Démocrite, selon Aristote, estimait que les poussières que l’on voit dans les raies de lumière sont les atomes du feu et de l’âme. Pas question donc de laisser retomber la poussière : dans les raies de soleil peut être pouvons nous saisir des éléments de compréhension de la situation et des résultats de la France Insoumise dans laquelle nous nous sommes pleinement investis. Pas question de laisser retomber non plus nos forces qui restent déterminées dans les buts communs. Passées quelques courtes semaines après le scrutin européen, je souhaite revenir sur des aspects de cette campagne, liés bien sûr au contexte mais aussi au mouvement de la France Insoumise.
Quelques mots en préambule : j’ai fait cette campagne en tant que candidate, en suivant et en respectant toute les étapes définies par le processus de désignation et en m’efforçant d’être à la hauteur des attentes. La décision de cette candidature a fait l’objet de discussions avec l’équipe d’animation d’Ensemble insoumis puis les insoumis du GA dans lequel je milite. Je l’ai fait entièrement, en m’engageant sur une année, avec les conséquences personnelles et professionnelles que cela impliquait, et en faisant de mon mieux à tous les moments : politiquement et humainement. Des moments difficiles et des tensions il y en a eu, évidemment. De belles rencontres humaines, militantes, aussi. Détermination et courage ont caractérisé la liste de candidat.e.s (malgré les départs et certain.e.s absences…). Je ne porte ni aigreur ni rancœur pour ma personne, je suis au contraire reconnaissante pour cette formidable expérience militante et pour toute l’énergie soulevée par les insoumis.es et par mes camarades. Si aujourd’hui, je porte et assume en revanche un regard critique, c’est parce qu’il se veut constructif pour la suite, suite que j’imagine avec la France Insoumise, notamment.
La campagne a démarré tôt, nous avons eu des objectifs hauts en termes de couverture du terrain (via les holovans et les 500 réunions publiques), nous avons porté les méthodes d’élaboration citoyenne et participative (ateliers des lois, actions de rue, réunions participantes…). Nous avons aussi démarré tôt et la distance a été difficile à tenir pour finir. Il y a eu aussi un effort collectif autour du programme et l’organisation de séminaires des candidats avec un travail d’argumentaire (bien que parfois trop techno…). Ensuite, les 16 premiers de la liste ont intégré une « coordination de campagne » qui se réunissait tous les lundis midi environ 2h par visio conférence et au siège. Cependant, ses prérogatives étaient très limitées, les décisions actées de manière vague et souvent peu suivies d’effets, la coordination n’a pas rendu compte à l’ensemble de la liste (et encore moins du mouvement) et n’a pas non plus su créer une émulation supplémentaire ou contrer le sentiment d’isolement ou d’émiettement qui pouvait être ressenti à juste titre dans la liste elle-meme. L’impression persistante que « les choses se décidaient ailleurs » – à telle enseigne que même le matériel officiel de la campagne n’est pas passé par la « coordination » – a fini par être pesante.
Côté contenu, la « ligne » à défendre, articulée autour de la contestation de la légitimité de l’Union européenne et de la nécessaire désobéissance aux traités, a été à maints moments difficile à saisir. L’interprétation du plan A / plan B ouvrait une gamme de possibles pas toujours argumentés de manière pédagogique, mais ce qui est logique car le reflet d’une pluralité de points de vue en réalité. Poussée à fond, elle plaidait davantage pour une abstention contestataire que pour un engagement dans le vote et laissait à penser, ainsi que nous l’avons vécu au début de la séquence, que les députés européens ne servaient finalement pas à grand chose. Or une force qui prétend à la prise du pouvoir majoritaire et à conquérir des places dans les institutions bourgeoises et capitalistes dans attendre la Constituante, la 6e république ou la révolution ne peut pas se contenter de postures sur les postes d’élus. Nous aurions pu en revanche, développer un argumentaire sur l’engagement concret de ce que vont faire et comment vont agir, se comporter et se prémunir des lobbies et pression, comment et en quoi les désormais élu.es du peuple seront différents des autres et rendront compte. Il y avait d’ailleurs pour cela un bilan des députés européens sortant mais qui a été sous investi, donnant parfois l’impression que ces derniers faisaient leur propre communication de leur côté.
