Alors que le rude face-à-face autour de l’Ukraine ne montre aucun signe de détente, le sénateur américain Bernie Sanders a pris la parole au Sénat jeudi 10 février pour lancer un appel passionné en faveur d’une solution diplomatique à la crise impliquant les Etats-Unis et la Russie, deux superpuissances nucléaires.
Bernie Sanders (Indépendant du Vermont) a averti que l’Europe «pour la première fois en près de 80 ans est confrontée à la menace d’une invasion majeure» alors que les troupes russes se massent le long de la frontière ukrainienne. Faisant écho à son opinion publiée dans le Guardian du mardi 8 février, il souligna que se précipiter dans une guerre avec Moscou aurait des «conséquences imprévues» potentiellement catastrophiques.
Le sénateur socialiste et démocrate a rappelé de nombreuses guerres menées par les Etats-Unis et leur coût humain, depuis les pertes «presque incalculables» de vies humaines au Vietnam, au Cambodge et au Laos pendant les 21 ans d’engagement étatsunien en Indochine, jusqu’à la prétendue guerre contre le terrorisme, des conflits tout aussi longs dans lesquels «des millions d’innocents ont payé un prix» pour ce qui était, dans les deux cas, des casus belli douteux.
«C’est pourquoi nous devons faire tout notre possible pour trouver une résolution diplomatique afin d’empêcher ce qui serait une guerre extrêmement destructrice en Ukraine», a souligné Bernie Sanders, qui a voté pour autoriser la guerre en Afghanistan en 2001 mais contre l’invasion de l’Irak.
Sanders, candidat démocrate par deux fois aux primaires pour la présidence, a cité des estimations selon lesquelles une guerre en Ukraine pourrait faire «plus de 50 000 victimes civiles» et déclencher une crise massive de réfugié·e·s qui pourrait être la pire sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale, tout en mettant en garde contre la possibilité «encore plus terrible» que le conflit entraîne d’autres nations dans la région.
En outre, les sanctions occidentales visant la Russie «pourraient entraîner des bouleversements économiques massifs» et avoir un impact négatif sur tout, de l’approvisionnement en nourriture et en énergie au système financier et à d’autres biens et services vitaux. Les effets, a déclaré Sanders, «seraient ressentis en Europe, ils seraient ressentis ici aux Etats-Unis et dans le monde entier».
Tout en reconnaissant l’agression «inacceptable» du président russe Vladimir Poutine contre l’Ukraine, Bernie Sanders a affirmé qu’«il est bon de connaître un peu l’histoire», à savoir l’expansion provocatrice de l’OTAN aux portes de la Russie.
Bernie Sanders a également critiqué le refus «hypocrite» des Etats-Unis de reconnaître l’axiome géopolitique russe de l’étranger proche – la «sphère d’influence» de Moscou –, d’autant plus en tenant compte de près de 200 ans d’hégémonie de la doctrine Monroe des Etats-Unis.
Réitérant son appel à toutes les parties intéressées à «travailler dur pour parvenir à une résolution réaliste et mutuellement acceptable» de la crise qui ne cesse de s’aggraver, Bernie Sanders a fait valoir que la voie diplomatique «n’est pas la faiblesse». «Ce n’est pas une reculade», a-t-il insisté. «Rassembler les gens pour résoudre les conflits de manière non violente, c’est la force, et c’est la bonne chose à faire.»
Article publié par Common Dreams, le 10 février 2022. Traduction rédaction A l’Encontre.