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Bond, est-ce que c’est vraiment toujours la même histoire ?

No Time to Die (1), le dernier James Bond, a déjà ramassé 85 millions de livres (2) dont 24 millions dès les premiers jours de sortie, pulvérisant tous les records pour une sortie en salle. Les articles de presse suggèrent que le film va rapporter au moins un milliard de livres et qu’il sera le plus gros James Bond de l’Histoire. Finalement, le plus important n’est pas que, cette fois, James Bond sauve le monde de la menace de Spectre : sa mission est de sauver l’industrie du cinéma, en particulier les salles de cinéma. Alors que la sortie de ce film – la mère de tous les blockbusters – a été retardée plusieurs fois pour cause de COVID, les patrons des multinationales espèrent que la franchise Bond va déclencher un retour massif dans les salles.

Nous avons grandi avec Bond en tête

Sauf ceux qui ont plus de 75 ans, la plupart d’entre nous ne peuvent imaginer une époque sans la sortie régulière d’un James Bond. C’est l’une des franchises les plus longues et les plus profitables de l’histoire du cinéma mondial. La plupart des gens ont grandi en ayant une relation ou une autre avec le fantasme de Bond. Je me souviens d’un curé réprimandant un jeune pris en possession d’un roman de Ian Fleming. L’Eglise catholique considérait quasiment que cet auteur était corrompu et que ses romans étaient des « livres sales » à cause des scènes de sexe. Des garçons ou de jeunes hommes qui, comme moi, regardaient ces films s’imaginaient en être le héros,  conduire des voitures magiques, faire sauter la banque au casino, éliminer d’odieux méchants et surtout… être entouré par toutes ces « James Bond girls » ! Sans nul doute cela projetait un certain type de sexualité masculine ainsi que des valeurs qui avaient une véritable influence de masse sur la manière dont nous avons grandi et sur notre rapport à l’autre sexe. Les filles et les jeunes femmes devaient sans doute beaucoup moins fantasmer sur ce héros gentleman et s’identifier, à un certain degré, à ses petites amies. En réalité, même dans les premiers films, les femmes qui couchaient avec Bond ou qui le menaçaient étaient des objets sexuels mais aussi, souvent, des tueuses fortes et indépendantes.

Tout le monde est capable de vous citer son film favori ou sa scène favorite. Les plus âgés discuteront pour savoir quel est le meilleur James Bond. Les « répliques culte » et les thèmes musicaux sont profondément enracinés dans la culture populaire.  Il est difficile de trouver d’autres produits culturels qui fonctionnent aussi efficacement à un niveau de masse.

Chaque année, le même film

Au fond, il n’y a qu’un seul film de James Bond et, chaque année, on le tourne à nouveau. Afin de donner une impression de nouveauté et de changement, il y a des modifications afin de rester en résonnance avec les changements réels qui se produisent au niveau des attitudes ou de l’idéologie. Quels sont les principaux éléments ?

Bond est appelé pour répondre à des menaces dirigées contre la Grande-Bretagne ou le Monde, par les ennemis du temps de la guerre froide comme la Russie, la Chine ou la Corée du Nord (jusqu’aux années 90), par des complots terroristes mondiaux (Spectre) motivés par l’argent ou des plans mégalomaniaques à l’échelle de l’Humanité. En essayant de localiser et de traiter la menace et/ou l’ennemi, Bond parcourt de nombreux lieux exotiques  où il s’engage dans des conflits violents ainsi que dans des poursuites en voiture (ou dans d’autres véhicules). Il est détenu et torturé. Entretemps, il a des rencontres sexuelles avec des femmes très glamour qui lui viennent en aide ou qui le trahissent. Tout cela aboutit à une scène finale dramatique avec une course contre la montre où Bond engage l’épreuve de force finale avec le méchant grotesque.

