Les villes et les campagnes ukrainiennes sont sous les bombes. Les civils sont pris pour cibles et jetés sur les routes de l’Europe, entraînant la mort de dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants tous les jours. L’invasion menée par l’armée russe, sur ordres de Vladimir Poutine, réveille les pires souvenirs de notre continent traumatisé par deux guerres mondiales. La solidarité avec le peuple ukrainien et les réfugiés fuyant cette guerre, quelles que soient leurs origines, va de soi pour nous, qui nous reconnaissons dans les combats de la gauche et de l’écologie politique. Cela nous fait devoir de nous rassembler, dans la diversité de nos engagements politiques, pour nous hisser à la hauteur de la violente crise internationale qui gronde et grandit à nos portes. Nous devons poursuivre un objectif unique : contribuer à rechercher une issue démocratique et pacifique à ce conflit.
Vladimir Poutine, l’agresseur, cherche à la fois à construire une puissance impériale et à étouffer les aspirations démocratiques qui s’expriment en Ukraine, en Biélorussie et également en Russie. Pour y parvenir, il exacerbe le nationalisme grand-russe par une politique de puissance agressive. Il cherche à restaurer le statut de puissance mondiale et impériale de la Russie et à écraser les gouvernements et les peuples qui lui tiennent tête, dans ce qu’il estime être sa zone d’influence, en n’hésitant pas à reprendre la vieille thèse anti-démocratique de « souveraineté limitée » émise en son temps par le dirigeant soviétique Leonid Brejnev. Pour parvenir à ses fins, il va jusqu’à brandir la menace nucléaire et à mettre en danger l’humanité entière. À l’heure où tous les efforts devraient être concentrés dans la lutte contre le réchauffement climatique et les injustices sociales, Poutine choisit la guerre, le chaos et le sang.
L’OTAN, outil de guerre froide, aurait dû être dissoute à la fin de l’affrontement est-ouest en 1991 pour laisser place à des mécanismes de sécurité collective, incluant l’ensemble des pays d’Europe, dont la Russie, afin d’éviter le revanchisme et la paranoïa du pouvoir russe. Quels qu’aient été les jeux de puissance malsains et dangereux joués par les USA et leurs alliés de l’OTAN qui ont contribué à déstabiliser la région, Vladimir Poutine porte la responsabilité des événements dramatiques en cours.
Pour l’heure, l’offensive militaire rencontre une double résistance : résistance militaire ukrainienne et résistance de la société civile qui luttent pour préserver l’indépendance et les libertés de leur peuple. En Russie, la mobilisation citoyenne force elle aussi l’admiration en surpassant elle aussi que ce que le Kremlin pouvait envisager. La répression fait tout pour asphyxier les multiples actes de contestation, d’autant plus qu’elle s’appuie sur des lois liberticides adoptées dans la précipitation, la censure et une manipulation médiatique outrancière. Les manifestantes et manifestants anti-guerre contrecarrent sa volonté de passer en force, de même des réticences fortes des soldats russes à s’engager dans le conflit se manifestent, obligeant Poutine à aller chercher des mercenaires syriens pour faire le sale boulot… Ces éléments sont autant de témoins d’un rejet profond de l’invasion jusque dans la population russe. Ce sont des signes de faiblesses du pouvoir en place, qui peuvent jouer un rôle important dans la construction d’une issue à cette très grave crise internationale.
La réprobation de l’opinion internationale et l’isolement de Poutine sont désormais manifestes sur le plan diplomatique. Pour autant, la machine qu’il a mise en branle poursuit son œuvre de destruction en Ukraine.
Une victoire de Vladimir Poutine serait catastrophique pour la paix mondiale et la démocratie. Elle laisserait libre cours à son projet, ouvrant ainsi une phase d’instabilité lourde de danger pour l’Europe et le monde, dans un contexte de fortes tensions entre impérialismes américain, russe et chinois et de surarmement nucléaire. La guerre en cours encourage déjà un renforcement de l’OTAN, qui apparaît comme la seule issue pour beaucoup de petits États en mal de protection. De ce point de vue, l’agression de Poutine risque de nous précipiter dans un dangereux cercle vicieux. À l’opposé de cette dynamique régressive, nous, femmes et hommes de gauche, écologistes, souhaitons fixer un cap politique clair refusant la guerre, choisissant la paix, la démocratie et l’écologie comme avenir de notre monde et de notre continent.
