La Coupe du monde de football féminine s’est terminée le dimanche 7 juillet. Ce mondial aura été marqué par la visibilité de sportives lesbiennes ou bi, leurs prises de positions politiques et une audience croissante. Si ce constant est encourageant, les inégalités demeurent importantes, notamment dans le pays des gagnantes états-uniennes.
Une visibilité croissante…
Lors de cette édition, le site Outsport a dénombré 40 professionnelles ouvertement lesbiennes ou bi sur 24 équipes: c’est deux fois plus que lors du mondial de 2015. La finale qui opposait les USA aux Pays-Bas gagne quant à elle le record du plus grand nombre de participantes out sur le terrain, avec dix joueuses et une coach. La forte croissance des audiences enregistrée concourt par ailleurs à augmenter la visibilité des LGBTIQ dans le sport, bien qu’il soit éclairant de noter que la dernière Coupe du monde masculine ne comptait aucun footballeur ouvertement gay.
Si l’équipe des USA s’est fait remarquer par ses victoires, ce sont aussi les prises de positions politiques de certaines de ses joueuses qui ont attiré l’attention. En effet, qui ne connaît pas encore la co-capitaine de l’équipe, Megan Rapinoe ? Elle s’est imposée ces derniers mois comme porte-parole des femmes et de la communauté LGBTIQ. Par opposition à la politique de Trump, elle a décidé de ne pas chanter l’hymne national en début de matchs. En 2016, lors des Jeux olympiques, elle avait par ailleurs mis un genou à terre, imitant Colin Kaepernick, joueur de football américain qui proteste par ce geste contre les violences policières et les inégalités raciales qui secouent les Etats-Unis.
Elle et ses coéquipières poursuivent leur Fédération pour discrimination et sont actuellement en médiation pour trouver un compromis sur l’égalité salariale. Une partie du public de la finale a d’ailleurs profité de l’entrée sur le terrain du président de la FIFA pour scander «Equal Pay!» ( Egalité salariale!).
… et des inégalités persistantes
Malgré cela, le modèle capitaliste sur lequel repose le football à haut niveau n’est pas remis en cause. De même, comme le souligne Stéphanie Le Bars(1), l’équipe étatsunienne est bien peu représentative de la population du pays, puisque la grande majorité de ses joueuses est blanche. Une telle composition s’explique notamment par des facteurs d’ordre économique : en effet, aux États-Unis, le soccer est réservé aux classes supérieures et blanches de banlieue. Participer à des compétitions exige de parcourir le pays, tandis que les terrains d’entraînement sont eux-mêmes si loin des centres urbains qu’il est difficile de s’y rendre autrement qu’en voiture. De plus, le système «pay to play» se généralise, contraignant les familles à débourser en moyenne 3000$ par an pour permettre à leur enfant d’accéder à une équipe en vue qui attirera les recruteurs·euses.
Nous pouvons nous réjouir de certaines avancées sans perdre de vue que le sport n’est pas isolé du monde social et demeure confronté au racisme, au sexisme et à la LGBTIQphobie.
Aurélie Gay. Publié par solidaritéS.