuses et continuent à l’être : la planète et l’humanité toute entière courent à leur perte. Macron est l’héritier de ce monde d’hier.
Avec l’Union Populaire et Jean Luc Mélenchon, un autre monde est possible, basé sur la satisfaction des besoins humains, le respect de la nature et la démocratie grâce à la 6ème République.
Myriam Martin