Encore un jeune tué lors d’une intervention policière. Ce mardi 3 juillet, à Nantes, dans le quartier du Breil, suite à un contrôle policier, un CRS tire sur Aboubakar F, 22 ans, qui « touché au cou », décédera quelques instants plus tard.
En apprenant la nouvelle, des jeunes de plusieurs quartiers populaires de Nantes ont laissé éclater leur colère : jets de projectiles contre les policiers, bâtiments et voitures incendiés.
Evidemment, comme à chaque fois dans ce genre d’affaire, la police s’empresse de donner sa version des faits pour laver de tout soupçon les policiers incriminés. Elle parle de « refus d’obtempérer », de » légitime défense », de «CRS blessé».
Et comme à chaque fois ou presque, des témoins sur place contestent la version policière. Plusieurs témoins affirment au contraire qu’Aboubakar aurait juste essayé de « faire une marche arrière » qu’ »il n’y avait pas de CRS blessé » et qu’il était immobile quand un policier lui aurait « tiré dessus à bout portant. »
Les appels au calme lancés par la maire de Nantes et par le gouvernement qui encouragent les habitantEs à attendre les résultats de l’enquête ont peu de chance d’être compris. Les habitantEs savent bien que ce ne sont pas quelques bâtiments incendiés et quelques voitures brulées qui amélioreront leur quotidien. Au contraire même. Mais ils savent aussi que quand des policiers sont soupçonnés d’être impliqués dans des cas de violences policières, l’enquête s’éternise et se conclue quasiment à chaque fois par un non-lieu ou au mieux par du sursis.
Et surtout ils vivent dans leur chair au quotidien ce que nous ne voyons jamais à la télévision, le harcèlement policier, les contrôles au faciès, les coups et humiliations répétés lors des nombreux contrôles policiers et ils savent que ces pratiques policières ont forcément comme conséquence que régulièrement des habitants meurent ou sont gravement blessés lors d’interventions policières.
C’est pour que ça change que nous participerons à la « marche Adama » le 21 juillet à 14h organisée par le comité Adama et les proches d’Adama au départ de la garde de Persan Beaumont 2 ans après la mort d’Adama Traoré lors de son interpellation par des gendarmes.
Et comme nous l’avons fait pour Adama Traoré et pour de nombreuses autres victimes de violence policière, nous exigeons qu’une enquête indépendante soit menée pour faire toute la lumière sur les circonstances du drame et nous apportons tout notre soutien à la famille et aux proches d’Aboubakar F dans ces moments douloureux. Il ne peut y avoir d’impunité policière, la justice doit pouvoir faire son travail en toute indépendance et en toute transparence et un policier doit être jugé comme n’importe quel citoyen.
Laurent Sorel