C’est un carnage social activement soutenu par l’Etat. Les membres du gouvernement affichent leurs larmes de crocodile. Car si le japonais Bridgestone peut annoncer brutalement la fermeture de son usine de Béthune dès 2021, c’est qu’il en a le droit. Que valent des vies brisées, des territoires décimés, au regard de profits toujours plus obèses à engranger ? Rien dans le grand Monopoly du capitalisme financiarisé.
Gabriel Attal dénonce une » trahison de la confiance ». Bruno Le Maire fustige une « décision révoltante, avec une méthode révoltante et des conséquences révoltantes ». « Bridgestone aura à rendre des comptes », nous dit Jean-Baptiste Djebbari. Le gouvernement fait mine de montrer les muscles mais il est impuissant par dogmatisme idéologique.
Bridgestone n’est pas hors la loi : les licenciements peuvent s’enchaîner dans de grandes entreprises qui distribuent pourtant les dividendes et engrangent des aides publiques, à commencer par le CICE, sans aucune contrepartie. Les salariés n’ont pas voix au chapitre puisque la finance détient le pouvoir et que les décisions de fermeture se jouent très loin des unités de productions. C’est la logique de compétitivité et de rendements maximum qui domine parce que les gouvernements, les uns après les autres, leur ont laissé les clés. Or qui en a décidé ainsi ? C’est bien une succession de choix politiques qui permettent d’en arriver là.
L’État peut et doit, par la la loi, par des règles servant le bien commun et non les intérêts du capital, donner du pouvoir de décisions à celles et ceux qui travaillent, cesser de déverser de l’argent public sans contreparties sociales et environnementales, agir contre le dumping social en favorisant la relocalisation de notre économie.
Comble du mépris, la direction de Bridgestone ne sera pas présente ce lundi à Béthune, à la réunion de travail qui comptera deux ministres et le président de la Région. L’Etat est à nu, rendu incapable d’agir par des décennies de néolibéralisme.
Clémentine Autain. Publié sur le Fil des Communs.