Les méchants sont souvent défigurés d’une manière ou d’une autre afin de souligner leur altérité. L’homophobie aussi s’exprime puissamment, notamment par le fait que les homosexuels sont toujours campés par des personnages appartenant au camp des méchants. Bond remporte la victoire et s’éloigne avec la femme qui n’a pas essayé de le tuer. Un humour à froid et laconique imprègne son personnage même lorsqu’il est confronté à un danger extrême. C’est une version de la moue figée et du phlegme britannique que l’on a déjà pu voir dans d’innombrables films de guerre britannique.

Il y a forcément une super voiture britannique avec un armement effrayant et un nouveau gadget technologique comme un stylo explosif pour aider James Bond. Les répliques culte doivent forcément survenir à un moment ou un autre, comme « Un martini secoué, pas remué » ou encore « Mon nom est Bond, James Bond ». Le thème instrumental dû à James Barry doit être présent dès le début du film. Et enfin, il y a toujours la promotion d’une « chanson Bond ». Les stars musicales du moment, presque toujours des femmes, comme Shirley Bassey, Adèle, Tina Turner ou Madonna fournissent un hit.

Les services secrets, c’est vraiment comme ça ?

En plus d’exprimer une sexualité masculine subtilement changeante, les actions et les valeurs de Bond renforcent une certaine « anglicité », ainsi que l’image des services de sécurité. Les livres écrits par John Le Carré ou les films qui s’en sont inspiré montrent en fait une image beaucoup plus réaliste de l’Etat britannique et de la manière dont il gère ses services secrets. Il n’y a rien de très héroïque dans les personnages de John Le Carré et ce dernier interroge de manière conséquente l’idéologie officielle qui sous-tend les actions de l’Etat britannique.

Dans les thèmes habituels des films de James Bond, il arrive parfois que les services de sécurité  soient maladroits ou qu’ils laissent tomber Bond. Mais, fondamentalement, ils sont une force au service du Bien et défendent la Grande–Bretagne et le Monde contre leurs ennemis. Historiquement, les ennemis sont dépeints comme très laids, brutaux, amoraux et dotés d’une idéologie totalitaire. Bond et les gentils sont beaux, séduisants et glamour ; ils ont accès à un style de vie luxueux et à une sexualité libre. A l’époque de la Guerre froide, il s’agissait de mettre en scène le contraste avec le Bloc de l’Est, plus austère, plus pauvre et plus répressif. Souvent l’Ennemi n’avait aucune profondeur et parfois même très peu de texte. Les films récents accordent plus de complexité et de mise en contexte. Bien sûr, le plus gros mythe véhiculé par ces films est que des agents tels que James Bond jouent un rôle majeur dans la pratique globale des services secrets. La surveillance grâce aux moyens de haute technologie et l’analyse des données basée sur les drones, ou encore la force meurtrière d’unités spéciales, officielles ou non, sont leur mode de fonctionnement actuel.

Un article intéressant de Sarah Kelley souligne que, après Skyfall et Spectre,  les producteurs en sont revenus à un Bond nettement plus britannique après avoir essayé, dans Casino Royale, d’en faire un héros de style Américain qui, globalement, défendait le Monde. Elle montre également comment des développements politiques réels tels que la surveillance par la haute technologie ou la menace terroriste ont beaucoup plus influencé les films ultérieurs.

