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11 mai : priorité à la santé ! Un revenu pour toutes et tous !

La crise du Coronavirus est loin d’être terminée. Mais peut-être une première étape s’achève-t-elle en France avec la perspective de la fin du confinement. Le confinement ne peut être maintenu sur une longue durée, pour des raisons sociales et économiques évidentes. Mais il faut organiser le déconfinement pour qu’il soit possible dans des conditions optimales sur le plan sanitaire, ce qui nécessite le respect du droit de retrait sur les lieux de travail là où la protection sanitaire n’est pas respectée.

Ecartons d’emblée l’illusion qu’on pourrait atteindre les 60% d’immunité collective. Cela reviendrait à accepter des centaines de milliers de morts. Sur un plan strictement sanitaire, il faut fournir chaque jour les millions de masques, gratuits et de bonne qualité, nécessaires pour les salarié.es, les élèves à l’école, les tests de dépistage, permettant ensuite d’isoler les personnes infectées et ainsi circonscrire les clusters, avec les fonctionnaires en nombre suffisant pour suivre les « cas contacts »,. L’urgence est évidemment que soient mis au point un traitement et un vaccin, seuls moyens de venir à bout de l’épidémie. En attendant, c’est la vie en temps de coronavirus qu’il s’agit de préparer.

Le moins qu’on puisse dire est que ce n’est pas ce à quoi le gouvernement s’emploie, et ce depuis le début de la crise. L’impréparation, l’incurie, les mensonges, tout cela est désormais bien connu. S’ajoute désormais, alors que le 11 mai approche, une cacophonie permanente à l’échelle du gouvernement, renforcée par les pratiques monarchiques de Macron, et l’impression tenace que rien n’est prêt, parce qu’au-delà même des masques, tests, gel hydroalcoolique, qui sont loin d’être en quantité suffisante, aucun problème n’a été anticipé.

L’incompétence au sommet de l’Etat nous oblige, forces de la gauche écologique, organisations syndicales, associations, à envisager une direction alternative de la crise, en réfléchissant aux mesures concrètes qu’il convient de prendre pour que les conditions d’un déconfinement réussi soient réunies.

Le plan de déconfinement proposé à l’Assemblée nationale par le groupe parlementaire de la France Insoumise est un point d’appui pour cela. Il s’agit d’un travail indispensable.

Nous devons en effet d’abord exiger des mesures d’urgence. Parmi celles-ci, la protection nécessaire des salarié.e.s et des usagers, la défense du droit du travail (dont les remises en cause s’étendent à commencer par des droits syndicaux), mais aussi des mesures face à la crise sociale causée par le confinement. Les associations ne peuvent être laissées seules face à l’urgence, les institutions d’Etat doivent être mobilisées, et un fonds social doit être abondé notamment grâce au rétablissement de l’ISF, la fin de la distribution des dividendes des grandes entreprises aux actionnaires : des aides déclaratives, en particulier alimentaires pour les familles en détresse parce que sans ressources, les précaires, les salarié.e.s en fin de CDD, l’indemnisation pour les chômeurs dont le nombre a explosé au mois de mars (+7%),  la garantie d’un revenu inconditionnel pour celles et ceux qui ne disposent pas d’un revenu équivalent au SMIC, le blocage des loyers, des remboursements de prêts, des factures de gaz et d’électricité, la défense des libertés individuelles et collectives, la dénonciation et la fin des violences policières discriminatoires, l’exigence de moyens pour protéger les femmes et les enfants victimes de violences, la prise en charge des mineur.e.s isolé.e.s, la régularisation des sans papiers, l’ouverture des centres de rétention et la prise en charge sanitaire des migrant.e.s.

Mais d’autres revendications s’imposent, celle du financement direct des Etats par la Banque Centrale Européenne et l’annulation de la dette de la France a vis à vis de celle-ci, une réduction massive du temps de travail, seule à même de permettre une reprise partielle de l’activité économique à partir du 11 mai, ne serait-ce que pour gérer la question des transports, un plan de recrutement massif dans la santé et l’éducation, la revalorisation des métiers exercés essentiellement par des salariées, aujourd’hui les plus indispensables et les plus exposés : l’ensemble des soignant-e-s bien sûr, mais aussi les travailleur.ses de l’agro-alimentaire, les caissières et les personnels du nettoyage.

