Instagram RSS

Questions à la FI sur la guerre en Ukraine

Sima Ghaffarzadeh

Questionnaire Comité français du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine (RESU)

Comment caractérisez-vous la guerre menée sur le sol ukrainien par la Russie ?

Comme la France insoumise l’a déclaré dès le 22 février 2022, cette guerre est une guerre d’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette dernière a ce faisant piétiné l’ensemble du droit international en la matière, notamment les quatre Conventions de Genève de 1949 et leur Premier protocole additionnel de 1977, ainsi que la Charte des Nations unies dont elle est signataire.

Le conflit a donc débuté par l’agression d’un pays tiers, ce dont Vladimir Poutine porte seul l’entière responsabilité. Outre le déclenchement illégal de cette guerre, le ciblage des civils constitue également une violation intolérable du droit international humanitaire dans la conduite de la guerre.

Comment envisagez-vous son issue ? Le retrait préalable de la Russie de tous les territoires ukrainiens occupés illégalement depuis 2014 est-il pour vous une condition à l’ouverture de négociations pour une paix juste et durable ?

L’objectif est que l’Ukraine récupère sa souveraineté territoriale, conserve sa souveraineté économique et cesse au plus vite de subir la saignée majeure que lui impose l’effort de guerre et ses 2000 combattants tués par mois.  La question des moyens vers ce but est essentielle. Partant du constat qu’il ne peut y avoir de victoire militaire d’un des belligérants sans risque de généralisation du conflit dont l’Ukraine serait la première victime, nous sommes favorables à une solution politique, donc à des négociations. Si l’évacuation préalable des zones occupées illégalement est une condition des négociations, celles-ci ne démarreront jamais.

Il faut commencer par ouvrir des négociations sur des questions très concrètes comme la sûreté des installations nucléaires situées en zone de guerre. Dès 2022, quand les combats se rapprochaient de la centrale nucléaire de Zaporijia, la France insoumise, par la voix de Jean-Luc Mélenchon, a appelé en ce sens.

De même, il faut actionner nos leviers diplomatiques et tout faire pour réunir la Russie et l’Ukraine autour de la même table afin de parvenir à un accord de paix. Il est normal que celui-ci semble lointain aujourd’hui, puisque c’est précisément le rôle de la diplomatie que de tracer un chemin dans l’obscurité. Car il ne faut pas confondre diplomatie et posture morale :  le principe même d’une action internationale au service de la paix est de parler aussi à ceux qui ne sont pas nos amis. A cet égard, le cessez-le-feu serait accepté par la Russie, si l’on en croit les déclarations du Président Macron aux chefs de partis en mars dernier. Et, toujours selon lui, le vote, sous surveillance internationale, des populations concernées pour décider de leur appartenance nationale serait accepté par l’Ukraine. Il existe donc une amorce de chemin, alors que près d’un demi-million de personnes ont perdu la vie depuis le début de l’invasion russe.

L’objectif doit être de mettre sur pied une architecture régionale de sécurité collective durable. Il faut le faire maintenant, puisque cela n’a pas été fait à la chute de l’Union soviétique. Il faut chercher ensemble le moyen de garantir l’intégrité des frontières. Il est inacceptable de régler les litiges par des invasions. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pourrait être le cadre institutionnel de ces discussions. Créé en 1975, au pire moment de la Guerre froide, l’OSCE regroupe 52 États dont la Russie, l’Ukraine, les États-Unis et les Nations de l’Union européenne.

Le soutien à l’Ukraine – humanitaire, économique, militaire – est-il pour vous justifié ? Doit-il être augmenté ? Y aurait-il des « lignes rouges » à ne pas franchir en la matière, et dans ce cas lesquelles et pourquoi ?

Oui, il est justifié et d’ailleurs, LFI l’a soutenu dès le début du conflit. Nous y sommes favorables aussi longtemps qu’il n’affaiblit pas nos propres capacités de défense ; qu’il n’entraîne pas un risque d’escalade en permettant de frapper en territoire russe ; et que le Parlement soit saisi.

