Je m’appelle Carlos Martens Bilongo. Je suis né en France, à Villiers-le-Bel, en 1990. J’y ai grandi et j’y ai passé toute ma vie.
J’ai eu l’immense honneur d’avoir été élu député de la Nation en juin 2022. Avant, j’étais enseignant et militant associatif. Ce jeudi, je faisais mon travail de parlementaire : je posais une question au gouvernement. Comme cela se fait toutes les semaines à l’Assemblée.
Sauf que moi, je n’ai pas pu aller au bout de ma question, parce qu’un député du Rassemblement National m’a interrompu en me criant « Retourne en Afrique ! ».
Je ne pensais pas entendre un jour ces mots au sein de l’Assemblée Nationale. Mais le racisme nous rattrape toujours, même dans les lieux les plus prestigieux de la République.
Je constate que tout le groupe du Rassemblement National a immédiatement fait bloc derrière celui qui m’a insulté. Qu’ils tordent les mots pour justifier l’injustifiable. Mais soyons sérieux : cela aurait-il été plus acceptable qu’un député hurle, à propos des réfugiés du bateau de SOS Méditerranée en situation critique, « qu’ils retournent en Afrique » ? Le racisme est-il devenu si banal pour que cette phrase soit devenue acceptable ?
J’affirme que des bancs de la NUPES à ceux de LR, tous les députés présents ont entendu la même phrase. En témoigne la déclaration du président du groupe parlementaire LR, situé juste à côté de celui du Rassemblement National. La vérité ne tardera pas à éclater.
Cette sortie haineuse lève le masque sur le danger que représente toujours le Rassemblement National pour notre pays. Si un député peut cracher sans complexe au visage d’un autre député en raison de sa couleur de peau, en plein hémicycle, que va-t-il s’autoriser à faire si jamais sa formation arrivait au pouvoir ?
Cet épisode nous rappelle ce qu’est l’extrême-droite en France : le mépris des institutions et la détestation de millions de nos compatriotes français. Je demande des excuses solennelles. Mais elles ne suffiront pas : ce député n’a plus rien à faire dans l’Assemblée.
À tous ceux qui me lisent, je vous appelle à faire bloc contre le poison raciste.
Ce jeudi, j’avais invité des enfants de ma circonscription à l’Assemblée pour qu’ils assistent à ma Question au gouvernement, avec une certaine fierté. Je pense à eux. C’est pour eux que je continuerai à exercer mon mandat, sans jamais avoir à me justifier sur la couleur de ma peau. Et pour qu’enfin un jour, ils puissent vivre débarrassés du racisme qui, à force de complaisance, progresse dans ce pays.