Quand les femmes s’arrêtent, tout s’arrête !
Le succès de la grève féministe le 8 mars 2018 dans l’état espagnol, qui avait mis le pays à l’arrêt, a été suivi de véritables déferlantes féministes les 8 mars dans plusieurs pays d’Amérique latine, Chili, Argentine. En Pologne, les femmes ont organisé la grève féministe pour la défense du droit à l’avortement. Ces mobilisations montrent qu’au niveau international, après la vague Metoo, il y a un renouveau des luttes féministes partout dans le monde. En France, notamment depuis le 8 mars 2020, le mouvement féministe dans sa diversité, s’attache à construire la grève féministe dans l’ensemble des lieux d’exploitation et d’oppression tant dans le monde du travail que dans la sphère privée. La grève féministe se prépare avec les organisations syndicales et plus particulièrement les secteurs ou commissions féministes de celles ci.
La grève féministe, c’est cesser le travail salarié et arrêter d’ effectuer les tâches domestiques. La grève du travail domestique et des tâches de soin et de prise en charge est plus difficile à mettre en œuvre, mais elle reste un enjeu important pour visibiliser la forte inégalité du partage des tâches entre les femmes et les hommes. Car les femmes effectuent entre 70% et 80 % des tâches domestiques et d’éducation. Ce chiffre reste inchangé depuis 20 ans.
Partout, c’est l’occasion de dénoncer la société patriarcale qui, en s’articulant avec le libéralisme économique, maintient les femmes dans une position subalterne tant sur le plan économique que social. Le 8 mars c’est l’occasion par la grève de porter haut et fort nos revendications, que ce soit notamment sur le travail salarié et reproductif, les violences sexistes et sexuelles, le droit effectif à l’IVG, les droits bafoués des femmes migrantes et exilées.
Si grâce aux luttes des femmes des avancées ont eu lieu depuis plusieurs décennies, l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas encore acquise, que ce soit au travail ou dans l’espace public, et des menaces pèsent sur les droits des femme.
Le 8 mars, nous exprimerons la solidarité internationale.
Le 8 mars 2024 s’inscrit dans un contexte international d’extension des guerres et des conflits armés : Ukraine, conflit israélo-palestinien, Yemen, guerre civile au Congo. Ce sont les femmes et les enfants qui sont les premières victimes de cette situation avec une systématisation des viols comme arme de guerre, comme au Congo et en Ukraine ou lors de l’attaque du 7 octobre en Israël. En Palestine, les bombardements de Gaza par l’armée israélienne massacrent la population civile avec un taux élevé de femmes et d’enfants. 1 million de femmes et de filles ont dû fuir leur logement, certaines perdent la vie en accouchant faute de soin.
On assiste dans de nombreux pays à une installation de gouvernements d’extrême droite, à un renforcement des régimes réactionnaires et théocratiques.
Cela a comme conséquence un recul des droits des femmes, là où ils existent, comme la remise en cause du droit à l’IVG (États Unis, Argentine). La progression des mouvements masculinistes est une réalité et leurs discours contre l’égalité hommes/femmes et contre les féministes progressent. C’est en partie une réaction à la force du mouvement féministe, un backlash qui prend la forme de violences physiques ou de reculs sur le plan des droits.
L’ aggravation de la crise climatique qui contraint à l’exil et à la pauvreté des populations entières
impacte plus fortement les femmes, car ce sont elles sur qui reposent la survie de la famille dans ce contexte de raréfaction des ressources naturelles.
Mais même dans ce contexte, les femmes résistent et continuent à lutter pour leurs droits.
Nous manifesterons le 8 mars 2024 contre les politiques du gouvernement.
Les femmes gagnent toujours en moyenne 25 % de moins que les hommes. Elles représentent 62 % des personnes payées au SMIC, sont majoritaires dans les temps partiels. La féminisation de la pauvreté, dans un contexte d’accroissement de celle-ci, en France est mise en avant par l’ensemble des associations caritatives. Ce sont en partie les conséquences des réformes de l’assurance chômage, du code du travail et des retraites. Les mères isolées payent le prix fort de l’inflation et de l’augmentation des prix et des difficultés d’accès au logement.
La détérioration des services publics de santé, d’éducation, l’absence d’un service public de la petite enfance et d’un service public de la perte d’autonomie pèsent plus particulièrement sur les femmes qui pallient le manque, conséquence d’une répartition sexiste et sexuelle des tâches domestiques et d’éducation.
Il n’y a aucune volonté politique des différents gouvernements de l’ère Macron de combattre les violences sexistes et sexuelles. Le gouvernement ne donne pas les moyens nécessaires à un véritable plan d’éradication des VSS. Il faudrait 3 milliards pour des lieux d’accueil, d’écoute, de prise en charge des femmes victimes de violence, pour la mise en place d’une politique ambitieuse d’éducation non sexiste et de prévention. Et le dernier plan d’austérité de 10 milliards supprime 7 millions d’euros sur la ligne budgétaire «égalité entre les femmes et les hommes »!
L’enterrement par le gouvernement de la CIVIISE (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), qui a fait un travail formidable pour recueillir la parole des victimes d’inceste, et le soutien sans fard de Macron à Depardieu en disent long sur le mépris de nos gouvernants à l’égard des victimes
A cela s’ajoute l’utilisation par le président du terme de «réarmement démographique», qui est une injonction aux femmes de faire des enfants. Ce discours reprend les positions natalistes de l’extrême droite et renvoie les femmes à une fonction biologique.