Rafraîchir la marque

L’objectif étant de rafraîchir la marque et de la maintenir en résonnance avec des valeurs et des attitudes qui changent, on a fait appel à de nouveaux scénaristes et à de nouveaux créateurs. Phoebe Waller-Bridge, créatrice de la comédie dramatique féministe Fleabag (3) a été recrutée pour le dernier film. Dans les films les plus récents ont été introduits des personnages de femmes qui travaillent avec Bond. Comme agents et comme machines à tuer, elles sont aussi efficaces que Bond. Les scénarii sont moins sexistes et les stéréotypes racistes les plus grossiers ont été éliminés. On peut tous se rappeler les très nombreuses rencontres sexuelles de Bond où le concept de consentement féminin était très exactement cela : un pur concept. L’étiquette « Bond girl » a disparu. On parle même de remplacer Bond lui-même par une femme, à l’occasion du retrait de Daniel Craig. Et, notamment dans Skyfall, on est en présence d’un Bond plus profond, plus complexe sur le plan émotionnel. Toute une série de thèmes freudiens ont été introduits avec l’apparition de son père (inévitablement joué par Sean Connery) ainsi que la mort de la figure maternelle de M, jouée par Judi Dench. Compte-tenu de toutes ces modifications et de tous ces ajouts par rapport à un film d’action de type thriller, il n’est pas étonnant que ces films soient plus longs : le dernier en date dure près de 3 heures.

Tous ces changements qui sont maintenant profondément intégrés dans les films de James Bond, notamment sous l’impact de MeToo et des mouvements antiracistes, ont en réalité provoqué un contrecoup des réactionnaires et de la Droite. Ils se lamentent sur ce que l’on a fait de « leur » James Bond, comment le « politiquement correct » est devenu fou et fait de plus en plus de concessions à la génération « woke ». Même Kate Mossman, dans un article pour le New Statesman, trouve que le nouveau James Bond rend le film tiède et ennuyeux. En soi, cela montre la signification idéologique de la franchise Bond et son impact à un niveau de masse. Dans la société actuelle, les véritables conflits culturels et politiques ne pouvaient pas la laisser inchangée, comme un banal film de science fiction.

Une marque mondiale pour promouvoir le rôle mondial de la Grande-Bretagne

Il ne s’agit pas d’un film supplémentaire ou d’une franchise mais, en réalité, d’une véritable industrie, générant des milliers d’emplois stables. Certains gouvernements considèrent même que Bond fait partie du « soft power » britannique – la marque Grande-Bretagne – tel qu’il est vendu à travers le monde. En conséquence, cette activité a bénéficié d’un allègement fiscal de 47 millions de livres. Cela n’a donc pas été une surprise lorsque, pour la cérémonie des Jeux Olympiques de Londres, même la Reine a été utilisée pour valoriser Bond. Des franchises de thrillers comme Die hardBourne ou Mission Impossible ne peuvent pas concurrencer Bond à ce niveau. De nombreux pays rivalisent pour offrir aux équipes Bond des incitations afin qu’elles tournent dans leurs lieux pittoresques ou emblématiques. Le tourisme bénéficie de ces relations. Bien qu’il s’agisse d’une production britannique, c’est un produit mondial produit et distribué grâce à des investissements internationaux. Son développement pendant six décennies reflète la croissance du capitalisme mondialisé.

Mais, naturellement, ces films mettent en scène le rôle mondial de la Grande-Bretagne, rôle qui n’existe plus. Ils renforcent l’idée que l’Etat se bat pour défendre « notre » sécurité et notre bien-être, plutôt que les intérêts des entreprises multinationales. Cela a sans doute aussi comme conséquence de renforcer les illusions de certains sur l’existence d’un complot mondial. Alors que la plupart des gens comprennent que ce n’est qu’un film, une histoire avec des conspirations de plus en plus absurdes, les effets subliminaux et l’impact général nourrissent probablement et subtilement un sentiment d’identité britannique qui convient à l’idée de Boris Johnson de la « Grande-Bretagne mondiale ». Dans un article du Guardian, Dan Sabbagh écrit : « A un moment où la Grande-Bretagne se bat pour fournir de l’essence dans les pompes et du gaz bon-marché au cours d’un mois de Septembre chaud et emboîte le pas aux Etats-Unis pour leur retrait d’Afghanistan (…) James Bond incarne un univers alternatif dans lequel un puissant service secret britannique se déploie à travers le monde, même si c’est pour déjouer des ennemis ignobles et non étatiques ».