A plus long terme, la crise révèle que c’est l’ensemble du fonctionnement de la société qu’il faut revoir, pour aller vers une société de la sobriété énergétique, sortie du consumérisme et du productivisme, une société où la fiscalité impose le partage des richesses en remettant en cause la propriété, une société de l’égalité des droits, du contrôle démocratique sur les choix de production, alliant planification et formes d’auto-gestion, mais aussi re localisation  de productions essentielles pour les besoins de la population ( médicaments par exemple). Cela implique d’exiger le contrôle public et la propriété collective sous contrôle des salarié.es, des citoyen.nes et des élu.es des grands laboratoires pharmaceutiques. Une société qui investisse massivement dans les services publics indispensables, notamment dans la santé, l’éducation, le logement, qui revoie radicalement la hiérarchie entre les métiers.

Tout le contraire du Medef et des entreprises du CAC 40 qui continuent à verser des dividendes aux actionnaires. Eux ne rêvent que d’allongement de la durée du travail, de réduction des congés et des RTT, de diminution des salaires, tout au moins dans certaines entreprises, de s’affranchir des normes écologiques et environnementales.

Cette articulation entre mesures d’urgence et mesures engageant une transformation profonde se pose notamment concernant la réouverture des écoles annoncée unilatéralement pour le 11 mai. C’est un exemple de l’amateurisme du gouvernement, qui déconfine d’abord les plus jeunes, sans tenir compte des préconisations des scientifiques, dans l’objectif de renvoyer les parents travailler. Le seuil de 15 élèves annoncé le 29 avril est inacceptable, 10 étant un maximum, notamment dans les écoles. C’est un exemple de son cynisme, à imputer au confinement une fracture sociale qu’il vient de découvrir après l’avoir aggravée, et sans avoir pris, depuis le début du confinement, les mesures d’urgence indispensables pour préserver les plus pauvres et les plus fragiles de la misère (gel des loyers, aides alimentaires, moyens budgétaires d’urgence assurant notamment des connexions gratuites…) Mais il faut également définir les conditions auxquelles une réouverture des établissements scolaires est possible, en considérant l’ensemble des personnels de l’Education nationale comme les agent.es d’un service public dont le fonctionnement sans garanties sanitaires solides, à la fois locales et globales, est susceptible de relancer la propagation du virus. Et sans perdre de vue que les conditions du déconfinement scolaire ne peuvent être envisagées indépendamment de la situation sanitaire globale. Au-delà du 11 mai, la question qui est posée pour l’école est celle de la création de conditions lui permettant de fonctionner durablement en temps de crise pandémique. Les solutions à imaginer assorties des moyens pour les mettre en œuvre doivent être construites collectivement et pour l’essentiel imposées au gouvernement qui ne les mettra pas en œuvre de lui-même d’ici la mi-mai. Utilisation des espaces, effectifs, organisation du travail entre présentiel et à distance, mise en place d’une véritable médecine du travail, inexistante dans l’Education nationale, et d’une véritable médecine scolaire pour repérer les malades et les personnes à risque, plan de recrutement massif de personnels, réduction du temps de travail. En regardant plus loin encore, il s’agit de repenser un service public d’éducation en refusant de revenir à « l’avant » : nous défendons une conception du service public mise à mal depuis des décennies et dont la crise de la pandémie révèle les failles béantes. Il parait important de poser maintenant les bases d’une école au temps du coronavirus qui essaie d’être plus près des élèves, des familles, d’une pédagogie renouvelée, une école émancipatrice.

Si on ne veut pas que le monde d’après ressemble à celui qui nous a mis dans la situation que nous subissons il faut faire échec à cette politique du Medef et du gouvernement.

Pour cela nous avons besoin d’un front politique, social et écologique, qui oppose au gouvernement une autre gestion de la crise et impose une autre société.

Ensemble insoumis