Ce hiatus est notamment souligné par Charlotte Girard dans sa lettre de départ du mouvement de la France Insoumise, où elle interroge la capacité actuelle de l’outil FI à incarner l’outil nécessaire à la révolution citoyenne dans un contexte de défiance maximale vis à vis des postures institutionnelles. Charlotte Girard portait également la préoccupation de la cohérence du programme dans un travail conjoint et coordonné avec les livrets thématiques de l’Avenir en Commun. Qu’elle renonce aujourd’hui ne peut être balayé d’un simple regret ou de l’affirmation d’auto-conviction « qu’il n’y a pas de meilleur outil que la France insoumise ». Je partage ce dernier point mais à condition de le remplir de preuves et de ne pas se contenter de le dire.
Pour ce qui concerne la dimension européenne de la campagne dans le cadre de Maintenant le Peuple, il semble que celle-ci a été sous exploitée. D’une part à cause de difficultés objectives car tous les mouvements partenaires avaient aussi des campagnes à mener, mais d’autre part aussi par un manque de coordination, de mise en commun des relations et d’appropriation des déclarations communes. Cet aspect a été mis en avant au début de la campagne, suscitant des attentes, puis on pourrait dire un peu « laissé tombé » ce qui donne une impression de flou et d’inconséquence dans le fait de poursuivre jusqu’au bout un axe choisi. Pourtant, notamment sur la question de la jeunesse, des biens communs et de l’écologie, des axes forts auraient pu être dégagés. De notre côté, avec Ensemble insoumis, nous avons œuvré à notre niveau mais toujours dans et avec les insoumis.es à faire apparaître cette dimension (nos propositions furent parfois suivies d’effet, notamment avec la proposition de meeting avec Miguel Urban à Paris le 15 avril ou dans des réunions locales où nos camarades ont fait inviter des intervenants européens).
Là aussi, impensé pendant la campagne et du coup on ne voit pas très bien comment cela le serait après, le rôle des élus et l’articulation de leur travail, mais aussi leur contrôle politique par le mouvement n’ont pas été développés ou élaborés d’une manière assez fouillée ou originale pour constituer un élément de démarcation dans leur engagement futur en regard des autres listes. Brandir sa lutte, son expérience et son étiquette d’insoumis ne peuvent pas suffire à convaincre les gens que nos élus seront différents des autres (et bien que l’expérience des députés à l’Assemblée nationale soit effectivement de nature à convaincre de ce fait mais à ce moment là il aurait fallu le développer au delà de l’annonce des « binômes » qui n’a pas trouvé de concrétisation).
Le fait d’être percutés dès fin novembre par le mouvement des gilets jaunes a constitué indéniablement une bonne nouvelle : la question démocratique et celle – pour aller vite- des laissés pour compte faisait irruption, balayant pour un temps le duel hypocrite et délétère entre extrême droite et extrême libéralisme, ouvrant une fenêtre dans la perspective que nous posions à Ensemble et Insoumis, dès octobre « ni Macron ni Orban ».
Je veux également souligner que l’organisation matérielle de la campagne (et donc politique) a sous estimé les facteurs humains. Si j’estime en avoir peut être moins souffert que d’autres c’est parce que j’appartiens à un collectif politique expérimenté qui a également été présent pour m’épauler matériellement et politiquement. Cela a notamment été le cas sur la gestion des réseaux sociaux qui ont pris une grande importance mais aussi sur la construction de points de vue ou d’améliorations de connaissance ou encore de réponse à des interpellations précises d’associations ou d’organisation, ou aussi de prise en compte de contextes locaux « avant d’y mettre les pieds ». Le fait que la plupart des réponses aux interpellations soient rédigées en dehors de la liste et des livrets et pas portées à la connaissance des candidat.es est assez révélateur de la manière dont la FI appréhende pour le moment les relations hors d’elle même.