Les films de James Bond ne sont pas non plus très écologiques. L’empreinte carbone générée par les déplacements dans tous ces lieux et par les effets spéciaux doit être énorme. Ensuite, ces films incarnent l’aplatissement de la diversité de la production culturelle dans le cadre d’une énorme entreprise mondiale. Comment ne pas imaginer le nombre de projets de films critiques et novateurs qui pourraient être financés avec le budget d’un James Bond ? Au cœur de tous ces films, on trouve une glorification de la technologie, qu’il s’agisse de voitures, ou d’armes spéciales ou de la solution des problèmes. Ainsi, par exemple, les conflits pour le contrôle des armes biotechnologiques ne sont pas réellement expliqués. De telles armes apparaissent comme sans rapport avec les classes sociales, l’impérialisme ou les intérêts de pouvoirs identifiables. Cela alimente les croyances populaires actuelles à propos du pouvoir sans visage, des complots et du manque de contrôle. Même la destruction écologique est écartée au profit de notions générales technologiques, sans rapport avec les classes sociales ou avec l’Etat.

Pourquoi va-t-on encore voir ces films ?

A part la construction idéologique de la masculinité et de l’identité britannique, ces films ont un énorme succès à cause des scènes d’action qui sont brillamment conçues et mises en scène. Ce qui n’est pas étonnant au vu des sommes investies. Aucune autre franchise de thrillers ne peut entrer en compétition quant au nombre de lieux visités ou quant au niveau industriel des mécanismes impliqués dans certaines scènes.

A un niveau élémentaire et sur grand écran, ces films offrent l’essence d’une expérience cinématographique unique, différente du théâtre, de la lecture d’un roman ou de la télévision. Cela vous fait littéralement sortir de votre fauteuil. Cette expérience est ancrée dans la familiarité confortable et la prévisibilité d’un film de Bond. Les gens aiment ce qu’ils aiment ; les dirigeants du cinéma mondial le savent et le fournissent. Mais, soyons honnêtes : la question spécifique est de savoir pourquoi des gens qui sont peut-être extrêmement critiques vis-à-vis des services de sécurité ou des stéréotypes de genre présents vont aller voir le dernier film ? Même lorsqu’ils sont de gauche, les gens ont besoin d’un peu d’amusement et de distraction. On a été voir le film hier soir…

Mourir peut attendre : un peu plus qu’un simple rafraîchissement

Et oui, c’est encore le même film ! Mais cette dernière édition évacue ou altère en profondeur quelques-uns des éléments-clés que l’on vient de citer. Les rencontres sexuelles occasionnelles laissent la place à une authentique histoire d’amour de Bond, histoire qui joue un rôle clé dans l’intrigue. Pour les services secrets, agiter le drapeau et faire le cirque sans problème a cédé la place à un scepticisme quasiment comparable à celui de John Le Carré et à la mise en scène d’un complot au cœur de l’Etat profond. Les rôles féminins sont nettement plus forts qu’auparavant et bénéficient d’un taux de meurtres presque équivalent à celui de Bond.

La plupart des autres éléments restent fidèles à la franchise. L’intérêt amoureux de Bond se porte sur une femme nettement plus jeune que lui et le regard des femmes est toujours focalisé sur l’attractivité de Bond. On ne s’est toujours pas éloigné du drame shakespearien où les méchants sont presque toujours physiquement défigurés, d’une manière ou d’une autre. Cela crée insidieusement une équivalence entre le handicap et le Mal. Les lieux de tournage sont toujours aussi enchanteurs. Il y a tout lieu de penser que le Maire de Matera dans le Sud de l’Italie espère un rebond du tourisme à hauteur de 10 millions de livres. C’est un endroit unique et très beau, mais le film le rend encore plus magique que dans la vraie vie. L’essentiel de son caractère pittoresque provient des maisons troglodytes rénovées qui abritaient des paysans et des ouvriers qui vivaient dans la misère. Dans toutes les scènes de poursuites, on voit des voitures de marque « britannique » mais qui, en règle générale, sont aujourd’hui détenues par des capitaux internationaux. L’Aston Martin avec les mitrailleuses rétractables – dont nous avions tous envie de posséder le modèle réduit « dinky toy », lorsque nous étions enfants – est de retour, avec du venin. Alors que le rôle néfaste de l’Etat britannique par rapport à une menace mortelle pour l’humanité est souligné par le film, la Royal Navy vient à la rescousse à la fin du film. La défense héroïque du royaume par Bond demeure intacte, malgré tout. Comme toujours, les traits d’humour sont prévisibles et grinçants. Et les poursuites en voiture ne sont pas seulement des poursuites en voiture, mais des poursuites en voiture James Bond avec un budget complètement différent.