Par ailleurs, il convient d’être sérieux. Depuis le début du conflit, le gouvernement a de concert avec la plupart des gouvernement européens avancé des objectifs qu’ils ont ensuite été incapables de remplir, notamment dans le domaine des fournitures militaires. Par exemple, nous n’avons fourni qu’un tiers des obus pour lesquels nous nous étions engagés. On entend à présent de la part du gouvernement, ou de certains candidats aux Européennes, l’impératif de placer la France en « économie de guerre » sans que ne soient présentées aux Français les conséquences économiques et sociales réelles d’un tel mécanisme. Nous sommes opposés à cette terminologie et à ce qu’elle implique concrètement.

De même, il serait inacceptable de placer notre pays en situation de guerre directe face à la Fédération de Russie qui est une puissance nucléaire. Que signifie un conflit ouvert et direct entre puissances nucléaires, sinon un danger pour tout le continent européen ? C’est une ligne rouge. Tout comme nous n’acceptons pas que l’armée française entraîne des soldats ukrainiens affichant des convictions néonazies, comme cela a été le cas récemment encore.

Enfin, à la différence de la plupart de nos adversaires politiques, nous sommes favorables à l’annulation de la dette publique ukrainienne et à la contraction de prêts à 0% pour l’Ukraine. Nous refusons que des banques et des États se gavent sur le dos d’un peuple en proie aux souffrances de la guerre et préparent une vente à la découpe des actifs ukrainiens lorsque la paix sera revenue.

L’adhésion à l’UE est-elle un droit démocratique de l’Ukraine ?

La demande d’adhésion est évidemment un droit démocratique, mais nous ne souhaitons pas l’accepter. Ayons en tête qu’il s’agirait d’une première pour l’UE d’intégrer un pays en guerre, d’un renoncement à toute la doctrine historique de l’Union censée garantir l’absence de conflit. Il serait d’autant plus complexe d’envisager un tel chemin que la Commission européenne a annoncé “une riposte forte” à l’égard des auteurs du sabotage des gazoducs Nord Stream… qui paraissent relever d’une opération militaire ukrainienne. Par ailleurs, en l’absence d’harmonisation fiscale, sociale et écologique préalable, cette adhésion aurait des conséquences dévastatrices pour notre économie. L’agriculture française est déjà écrasée par cette concurrence. Les révoltes agricoles du début de l’année illustrent cette réalité. Quant aux syndicats ukrainiens, de nombreuses fédérations entretiennent de vives préventions à l’égard d’une telle adhésion, au vu des conséquences sociales de l’accord de libre-échange Ukraine-UE et du risque de surspécialisation à l’export conduisant à une restructuration violente de l’économie nationale. L’État de droit en Ukraine ne présente pas non plus les garanties permettant d’ouvrir de telles négociations. Et ce, d’autant que nous contestons les obligations faites aux pays candidats à l’adhésion, notamment en matière de libéralisation et de privatisation de l’économie, que nous ne souhaitons pas plus au peuple ukrainien qu’au peuple français. Ainsi, aggraver une concurrence généralisée entre les producteurs et les travailleurs européens n’apportera aucun bénéfice à l’Ukraine mais tirera en permanence vers le moins disant social et écologique.

Vous avez beaucoup défendu une liste commune pour ces élections. Pourtant vos divisions apparaissent très clairement (par exemple sur l’adhésion de l’Ukraine à l’UE ou l’aide militaire). L’union était-elle vraiment possible ?

Nous restons, nous, fidèles au programme de la NUPES tel qu’il a été signé par le PS, EELV, le PCF et LFI, en mai 2022, et qui défend l’harmonisation sociale, fiscale et environnementale. Nous regrettons que d’autres l’aient abandonné, mais ces exigences et ces plus-disant demeurent les conditions préalables à l’élargissement de l’UE. En Ukraine, le salaire minimum est de moins de 200 euros, la taille moyenne des exploitations agricoles est de 1 000 hectares contre 70 en France, le kilo de poulet en moyenne est produit à 3 euros alors qu’il coûte 7 euros chez nous. Par conséquent, en l’état, intégrer l’Ukraine à l’UE serait de la concurrence déloyale. Ce n’est pas en affaiblissant notre agriculture et notre industrie que l’on aidera l’Ukraine. De fait, nous avons largement prouvé que l’aide à l’Ukraine n’était pas conditionnée à son adhésion à l’Union européenne. Au Parlement européen, notre groupe a voté en faveur du dernier programme d’aide de 50 milliards d’euros ainsi que pour le soutien militaire. Et encore une fois, nous sommes les seuls à proposer l’annulation de la dette extérieure de l’Ukraine. Enfin, ceux qui se sont abrités derrière ces désaccords pour justifier de ne pas faire de liste unique de la NUPES à l’élection européenne sont des hypocrites. Car ces désaccords étaient clairement inscrits dans le programme de la NUPES sur lequel les députés des autres forces politiques de gauche se sont fait élire en 2022. Ces sujets étaient renvoyés à « la sagesse de l’assemblée », c’est-à-dire qu’ils devaient être tranchés par les votes en cas de victoire de la NUPES en 2022.