Force est de constater que la volonté louable et réussie de constituer une liste de personnes réellement en prise avec la société et porteurs de combats n’a pas été suffisamment accompagnée des moyens nécessaires à la prise en charge de situations diverses et précaires. Un soupçon de conception « martyr » de l’engagement révolutionnaire qui demeure et qui, s’il force l’admiration bien sûr, ne saurait être le vecteur de massification du dit engagement….surtout quand tout le monde bien sur n’est pas à même enseigne. A ce propos, il ne peut être passé sous silence que dans ce genre de situations et de difficultés, les femmes, les jeunes, les personnes en situation de précarité professionnelle ou sociale, celles et ceux qui sont les moins expérimenté.es souffrent davantage que les autres. Les candidates en particulier ont souvent dû affronter des remises en cause localement de leur légitimité à organiser la campagne ou à animer des réunions avec une parole qui soit reconnue.
Même constat finalement sur le terrain, à la rencontre de GA et d’insoumis.es qui se démènent avec les moyens du bord, parfois dépités de ne pas être entendus, de ne pas se sentir assez aidés par « le national » toujours plus nébuleux et sans visage. Que répondre aux interpellations à ce sujet lors des dizaines de rencontres et réunions sur le terrain ? Etonnement aussi en constatant qu’organiser une réunion publique et la prise de parole dans l’écoute et une démarche constructive n’allait pas de soi à bien des endroits et que là aussi, les insoumis.es manquaient d’appui et que même une note technique proposée en ce sens n’a jamais été diffusée.
Bien sûr, le score décevant de notre liste aux élections européennes est le résultat d’une période et d’un contexte, européen et même international. Mais il y a ce que nous maitrisons aussi, et que nous devons de fait interroger.
En premier lieu, la question qui a taraudé toute cette campagne a été celle de notre « base électorale ». Sans doute en partie par un défaut d’analyse de ce qu’était réellement la base de 2017 mais aussi par un souci louable de répondre aux aspirations surgies dans le mouvement des Gilets jaunes, nous avons été dans un entre deux, dans les discours comme dans les mots d’ordre fédérateur, qui a certainement brouillé notre message. Bien entendu qu’il fallait s’adresser à toutes et tous : absentionnistes, méfiants, déçus, comme aux électeurs.trices de la gauche « traditionnelle »… Mais le discours sorti après les Amfis de Marseille n’a pas varié en réalité : du référendum anti Macron au commando de combat de députés européens insoumis. Nettement insuffisant dans une campagne d’une durée particulièrement longue, que nous avons commencé tôt et avec beaucoup d’énergie, de travail argumentaire et de formation interne et aussi avec des coups de communication plutôt réussis comme les holovans. Les holovans sont une forme plutôt innovante et moderne d’amener un discours politique sur les places publiques. Cependant, l’outil se prêtait davantage à un public jeune et a été utilisé dans des lieux et horaires principalement fréquentés … par les retraités. Là encore, peut être une illustration d’une certaine déconnexion ou d’une perception altérée entre réalité de terrain et imaginaire.
Ensuite, deux grandes « cibles » ont été relativement absentes du viseur de la campagne alors que nous avions été plusieurs à les pointer pourtant dès les débuts : les jeunes et les personnes sensibles à l’écologie. Electorat susceptible de se mobiliser pour ce scrutin européen et que le profil pourtant excellent de la tête de liste ainsi que d’autres, n’a pas réussi à convaincre. Force est de constater que nous n’avons pas organisé d’interventions ciblées vers ces secteurs. Pourquoi ?
Probablement parce que la trop grande théorisation « du peuple » empêche à un moment donné d’appréhender sa pluralité. Probablement aussi parce que s’adresser à des « catégories » parmi les classes populaires implique de collaborer avec les médiations qui les mobilisent ou dans lesquels ils/elles se reconnaissent et qu’enfin cela nécessite des pôles internes structurés, élaborant, proposant, sachant et ayant les moyens de s’organiser et de former d’autres à l’action. Et que cela se prépare par un patient travail relationnel et d’échange pas seulement au moment des élections…
Les adresses en direction de la jeunesse ou des secteurs de l’écologie ont davantage tenu de l’expérimentation brouillonne que de la véritable stratégie construite. De même les concessions parfois irrationnelles en direction du mouvement animaliste illustrent cette tentative maladroite de fédérer des colères, des émotions en pensant agréger ainsi par une sorte de miracle. Ça ne marche évidemment pas comme cela. Les tenants de la cause animale ont trouvé leur offre dans la liste du parti animaliste et ceux qui, pour une partie de l’électorat étaient gagnés à la rhétorique du repli identitaire, nationaliste et xénophobe distillée par le RN, ont choisi ce bulletin pour incarner la première opposition à Macron. Argument repris par A.Kotarac le 19 mai dans son annonce insupportable de traitrise et de reniement.
