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700 millions d’euros en moins en 2024 pour l’Education nationale

Bruce Matsunaga

L’annonce a fait l’objet d’une surprise (en tout cas pour celles et ceux qui croient encore aux annonces de ce gouvernement qui, par la voix de Gabriel Attal, annonçait il y a deux mois la création de 2137 emplois d’enseignant·es) : dans le cadre des économies budgétaires annoncées par Bruno Le Maire, le décret annulant 10 milliards d’euros de dépenses est paru. Dans le détail, selon la logique annoncée consistant à faire des économies en proportion du budget initial, les ministères de La Défense et de l’Intérieur … rendent assez peu. Etonnant vu leur budget ! Donc soit le gouvernement ment soit il méconnaît la proportionnalité. L’aide au développement en revanche rend 742 millions d’euros, l’enseignement supérieur 904 millions d’euros, l’écologie 2,2 milliards d’euros, l’aide au logement 300 millions d’euros, le handicap 230 millions d’euros, l’emploi 1,1 milliards d’euros et donc l’Education nationale 692 millions d’euro. La proportionnalité ne concerne donc que les ministères sociaux et écologiques.

Pour l’Education nationale, cela donne : 2620 emplois d’enseignant·es non financés dans le 1er degré, 1740 emplois d’enseignant·es non financés dans le 2nd degré, 1760 emplois d’enseignant·es non financés dans l’enseignement privé sous-contrat, 4600 emplois d’AED et AESH non financés. Le “soutien” à l’Education nationale (ce ne sont pas des emplois mais tout de même des moyens) perd 61 millions d’euros. Notons que le “plan vert” pour améliorer la qualité thermique des établissements scolaires ne sera plus financé (via le budget de l’écologie).

La priorité des priorités à l’école n’était donc qu’un leurre, ce gouvernement même pas capable de financer ses “réformes” ? Pas de panique, répond le ministère, Ces “crédits de titre 2 » annulés sont des crédits mis en réserve donc le ministère n’en disposait pas. Ce sont des crédits “gelés” en début d’année pour faire face à des aléas. Les annuler n’a donc aucun impact sur les emplois. Cela n’aura aucun impact sur les annonces déjà faites concernant la rentrée scolaire ou sur le choc des savoirs”. Nous voilà rassuré·es.

Euh, non en fait, nous ne sommes pas du tout rassuré·es ! En effet, malgré nos faibles compétences en matière budgétaire, il y a des mensonges que nous arrivons à repérer (à peu près comme les petits soucis de proportionnalité non respectée) : OK, cette “réserve” de 10 % de crédits existe bien mais cela ne veut pas dire que cet argent n’est jamais utilisé : cette “réserve” est utilisée, tous les ans, pour assurer les salaires en fin d’année civile. Cette “réserve” est donc presque à chaque fois utilisée, certes pas toujours totalement mais en tout état de cause le ministère ne rend pas 700 millions d’euros par an ! A fortiori en 2024 avec des réformes annoncées comme coûteuses. En conséquence de quoi : il va manquer de l’argent en fin d’année 2024 pour les salaires, il va être impossible de financer les réformes Attal et l’amélioration des conditions de travail des personnels et d’apprentissage des élèves, ce n’est pas encore pour aujourd’hui.

Une mobilisation d’ampleur reste donc nécessaire dans l’Education nationale. Après la grève féministe du 8 mars, un mouvement est annoncé à partir du 19 mars : ce printemps des luttes dans l’Education est indispensable !

Laissons le mot de la fin à Nicole Belloubet, actuelle ministre de l’Education nationale et qui déclarait en 2005 au moment où elle démissionnait de ses fonctions de Rectrice de Toulouse : ” La raison de ma démission réside, aujourd’hui, dans la difficulté de plus en plus certaine à assurer une continuité dans le discours pédagogique que j’ai porté (…) et dans la capacité à affirmer une cohérence entre des ambitions affichées et des actes posés concrètement.

Matthieu Brabant