Soutenez-vous les revendications sociales qu’expriment actuellement le mouvement des travailleurs ukrainien et ses organisations ? Et si oui, comment allez-vous manifester ce soutien ?

Nous soutenons bien évidemment ces revendications sociales du peuple ukrainien. Nous avions d’ailleurs accueilli dès 2022 à l’assemblée une délégation d’élus et de travailleurs ukrainiens appuyant ces revendications. Nous sommes inquiets des offensives néolibérales portées contre les acquis sociaux des Ukrainiens et Ukrainiennes. Pour beaucoup de grands groupes capitalistiques étrangers ou ukrainiens, la guerre est une opportunité pour, de concert avec le gouvernement ukrainien, casser le droit social et renier tout engagement écologique, selon la classique stratégie du choc bien connue. C’est la raison pour laquelle, si au début du conflit, les syndicats étaient tournés vers le soutien aux travailleurs envoyés sur le front, les activités syndicales « classiques » de défense des droits ont repris face aux offensives portées au Code du travail. Par exemple, comme le rapportait Justine Brabant dans Mediapart en février dernier, l’adoption de la loi dite « 5371 » ratifiée en août 2022 par le Président Volodymir Zelensky : elle prive 70 % des travailleurs de leurs droits. Elle prévoit que dans les entreprises de moins de 250 salariés plus aucun accord collectif ne s’applique : les contrats de travail sont « négociés » et signés directement entre l’employeur et l’employé. Il n’existe ainsi plus aucun garde-fou concernant le temps de travail maximum, le salaire minimum ou les conditions de licenciement. Les 14 et 15 novembre derniers, la tenue du forum « Rebuild Ukraine » à Varsovie n’a pas vu les participants se préoccuper du sort du peuple ukrainien. Au contraire, les grandes entreprises du capitalisme financiarisé présentes n’avaient pour seul objectif que de se répartir le marché ukrainien dans une logique prédatrice et aux dépens des intérêts des Ukrainiens. La déclaration de Larry Fink, PDG de BlacRock, plus grande institution financière au monde, selon laquelle le pays devait devenir un « phare pour le capitalisme international » ne laisse guère de doute quant aux intentions de ces capitalistes financiers. Ce dépeçage du pays se fera aux prix des Ukrainiens. Nous y sommes résolument opposés. Nous soutenons les initiatives opposées à ces desseins, comme celle du Mouvement social (Sotsialnyi Rukh), qui avait d’ailleurs témoigné de son soutien aux révoltes des banlieues suite à l’assassinat de Nahel, et plus récemment contre l’offensive génocidaire d’Israël à Gaza.

Appuyez-vous la revendication d’annulation de la dette extérieure ukrainienne ? Appuyez-vous la demande de confiscation et la taxation au bénéfice de l’Ukraine, au titre des réparations de guerre, des avoirs privés et publics russes gelés hors de Russie ?

Oui, comme nous l’avons exprimé ci-dessus dans notre réponse sur le soutien à l’Ukraine, nous approuvons l’annulation de la dette extérieure de l’Ukraine. Nous notons que les thuriféraires de l’adhésion ukrainienne à l’UE afin « d’aider » le pays, ne soutiennent pas cette annulation de la dette extérieure ukrainienne.

Comment garantir l’accueil sans discriminations de tous les réfugié.e.s d’Ukraine, comme l’accueil de tous les réfugié.e.s ?