De manière plus générale, les propositions originales (directives européennes, règlement « règle verte », déboulés et visites de « radicalités et alternatives concrètes » notamment des fermes paysannes, élaboration d’argumentaires pour des vidéos sur le climat, de tracts et appels dans la jeunesse, argumentaires sur la PAC et rencontres avec les partenaires sur ce thème..) auxquelles nous avons participé de notre mieux en travaillant des documents et propositions de feuilles de route concrètes de manière la plus coordonnée possible avec les espaces existants (le plus souvent des boucles telegram…) n’ont pas été réappropriées ou exploitées suffisamment. Et ce, davantage par lacune d’organisation et absence de volonté centrale de prise en charge que par désaccords sur le fond ou la forme.
Or, je maintiens que nous pouvions voir anticiper sur ces éléments pour peu que l’on accepte d’en discuter et d’en tirer les conséquences organisationnelles (c’est à dire accepter d’organiser des secteurs de manière conséquente et en déléguer l’animation) et que l’on soit en prise avec les mouvements à l’œuvre.
D’ailleurs les 3 dernières semaines de notre campagne ont montré ce flottement : absence de moments phares, d’annonces concrètes ou d’initiatives vraiment de niveau majoritaire, éclatement des initiatives des uns et des autres… Tandis que Manon Aubry tenait vaillamment émissions de débat après émission de débat.
Dire que le vote écolo se résume à un vote bobo et que mettre l’accent sur ce point nous aurait par exemple coupé des gilets jaunes alors que bon nombre d’insoumis.es et de candidat.es étaient en prise directe avec ce mouvement est un raccourci dangereux. D’ailleurs, il n’y a pas eu davantage de mutualisation de la connaissance de cette insertion dans le mouvement des gilets jaunes… Une telle mutualisation – au delà de l’échange d’impressions – aurait permis de mieux appréhender les attentes et de tenter d’y répondre. Je ne dis pas que ça aurait ni marché ni suffit. Mais au moins aurions nous la conviction d’avoir fait le nécessaire.
Ainsi, la campagne aurait pu être un moment de renforcement de la construction du mouvement de la France Insoumise à la base et un moment de renforcement de sa cohérence programmatique. J’ai plutôt l’impression qu’elle a fini d’ouvrir une crise de confiance sur le fonctionnement et sur l’adéquation entre les réponses stratégiques et les aspirations de celles et ceux que nous voulons représenter.
Si le fonctionnement actuel de la FI – dont tout le monde s’accorde à dire qu’il doit évoluer en lien avec son orientation stratégique – a maille à partir avec l’échec électoral du 26 mai, il a encore davantage à voir avec les conditions du rebond (rénovation, refondation, constituant…au choix). Il a à voir aussi avec l’articulation politique du rôle et de l’utilité des désormais 6 élus européens et de leurs liens avec le mouvement et les mouvements.
Deux écueils doivent être désormais absolument évités et ils ne l’ont déjà pas été suffisamment :
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jeter l’anathème sur tous les porteurs de critiques au nom de la préservation de la FI contre tous ses nombreux ennemis, ce qui revient à considérer que tout désaccord est un drame national, à théoriser le fait d’enfouir les divergences plutôt que de leur donner les moyens collectifs de se débattre et se résoudre. C’est ce que traduit le courrier interne sur le fonctionnement appelant notamment à un moment constituant de la FI et à l’élargissement des instances de décision.