Les produits culturels populaires sont une sorte de services devenus marchandises. Pour être vendus à une échelle de masse, ils doivent s’adapter et réagir aux changements qui se produisent dans les attitudes, les opinions et les comportements sociaux. C’est de cette manière qu’ils peuvent continuer à remplir leur rôle prédéterminé qui est de reproduire une idéologie qui encourage l’adhésion au statu quo et au plaisir que l’on trouve dans la consommation de masse du spectacle dominant. Dans son article cité ci-dessous,  Sarah Kelley reconnaît la perspicacité du spécialiste des médias Todd Gitlan (4) sur ce point :

Gitlan explique que la promotion par les médias de l’idéologie dominante peut impliquer d’y inclure une petite quantité d’opinion critique édulcorée afin de convaincre le public que ses intérêts sont bien pris en compte : « le système culturel commercial hégémonique intègre systématiquement quelques aspects d’idéologie alternative et rejette ce qui est inassimilable » (Todd Gitlan, 1979)

La franchise Bond peut s’autoriser un certain apport critique venu de la créatrice Phoebe Waller-Bridge, mais sans aller jusqu’à menacer le récit idéologique global. Cet apport rend les complots dingues plus cohérents et les personnages plus intéressants. Est-ce que cela vaut le coup d’aller voir le film ? Aussi longtemps que vous gardez une approche critique, il n’y a aucun mal à profiter d’une telle expérience cinématographique.  En discuter avec des amis ou des collègues de travail permet de soulever quelques-unes des questions soulevées dans cet article. Ce qui serait difficile à faire sans avoir vu le film…

Dave Kellaway. Traduction (et notes) : François Coustal

Dave Kellaway appartient au Comité de rédaction de Anti*Capitalist Resistance (5).

Il est également membre de Socialist Resistance (6) et du Parti travailliste dans la circonscription de Hacknet et Stoke Newington.

Il collabore régulièrement à la revue International Viewpoint (7) et au site Europe solidaire sans frontières (8).

Notes :

(1) « No time to die » vient de sortir en France sous le titre « Mourir peut attendre ».

(2) Cela représente environ 100 millions d’euros.

(3) Fleabag est une série télévisée britannique diffusée par BBC3. Phoebe Waller-Bridge a écrit le scenario et interprète le rôle principal.

(4) Todd Gitlan est un écrivain et sociologue américain, spécialiste de l’analyse des médias.

(5) Anti*Capitalist Resistance est un regroupement de courants de la gauche révolutionnaire, en Angleterre et au Pays de Galles, se réclamant du marxisme révolutionnaire et de l’éco-socialisme. https://anticapitalistresistance.org/

(6) Socialist Resistance est la section britannique de la IV° Internationale. https://socialistresistance.org/

(7) International Viewpoint est la revue en ligne en langue anglaise de la IV° Internationle. https://internationalviewpoint.org

(8) Europe solidaire sans frontières est une association de solidarité internationale. Son site, en français et en anglais, recense de très nombreux articles sur la situation internationale. http://www.europe-solidaire.org/