Tout d’abord nous réaffirmons qu’il n’existe pas de « crise migratoire » actuellement, mais une crise de l’accueil : les exilés arrivant en UE ne représentent que 0,6% de la population totale. Au-delà du seul cas ukrainien, nous avons donc élaboré un ensemble de mesures permettant l’accueil digne et indiscriminé de tous les réfugiés, sans distinction de leur origine. Les voici :

  • Refuser les réintroductions injustifiées des contrôles aux frontières internes de l’Union européenne, garantir les droits des exilés illégalement détenus, maltraités et refoulés d’un État-membre à l’autre
  • Prendre en compte les relations familiales, culturelles, linguistiques et professionnelles dans le cadre du mécanisme de répartition des demandes d’asile afin d’améliorer les perspectives d’intégration
  • Interdire les politiques discriminatoires à l’encontre des réfugiés et faciliter leur intégration par le droit au travail, la reconnaissance des compétences et des qualifications acquises avant la migration
  • Mettre en place un accès effectif des exilés aux soins physiques et mentaux ainsi qu’au soutien psychosocial
  • Garantir l’accès des exilés à l’éducation, à l’apprentissage de la langue, à l’aide juridique, et plus globalement au système de protection sociale
  • Construire un programme pour l’aide au retour des réfugiés qui le souhaitent lorsque la situation dans leur pays d’origine le permet

Enfin, nous déplorons la « concurrence » de fait établie en Europe, des « socialistes » à l’extrême droite, entre les réfugiés ukrainiens et ceux venant d’autres régions en guerre, notamment du proche orient ou d’Afrique subsaharienne. Il n’y a pas les « bons exilés », au prétexte plus ou moins avoués qu’ils auraient la bonne couleur et la bonne religion, et les autres. Ce deux poids deux mesure, qu’on observe également s’agissant du traitement des victimes civiles de l’invasion russe de l’Ukraine et celle du massacre commis à Gaza par le gouvernement israélien.

Concernant le pouvoir en Russie :

– Comment évaluer et appliquer réellement les sanctions financières et économiques imposées à la Russie tout en protégeant les populations de leurs effets ?

Nous sommes contre les boycotts ou sanctions économiques indiscriminées car précisément, elles touchent la population civile en premier lieu, dans les pays sanctionnés, mais parfois également dans les pays qui mettent en place les sanctions, comme on a pu le voir avec l’explosion de l’inflation consécutive à la hausse du prix des matières premières découlant en partie de la restriction aux importantes de gaz et pétrole russe. Ce sont donc en partie des « sanctions boomerang ». Nous considérons donc qu’il faut en priorité cibler très finement les personnes ou organismes concernés. Plus largement, cette question ayant partie liée avec le point c, voire cette réponse.

– Êtes-vous pour la saisie immédiate des biens des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des oligarques russes en Europe et dans le monde ?

Nous sommes favorables au gel des avoirs, mais la saisie doit être appliquée avec plus de mesure. Moscou ferait de même en retour, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le gouvernement français ne défend pas à ce stade cette option.

– Etes-vous favorable à un embargo réel des matières premières stratégiques, notamment gaz, pétrole et uranium, ainsi que des composants électroniques ?

La question de l’embargo est hypocrite. Il est aisément contournable et contourné, par la Russie, mais aussi par les pays importateurs. N’est qu’à voir l’explosion des exportations de pétrole russe vers l’Inde… et en retour, l’explosion de nos importations en provenance d’Inde. Deuxièmement, les principales victimes des embargos sont systématiquement la population civile. L’embargo a pour premier effet de faire exploser les prix. Les oligarques et la classe dirigeante russes ne sont que marginalement touchés par les sanctions prises à l’encontre de leur pays. Et que signifie remplacer du gaz ou pétrole russe par du gaz ou pétrole de schiste étasunien vendu beaucoup plus cher, en sachant que le gouvernement des Etats-Unis joue lui aussi de l’ouverture ou de la fermeture des robinets pour maintenir un certain prix sur le marché. L’urgence est de mettre en œuvre les investissements pour assurer notre autonomie énergétique.

– Comment s’opposer à la menace nucléaire que constitue la mise en état d’alerte des armes nucléaires en Russie et au Bélarus ainsi que la mise en danger des centrales ukrainiennes ?