Et l’extrême droite, sous un discours policé, reste un adversaire des droits des femmes et des minorités sexuelles. Le RN n’hésite pas à instrumentaliser les droits des femmes dans ses discours haineux contre les migrant-es, mais, à l’échelle européenne, il est allié avec les organisations les plus anti-féministes, comme Vox en Espagne.
Alors que la loi Panot sur la constitutionnalisation de l’IVG a été votée à une très large majorité à l’assemblée nationale, des sénateurs LR vont déposer des amendements pour fragiliser ce droit. Le débat à l’Assemblée a rappelé qu’il existait encore des secteurs qui militent activement contre le droit à l’avortement. Le 28 février, jour de passage au Sénat, un rassemblement à l’appel du collectif « Avortement en Europe, les femmes décident » est prévu à 16h30 devant le sénat.
La Gauche Ecosocialiste s’inscrit dans la construction de la grève féministe la 8 mars, soutenant l’appel unitaire national : « Face aux attaques du gouvernement , des droites et extrêmes droites, partout les femmes résistent ». ( cf appel).
Ce cadre unitaire, dans la prolongation du 8 mars 2023 et du 25 novembre 2023, réunit une cinquantaines d’associations et collectifs féministes, des syndicats FSU, CGT et Solidaires, Union Étudiante, UNEF, FIDL, avec le soutien de 18 forces politiques.
Cette année, la CFDT et l’UNSA se sont joints à l’appel intersyndical de la FSU, CGT et Solidaires, en appelant à se mobiliser et à faire grève le 8 mars. C’est un pas supplémentaire pour aller vers un grève féministe réussie le 8 mars. (cf communiqué intersyndical) .
Le 8 mars, toutes et tous en grève féministe !
Anne Leclerc
Toutes les informations sur le site www.grevefeministe.fr sur lequel figure une carte interactive avec les lieux des manifestations partout sur le territoire.
APPEL CGT, CFDT, FSU, SOLIDAIRES, UNSA
Pour l’égalité réelle, toutes et tous mobilisé·es pour le 8 mars !
Nos organisations appellent à se mobiliser y compris par la grève le 8 mars 2024.
Portons haut les couleurs de l’égalité entre les femmes et les hommes pour revendiquer une société de progrès et de justice.
Malgré les effets d’annonces gouvernementales de faire de la cause des femmes la grande cause du quinquennat, les inégalités persistent dans le travail, dans les foyers et dans la société.
Les inégalités salariales et de carrières ne diminuent pas ou très peu. Les femmes perçoivent 1/4 de salaire de moins que les hommes et à la retraite l’écart des pensions se creuse à hauteur de 40 %. C’est comme si les femmes s’arrêtaient de travailler tous les jours à 15h40. Elles sont 58 % à être payées au SMIC et y restent plus longtemps.
Alors qu’elles sont plus diplômées que les hommes, elles ne sont que 39 % à occuper des emplois de cadre. Les métiers à prédominance féminine sont dévalorisés et mal rémunérés. L’index dit « Pénicaud » doit être amélioré et cet outil ne doit pas remplacer les accords et les plans d’action dans les entreprises. Ses trop bonnes notes ne reflètent pas la réalité des inégalités salariales que subissent les femmes alors même qu’il ne concerne que 1% des entreprises et que seules 0,5% ont des index calculables.
Assignées à leur rôle de mère, elles occupent 80% des emplois à temps partiel et 95% des congés parentaux sont pris par les femmes. Le poids de la parentalité, incluant la double journée et la charge mentale, pénalise exclusivement la carrière des mères, accentuant encore les inégalités salariales. Tout est à craindre concernant l’émancipation des femmes, lorsque le président parle de « réarmement démographique » alors que les conditions de travail et de vie des femmes sont l’impensé des politiques publiques. Il manque plus d’un million d’emplois dans les métiers du soin et du lien et plus de 200 000 places dans la petite enfance.
Les discours masculinistes se renforcent dans la sphère publique, prônant un retour aux « vraies valeurs » et à un sexisme décomplexé. Le Haut Conseil à l’Égalité, dans son rapport annuel, fait le constat que le sexisme s’aggrave d’année en année.
Les moyens alloués à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles sont très en deçà des besoins, 80 % des plaintes sont classées sans suite, et le gouvernement français refuse d’inclure la notion de consentement et le viol dans la directive européenne contre les violences faites aux femmes. De la même manière qu’il refuse d’appliquer au-delà du droit constant la convention 190 et à plein la recommandation 206 de l’organisation internationale du travail pour lutter contre la violence et le harcèlement au travail.
Pour toutes ces raisons, nous devons faire du 8 mars 2024 une puissante journée de grève et mobilisation partout.
Pour :
– l’égalité salariale et de carrière entre les femmes et les hommes
– la revalorisation des métiers à prédominance féminine
– des services publics de qualité répondant aux besoins notamment dans la petite enfance
– des moyens pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles
Ne laissons pas passer les discours passéistes, sexistes, masculinistes. Nous ne voulons plus de promesses, nous voulons des actes.
Le 8 mars, toutes et tous en grève et en manifestation !