Face à un gouvernement qui se rallie au RN, l’urgence est au rassemblement de la gauche de rupture.
Le vote de la loi immigration avec les voix des Macronistes, des Républicains et du Rassemblement National, constitue un événement politique majeur. Confronté au rejet massif de sa politique de casse ultra-libérale, comme l’a montré le puissant mouvement contre la réforme des retraites, le pouvoir macronien a continué sur un terrain de plus en plus raciste et répressif pour tenter d’assurer l’hégémonie du bloc bourgeois.
Cette course vers l’extrême-droite a franchi un nouveau cap avec le vote, la nuit dernière, d’une loi immigration très largement alignée sur le programme du RN. Programme auxquels Les Républicains ont déjà totalement cédé. Que l’on en juge : préférence nationale pour les prestations sociales, remise en cause du droit du sol avec le retour à la loi Pasqua, insistance sur les mesures de déchéance de nationalité, réduction à peau de chagrin du processus de régularisation des travailleurs sans-papiers, imposition d’une caution aux étudiants étrangers soumis à un contrôle accru, un débat annuel sur des quotas migratoires, une réforme de l’Aide Médicale d’Etat dès 2024…
La préférence nationale, pierre angulaire de l’idéologie lepéniste entre dans le droit. C’est la rupture avec les principes de la Déclaration des Droits inscrite dans la Constitution qui est engagée.
Marine Le Pen et ses députés ne s’y sont pas trompés en célébrant à propos de cette loi leur victoire idéologique. Cela est indéniable et tous les tours de passe-passe rhétorique de la majorité et du gouvernement ne changent rien à leur abdication. Cette abdication devant le RN, alors qu’Emmanuel Macron a été en grande partie élu pour faire barrage à l’extrême-droite, ouvre une crise politique dont les fissures au sein de son camp ne sont qu’un symptôme. La faillite idéologique et la crise du régime sont extrêmement profondes. Dans ces circonstances, le spectre de la conquête du pouvoir par l’extrême-droite se rapproche dangereusement. Elle pourrait découler d’une dissolution provoquée par l’effondrement de la Macronie. Déjà nous sommes confronté.es à la régression immédiate, à la rupture avec nos principes fondamentaux, que représente la victoire acquise hier à l’assemblée par le RN, grâce au gouvernement et à sa majorité.
Une crise politique d’une telle profondeur impose une issue démocratique par un retour aux urnes. L’urgence est donc au rassemblement. Parce qu’une victoire du RN représenterait un danger mortel pour nos droits et pour nos libertés. Parce qu’elle entraînerait une régression sociale catastrophique, accompagnée d’une répression accrue contre les mouvements sociaux, il faut s’atteler à construire immédiatement le front des forces de la gauche et de l’écologie de rupture, et du mouvement social.
Face à la gravité de la situation, il faut plus que jamais l’unité. L’Unité sur le terrain social, dans la rue contre les régressions imposées par un pouvoir lepenisé. Par un regroupement de toutes les forces du mouvement ouvrier, du mouvement antiraciste, féministe, de lutte contre les oppressions, des organisations de défense des droits démocratiques, et la constitution de municipalités favorables à l’accueil. Unité politique, y compris sur le terrain électoral, sur une base de rupture sociale, démocratique et écologique, la seule qui puisse mobiliser pour intervenir ensemble et susciter l’espoir. Discutons programme pour examiner sérieusement les conditions de l’union dès les élections européennes. Ouvrons la discussion pour que les forces de la NUPES puissent converger à toutes les élections qui suivent, municipales, présidentielle, législatives.
La déclaration de la France Insoumise appelant à une rencontre des organisations ayant participé à la NUPES va dans le bon sens pour renouer les fils qui se sont distendus à l’approche des élections européennes. Loin des polémiques stériles, ce cap doit être maintenu, c’est le seul à la hauteur de la situation qui se présente et en mesure de conjurer la catastrophe imminente. La pression de l’extrême-droite est un phénomène durable. Il faut lui opposer un bloc de gauche uni durablement pour lui barrer la route et ouvrir une autre perspective.
L’heure est grave mais il est encore temps : face au nouveau fascisme, constituons un nouveau front populaire !
Collectif d’animation nationale de la GES, le 20 décembre 2023.