C’est en ce sens que :
Nous réclamons l’arrêt immédiat de l’offensive de la Russie en Ukraine, un cessez-le feu et le retrait de l’armée russe, permettant l’ouverture de négociations dans des conditions équitables.
Nous affirmons que l’issue de cette guerre doit être diplomatique et que toutes les parties qui s’opposent sur le territoire ukrainien doivent en faire la priorité absolue.
Nous nous opposons à l’annexion de l’Ukraine ou à une partition qui serait obtenue par la guerre, en vertu du droit du peuple ukrainien à disposer de lui-même. Aucun référendum d’autodétermination ne peut avoir lieu avec un pistolet sur la tempe.
Nous défendons le droit à l’auto-défense de la société civile et du gouvernement ukrainien, sous toutes ses formes, tant que l’agression se poursuit. Tout en étant profondément pacifistes, nous comprenons que la livraison d’armes à l’Ukraine et la constitution de brigades internationalistes sont la condition nécessaire de sa résistance.
Pour empêcher toute nouvelle escalade du conflit, tout risque d’embrasement généralisé, nous nous opposons à toute implication directe de l’OTAN dans les opérations militaires de l’Ukraine contre l’armée russe.
Nous soutenons toutes les sanctions économiques qui frappent les oligarques et le gouvernement russes. Nous voulons un plan de sortie coordonné à l’échelle européenne des hydrocarbures et du nucléaire doublement nocives, sur un plan environnemental comme sur le plan stratégique vis à vis des régimes dictatoriaux dont elles nous rendent dépendants. Nous demandons au gouvernement français d’exiger le retrait, ou pour le moins la suspension, des activités de Total Energie en Russie y compris en matière gazière.
Nous affirmons l’urgence de développer en France des mobilisations pacifistes en solidarité avec la résistance ukrainienne et avec les mobilisations de la société civile russe contre la guerre.
Nous demandons l’annulation immédiate de la dette ukrainienne.
Nous soutenons les politiques d’aide humanitaire, sanitaire, alimentaire, aux populations ukrainiennes, menées par les États et collectivités locales.
Nous soutenons toutes les initiatives, de rassemblement, de manifestation, de jumelage, parrainage, d’action culturelle, de collecte humanitaire, venant du mouvement associatif ou syndical et des initiatives citoyennes.
Nous défendons une politique d’accueil digne des millions de réfugié·es quelle que soit leur origine.
Nous défendons la mise sur pied, sur des fondations démocratiques authentiques, d’une alliance défensive européenne indépendante de l’OTAN, qui assurerait la protection de toutes et tous, y compris les États qui ne sont ni membres de l’Otan ni de l’UE.
Au-delà, et à plus long terme, nous exigeons une conférence de paix européenne sous l’égide de l’OSCE incluant tous les États européens, y compris la Russie, et devant déboucher sur un pacte de sécurité collective. Un tel pacte doit aboutir à la dissolution de toutes les alliances militaires (OSTC, OTAN) et doit être garanti par l’ONU. Dans ce cadre, il faut engager un processus de négociation aboutissant à un désarmement nucléaire dont l’absolue nécessité est à nouveau tragiquement mise en lumière.
Signataires
Tribune collective d’écologistes et de membres de Générations, d’Ensemble du PCF et d’EELV co-signée par :
Christophe Aguiton,
Manu Arvois,
Emmanuelle Becker,
Patrice Cohen-Séat,
Alain Coulombel,
Elsa Faucillon (députée des Hauts de Seine),
David Flacher,
Jérôme Gleizes,
Pierre-Francois Grond,
Ingrid Hayes,
Pierre Khalfa,
Marie Luchi,
Raymonde Poncet Monge (sénatrice du Rhône)
Barbara Romagnan