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Contribution d’Ensemble Insoumis à propos des prochaines élections municipales

« Where there’s revolution there’s confusion and when there’s confusion a [collective] who knows what he wants, stands a good chance of getting it. »

A Fistful of Dynamite, Sean Mallory.

Depuis les dernières élections présidentielles et législatives de fortes colères sociales se sont soulevées avec le mouvement des Gilets Jaunes. L’urgence écologique a aussi été au cœur des préoccupations, notamment grâce à la jeunesse, avec les marches climat, les actions directes à l’encontre des banques et des multinationales ou le rapport de l’IPBES sur la crise de la biodiversité.

Malheureusement les élections européennes montrent que ces colères et ces mobilisations n’ont pas trouvé de débouchés politiques du côté de la gauche et de l’écologie politique radicale. Pire le camp du pouvoir et l’extrême droite, qui se nourrissent l’un, l’autre, en sortent comme les grands gagnants de cette séquence.

Pourtant il y a urgence à répondre aux enjeux sociaux, écologiques et démocratiques. Le mouvement des GJ montre qu’une alternative à l’extrême droite et à l’extrême marché est possible associant classes populaires et classes moyennes. Les prochaines municipales seront une étape cruciale sur le chemin de la reconstruction d’une alternative émancipatrice.

Les élections municipales de 2020 seront marquées par une double dynamique nationale et locale. Elles seront l’occasion d’une sanction contre le pouvoir macroniste et sa logique de prendre aux pauvres pour donner aux riches. Localement, elles seront aussi parfois marquées par la volonté d’en finir avec certaines équipes municipales qui ont mené des politiques désastreuses. Ces élections seront une formidable occasion de reconstruire par en bas une dynamique fédérant tous ceux qui défendent une politique écologiste et solidaire en rupture franche avec les politiques néolibérales.

Depuis 2017, d’élection en élection, de mobilisation en mobilisation nous voyons que les formes traditionnelles du mouvement ouvrier, les partis, mais aussi les syndicats, sont en crise. Nous ne pouvons plus seulement faire de la politique comme avant. Les listes que nous défendrons ne pourront pas être le fruit des seules décisions d’appareils politiques affaiblis.

Nos listes devront donc être des listes de rassemblement entre différentes forces sociales, écologiques, politiques, associatives qui se mobilisent et veulent construire une alternative répondant aux urgences sociales, écologiques et démocratiques. Nous devons, lors de ces municipales, provoquer la confluence entre les militant.e.s associatifs, écologiques, syndicaux, politiques, les habitant.e.s de nos quartiers notamment nos quartiers populaires, entre toutes les forces collectives qui aspirent à faire de nos villes, nos villages des communs.

Nos listes seront réussies si différents courants politiques partageant ce projet s’y retrouvent et soutiennent activement la démarche. Car, si les partis sont en crise, ils n’ont pas pour autant disparu. Nos listes doivent donc permettre d’articuler différentes forces collectives de différentes natures (parti, associations, collectifs) et des individus encore non engagés dans un combat collectif.

La diversité des situations locales nous obligera à une certaine flexibilité quant aux périmètres des regroupements. Mais certains marqueurs doivent nous servir de boussole, pour éviter de se retrouver dans des regroupements qui ensuite déçoivent éventuellement une fois élus. Ces marqueurs tiennent tant à la forme qu’au fond programmatique. Concernant l’arc de force susceptible d’être rassemblé, celui-ci ne saurait admettre aujourd’hui ceux qui ont appliqué les politiques néolibérales hier. Dans les grandes villes, nous devons donc écarter toute alliance avec des partis ou des équipes qui ont, dans les municipalités concernées, mené des politiques néolibérales dans cette mandature ou la précédente.

Nous devrons fédérer largement autour d’un message fort de rupture avec les cures d’austérité, dans un contexte rendu encore plus dur par la mise en place des « contrats de Cahors ». La transition écologique devra pour sa part être le liant de notre programme, et pas simplement un axe parmi d’autres. A ce titre, il conviendra d’éviter les simples listes de propositions, et de se concentrer sur l’établissement d’un profil politique cohérent, à même d’opérer la jonction entre les différents secteurs qui composent aujourd’hui notre électorat.

La démocratie, la transparence et le respect du pluralisme devront être au cœur de nos rassemblements pour les municipales. Ce sera aussi le meilleur gage pour une démocratie municipale réellement vivante, avec des élu.es rendant régulièrement des comptes à ces électrices et électeurs qu’ils soient dans l’opposition ou dans la majorité municipale.

Sur le fond, ces listes devront défendre une orientation politique en rupture avec les logiques néolibérales sur le plan social, écologique et démocratique. Nos villages, nos villes doivent sortir de la marchandisation, s’engager de façon solidaire dans la transition écologique, par exemple en développant sous forme de Commun les services publics, en étendant la sphère de la gratuité, inventer de nouvelles formes démocratiques, avec la mise en place de RIC locaux, un contrôle des élu.e.s… L’échelon communal demeure plus que jamais un échelon de résistance aux politiques ultralibérales. Bien entendu ce modèle, du fait de la métropolisation à marche forcée, est en crise aujourd’hui, et il sera important d’en défendre la pertinence lors de la campagne à venir. Toutefois il faudra être vigilant à l’articulation et à la cohérence de nos propositions entre l’échelle communale et l’échelle métropolitaine. Pour se faire, les déclinaisons locales du programme devront êtres pensées à l’échelon du bassin de vie urbaine. Charge à nous de rappeler l’étendue des compétences municipales, et l’intérêt de garder celles-ci aux plus proche des citoyen.nes.

Notre organisation doit donc se doter d’un fonctionnement à la hauteur des enjeux. La désignation des chefs de file, la nature de la liste et des alliances éventuelles doit être effectuée à l’échelle de la commune, par un collège électoral transparent. Ainsi, il est important d’en déterminer rapidement les contours. Par exemple il serait envisageable de faire participer au processus de désignation les militant.es inscrit.es dans des groupes d’action actifs avant le 1er juin. Afin d’une part de contrôler la régularité de la procédure et d’autre part de mettre toute les chances de notre côté, il faudra que les fichiers de contacts locaux soient transmis aux chefs de file le plus rapidement possible. Dans l’idéal il faudrait que les équipes locales soient opérationnelles et les chefs de file nommés au plus tard à la mi-septembre. Un pourcentage des présent.es pourrait contester les décisions prises et présenter au comité stratégique un recours instruit par le comité électoral.

Les crises écologiques, sociales, démocratiques que nous vivons nous invitent à prendre des initiatives créatives qui rassemblent, ces municipales sont l’occasion d’amorcer ce travail. Elles doivent devenir de véritables laboratoires de l’alternative. Au-delà des particularismes locaux, il est possible d’impulser une dynamique nationale qui fasse la part belle à notre démarche, mise en cohérence par le comité stratégique, reprenant les principes de l’Avenir en commun, et cherchant à mutualiser les diverses expériences locales déjà existantes. Charge au comité électoral d’organiser un suivi des discussions se déroulant sur le plan local, et de vérifier la bonne tenue des processus internes de désignation et d’élaboration.

Le 5 juin 2019.