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Combattre la criminalisation de l’opposition au sionisme, lutter contre l’antisémitisme

A l’occasion du dîner du CRIF, Emmanuel Macron a déclaré que « la France mettra en œuvre la définition de l’antisémitisme adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah (IHRA) ».

Cette définition se présente ainsi : « L’antisémitisme est une certaine perception des juifs, qui peut s’exprimer par la haine envers les juifs. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme sont dirigées contre des personnes juives ou non-juives et/ou leur propriété, contre les institutions de la communauté juive ou les lieux religieux. ».

Le terme d’« antisionisme » n’intervient dans la définition d’IHRA qu’en qualité des « illustrations » de l’antisémitisme pour les auteurs de cette définition. En développant cette logique, Emmanuel Macron amalgame « antisionisme » et « antisémitisme » dans son discours. Cette évolution serait très grave. Elle fait écho à une offensive internationale sur ce terrain contre des forces de gauche de la part de droite et des centristes libéraux. Il en est ainsi de la campagne visant à déstabiliser le Labour de Jeremy Corbyn accusé, contre toute logique et décence, de défendre les antisémites ou d’être antisémite lui-même en raison de ses positions critiques de l’Etat d’Israël. De même, aux Etats-Unis, la députée démocrate socialiste Ilhan Omar a subi une violente campagne la visant après avoir critiqué l’activité de lobbying pro-Israël au congrès de la puissante association AIPAC (American Israel Public Affairs Committee).

Or, le sionisme est un courant politique. Tout comme l’État d’Israël et le gouvernement israélien sont des formations politiques. Ils sont donc politiquement critiquables. Se situer sur ce terrain politique, est l’objet de la notion d’antisionisme. L’utilisation de ce terme doit être précise afin d’éviter toute identification des personnes de confession juive au projet historique du sionisme ou au gouvernement israélien.

Sans aucun doute, aujourd’hui, des antisémites notoires essaient de dissimuler leur racisme derrière une déformation instrumentalisée de la critique d’Israël et du sionisme. Il en est ainsi pour des propagandistes d’extrême droite tel que Dieudonné ou Alain Soral. Ceux-ci utilisent le terme « sionistes » pour viser les juifs dans leur ensemble en réhabilitant l’idée que les « juifs » seraient proche du pouvoir de l’argent, des médias et soutenus par le gouvernement israélien.

Face à cela, il est essentiel de démasquer les acteurs portant la haine des juifs et non d’y assimiler toute critique du projet sioniste, de l’État d’Israël ou de son gouvernement. Les lois existent aujourd’hui pour condamner l’antisémitisme. La proposition d’Emmanuel Macron créerait un « délit d’opinion » et constituerait un nouvel important recul des libertés démocratiques.

En contribuant à la confusion entre antisémitisme et antisionisme, Macron ne fait que reproduire le discours du gouvernement israélien assimilant toute critique de sa politique à de l’antisémitisme.

Contre cette attaque, la France Insoumise peut et doit être offensive, elle n’est pas tenue de répondre aux injonctions issues d’acteurs profondément malhonnêtes. La France Insoumise est parfaitement légitime à critiquer les agissements criminels du gouvernement israélien. Cela ne l’a jamais empêché de manifester en actes son opposition à toute forme d’antisémitisme. Elle n’a aucune leçon à recevoir de la part de ce gouvernement ou d’acteurs politiques cherchant à monter une fausse polémique pour de nauséabonds petits calculs électoraux.

Il s’agit de construire une réaction large face à cette manœuvre politicienne lamentable et attentatoire aux libertés qui n’a rien à voir avec la nécessaire lutte contre l’antisémitisme et tous les racismes.

Umit Kalfa