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interdire toute tentative de prise d’oxygène dans les pourtours politiques de la FI, c’est à dire faire comme si nous étions seuls définitivement et que l’espace pour fédérer devait d’ores et déjà se trouver délimité pour se contenter d’appels abstraits « au peuple » ou aux abstentionnistes sans chercher à nuancer et identifier les médiations possibles (et donc à prendre les moyens nécessaires de les travailler). C’est ce que traduit, entre autres, l’appel Big bang.
A ce titre, il convient d’éviter les fausses oppositions entre unité du peuple et unité de la gauche. L’interprétation de l’annonce faite dans la presse par Jean Luc Mélenchon d’une prochaine « fédération populaire » le 25 avril 2019 que la campagne battait son plein n’a pas encore trouvé son moment de discussion et d’approfondissement (au delà de l’étonnement au mieux alors ressenti sur le terrain). Manuel Bompard nous livre sa définition dans un entretien avec Regards le 11 juin après avoir livré ses éléments de réponse aux interpellations du texte interne sur le fonctionnement sur le réseau social facebook : « L’idée de la Fédération populaire, c’est de partir d’abord des revendications populaires et ensuite de permettre aux organisations politiques qui le souhaitent de se mettre en appui et en soutien des ces dynamiques-là. » Intéressant mais ça mérite un débat dans la FI et autour, sauf à penser que l’entre soi permet de résoudre toutes les questions et d’entrainer à notre suite dans une fuite en avant. Comment identifier les « revendications populaires » et leur donner corps dans une cohérence programmatique et stratégique ? L’AEC l’a déjà largement fait mais le véhicule est une chose, le carburant une autre. De là, la question du fonctionnement et de la nature du mouvement.
Unir, rassembler, fédérer les classes opprimées reste l’objectif d’un mouvement de transformation révolutionnaire. L’unité des forces de gauche constituée ne peut être un préalable sans contenu et encore moins quand les dites forces constituées deviennent davantage préoccupées de leur propre perpétuation que de l’objectif de transformation révolutionnaire. Mais pour autant que la force va à la force et qu’une unité de combat peut être constituée, alors il faut y œuvrer. Comme un des éléments, pas le seul, et pas en opposition avec « fédérer le peuple », processus nécessairement imbriqué et alimenté autant par le signal donné par les forces constituées prêtes à se dépasser, que par les secousses « de la base ».
Des moyens et une impulsion réelle doivent être donnés dans les GA et leur élargissement (certains appellent à des cercles constituants, d’autres signent comme je l’ai fait, l’appel Big Bang…). Cet élargissement passe par la participation à des mobilisations et par des victoires face à Macron et son monde. Evidemment que les insoumis.es sont de la plupart sinon de toutes les mobilisations mais leur pertinence et leur utilité pourrait être renforcé par la mise en lien et la coordination des GA et l’organisation de la mutualisation des expériences et des analyses du terrain. D’ailleurs la préparation des élections municipales dans la plupart des villes donne déjà à voir dans un certain pragmatisme, des rassemblements de villes « en commun » qui sans retomber dans l’ornière de la « foire aux logos » ouvrent la porte à un nouveau périmètre des regroupements. Cela notamment dans un contexte de danger réel du RN et de la droite dure.
Il y a un vrai risque à demeurer dans l’incantation et à se couper de capacités d’agir, de mettre en lien, mais aussi à accepter la constitution d’espaces assumés de débats contradictoires sur les questions stratégiques, en « interne » mais surtout avec d’autres. Sans préalable à signer pour la FI et sans considérer que tout espace pluraliste équivaudrait à de la « tambouille ». La présence sur le terrain électoral et sur le terrain des mobilisations – comme pour le référendum contre la privatisation d’ADP – fait sens si elle mobilise sans exclusive autour d’objectifs et d’aspirations communes : la défense des services publics, de la souveraineté populaire, de la dignité et du pouvoir de vivre, l’écriture d’une page d’émancipation écosocialiste, prenant soin dans le même mouvement des gens et de la planète. Plus que jamais, nous savons qu’un écosystème trouve son équilibre et sa pérennité dans la diversité des éléments qui le compose.
Laurence Lyonnais