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Des méga-bassines à l’A69, vers une moisson de victoires ?

« Pas associés à de réelles mesures d’économie d’eau » et non adaptés aux effets du changement climatique. En annulant mardi 3 octobre, après des mois de lutes acharnés, les deux arrêtés préfectoraux autorisant la création de quinze méga-bassines en Nouvelle-Aquitaine, le verdict du Tribunal Administratif de Poitiers a fait l’effet d’une petite bombe sous les cris de joie des nombreu-ses-x opposant-e-s au méga-bassines.

C’est une très, très bonne nouvelle pour tous ceux qui se battent pour l’eau et contre les mégabassines » a réagi Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines non merci.

Pour la confédération paysanne « ce jugement légitime pleinement la demande de moratoire sur les méga-bassines » portés par de nombreuses associations, et l’arrêt immédiat « de tous les projets et toutes les méga-bassines ».

Ces réserves, d’une capacité totale de 3 millions de mètres cubes, devaient être construites en Charente, Charente-Maritime, dans les Deux-Sèvres ainsi qu’en Vienne. Le principe est de prélever de l’eau dans les nappes superficielles en hiver pour la mettre à disposition d’agriculteurs irrigants en été quand la pluie se fait rare.

Même si la préfecture a fait appel de la décision, cette dernière apporte un vent d’espoir car elle s’appuie sur les données scientifiques et les effets palpables de l’accélération du réchauffement climatique, et pourrait faire jurisprudence sur les autres dossiers de méga-bassines, notamment sur sur le sort de seize autres bassines dans les Deux-Sèvres, examiné prochainement par le Tribunal Administratif de Bordeaux.

La Gauche EcoSocialiste soutient pleinement la revendication portée par le collectif Bassines Non Merci, la Confédération Paysanne et Les Soulèvements de la Terre, d’un moratoire immédiat sur les nouveaux projets de bassines et de l’arret de tous les travaux en cours.

« On a plutôt des températures qui sont assez normales, pour un été », déclarait le 15 juillet, le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, dans une belle démonstration bonhomme de climato-scepticisme crasse, alors que le mois de juillet a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur la planète, après que la période 2015-2022 ait enregistré les 8 années ayant battu ce triste record, avec leur cortège d’événements climatiques extrêmes tous plus intenses les uns que les autres : sécheresses, méga-feux, et giga-inondation du Canada à la Chine en passant par le bassin méditerranéen et Hawaï.

Marc Fesneau et Emmanuel Macron n’ayant visiblement pas été touchés par la grâce en écoutant le discours du Pape qui fustige l’irresponsabilité climatique des dirigeants des pays riches et appelle à adopter des mesures contraignantes lors de la prochaine COP afin de respecter les accords de Paris, ce qui constitue un point d’appui fort appréciable, il nous faudra donc poursuivre et renforcer ce qui vient de faire une nouvelle fois ses preuves.

Car il ne fait pas de doutes que la décision du Tribunal de Poitiers est à mettre au compte de la mobilisation citoyenne tenace, de Sainte-Soline au Convoi de l’eau de cet été, portée par la large coalition d’associations et organisations diverses dont le collectif Bassines Non Merci, Attac, la Confédération Paysanne et les Soulèvements de la Terre avec le soutient de collectifs de scientifiques …

C’est bien celle-ci qui est parvenue a percer le mur du tribunal pour arriver aux oreilles des juges. Cette victoire, jamais à l’abri de retournements à ce stade, s’inscrit dans un cycle qui va de Notre-Dames des Landes au Triangles de Gonesse et d’autres à plus petites échelles pour les plus récentes, après celle du MacDo de Millau du Larzac et de bien d’autres …

Ces mobilisation victorieuses, sans nier leurs particularités propres, ont ceci en commun qu’elles parviennent à articuler massivité, radicalité et actions de désobéissances partagées par tou-te-s, avec un fort ancrage dans les territoires et des formes d’organisation privilégiant l’horizontalité. En voulant dissoudre les Soulèvements de la terre, qui malgré leur jeunesse parviennent à insuffler un vent puissant à la myriade de luttes locales, et à leur donner une cohérence d’ensemble, le gouvernement dans sa fuite en avant autoritaire inquiétante, ne s’y’est pas trompé,  mais s’est cassé les dents sur la vacuité de ses arguments.

Des rencontres riches des Résistantes de cet été au Larzac, au week-end des Soulèvements de la terre de fin septembre à Dijon, une nouvelle saison de luttes écologiques s’ouvrent pour les mois qui viennent, dans laquelle la Gauche Ecosocialiste prendra toute sa place pour arracher de nouvelles moissons de victoires, à commencer par les mobilisations dans le cadre de la Déroute des routes, contre les nouveaux projets routiers climaticides et socialement injustes, sponsorisés par Vinci, Eiffage et du capitalisme fossile, à rebours des recommandations du Giec et de la plupart des autorités environnementales, alors que des alternatives viables, respectueuses de la biosphère et socialement justes existent. Nous soutenons la aussi pleinement la revendication d’un moratoire immédiat sur tous les nouveaux projets routiers.

Les  14 et 15 octobre, à l’initiative du large collectif « Bloque ton Périh », contre le projet de méga périphérique au nord de Montpellier qui conduirait à l’abatage de dizaines de milliers d’arbres, la pollution de sources d’eau potable, la destruction du milieu de vie de dizaines d’espèces protégées, a une urbanisation  accrue et a l’accroissement du trafic de camions et voitures. Programme sur ce lien.

Les 21 et 22 octobre, dans l’acte 2 contre le projet d’A69 entre Toulouse et Castres, à l’initiative du collectif La voie Est Libre, et soutenu par LFI, qui condamnerait près de 400 ha d’espaces agricoles et naturels à la bitumisation, a des pollutions aquatiques, et a l’abattage de dizaines de milliers d’arbres, pour un gain de seulement 12 à 20 mn de temps de trajet, pour un tronçon de 63 km au prix modique de 17€, et contre lequel s’élève une large mobilisation citoyenne portée par des dizaines d’organisations associatives, syndicales et politiques, des centaines d’élu-ess locaux et plus de mille scientifiques, sans oublier des dizaines de grévistes de la faim.

Enfermé dans le monde productiviste  d’avant, Carole Delga la présidente de la région Occitanie, et Clement Beaune ministre des Transports, viennent encore de fermer la porte à un appel à la raison lancé par plus de 700 personalités réclamant un moratoire sur ce projet écocidaire.

Plus largement, si ce foisonnement de luttes est précieux et indispensable pour s’opposer aux projets de nouvelles infrastructures destructrices de l’environnement qui accélèrent le chaos climatique, ce n’est qu’adossé à une rupture et à une bifurcation écosocialiste planifiée démocratiquement, qui suppose la mise en œuvre du programme de la NUPES porté par la gauche sociale et écologiste, qu’il sera possible d’enrayer la catastrophe environnementale en cours.

Alain Mathieu