La France est une puissance dotée ce qui lui permet de faire jouer la dissuasion face à la menace nucléaire. Doit-on « élargir » cette dissuasion ? Non, même si le Président Macron l’a avancé, ce serait une folie et une hypocrisie. Un parapluie nucléaire reste toujours dans la main et aux ordres de celui qui l’actionne. Personne ne peut croire qu’un pays engagerait le feu nucléaire pour la défense d’un autre en s’exposant ainsi lui-même à la riposte. C’est bien pourquoi la France s’est dotée de sa propre arme nucléaire dans les années 60. Sa doctrine est de ne jamais avoir à s’en servir sans avoir été elle-même mise en danger dans ses intérêts vitaux, dont la définition reste volontairement ouverte pour ne pas donner de prise à l’ennemi. Et par ailleurs on ne peut pas séparer la question de la défense de la question de la souveraineté du peuple. Souveraineté, indépendance et dissuasion sont intimement liés. C’est pourquoi il est inutile d’aller plus loin que les engagements de solidarité déjà contenus dans les traités de l’UE. Décider à 27 d’un système de défense mettant en œuvre de telles armes est une vue de l’esprit dangereuse et une illusion impraticable. Par ses récentes déclarations le Président français a créé un flou sans précédent quant à notre positionnement historique, fragilisant de facto la position militaire pacifique de la France. En effet, on ne sait plus à présent si Monsieur Macron est prêt à faire entrer la France dans la planification nucléaire de l’Otan ou s’il prévoit de partager la dissuasion nucléaire française avec les États de l’Union Européenne. Concernant les centrales nucléaires, dès le début du conflit nous appelions à leur mise en sûreté en y déployant des soldats onusiens. On nous a ri au nez. Et quelques mois plus tard l’AIEA suggérait des mesures analogues.

Concernant les peuples en Russie et au Bélarus :

– Comment soutenir les mouvements anti-guerre et démocratiques ?


– Vous engagez-vous à exiger la libération de toutes les personnes emprisonnées pour opposition à la guerre et/ou en faveur des droits démocratiques (d’expression, de manifestation, d’information, d’organisation syndicale…) ?

Nous sommes à ma connaissance la seule force politique française à avoir accueilli des opposants russes à la guerre en Ukraine, et à leur avoir donné une tribune régulière. Nous les hébergeons et les appuyons au quotidien. D’ailleurs nous attendons toujours que le président de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale, membre de la majorité, réponde à nos demandes de les auditionner.

– A agir pour la garantie du statut de réfugié.e.s politiques aux opposant.es à Poutine, à Loukatchenko et aux déserteurs ?

Notre mouvement a toujours exprimé son soutien aux opposants à Vladimir Poutine et à Alexandre Loukatchenko. C’est de notre responsabilité que d’agir comme tel au nom de la solidarité internationale, principe au cœur de la pensée et l’action politique de gauche. Nous considérons par ailleurs que le changement éventuel de régime en Russie ou en Biélorussie ne pourra intervenir que par l’action des peuples concernés. Penser qu’un acteur tiers pourrait provoquer un changement de pouvoir durable, enraciné et démocratique est un vœu pieu. Dans l’histoire récente, les opérations de « regime change » sous impulsion d’intervention militaires étasuniennes ou autres ont mené à des catastrophes, que ce soit en Irak, en Libye ou ailleurs.

Avez-vous d’autres commentaires ou propositions à formuler

Le fait qu’il y ait dans le cas de la guerre en Ukraine un agresseur et un agressé clairement identifiés, et le fait qu’il y ait aussi beaucoup d’arrière-pensées dans les modalités du soutien à l’Ukraine, renforcer la propension au manichéisme. On peut parfaitement à la fois rappeler que le régime de Poutine est détestable, que sa guerre est insupportable, et qu’il n’y aura pas de solution militaire ultime à cette guerre. Nous soumettons donc à la réflexion des lecteurs la citation suivante de George F. Kennan, le théoricien américain de l’endiguement de l’Union soviétique, peu suspect donc de faiblesse en la matière, qui mettait en garde dans les termes suivants : « Il n’y a rien de plus égocentrique qu’une démocratie qui livre bataille. Elle devient vite la victime de sa propagande de guerre. Elle tend ensuite à attribuer une valeur absolue à sa cause, ce qui déforme sa vision de tout le reste. Son ennemi devient l’incarnation du mal. Son camp, le centre de toutes les vertus. Leur affrontement en vient à être perçu de manière apocalyptique. Si nous perdons, tout est perdu, la vie ne vaudra plus la peine d’être vécue, il ne restera rien à sauver. Si nous gagnons, tout deviendra possible, (…) les forces du bien se déploieront sans rencontrer d’obstacle, les aspirations les plus nobles seront satisfaites. »

Jean-François Collec pour l’équipe programme de la France Insoumise