Le déclenchement de la guerre en Ukraine, et les tâches de solidarité internationaliste qui en découlent, ont remis à l’ordre du jour, au sein de la gauche radicale tant occidentale qu’est-européenne, une série de débats politiques de premier plan, sur la nature de cette guerre, sur l’impérialisme russe, sur le rôle de l’Otan et de l’Union Européenne, sur le pacifisme… Le site d’Ensemble Insoumises a, dès le début de la guerre, commencé à rendre compte de ces débats en publiant, notamment, les contributions Gilbert Achcar et de Stathis Kouvelakis .
De nombreuses positions se sont exprimés au sein de la gauche radicale européennes, entretenant parfois un certain sentiment de confusion, eu égard à l’éventail des orientations politiques qu’elles représentent. Si la « nostalgie » de l’époque soviétique est très minoritairement portée par quelques petits groupes staliniens, la perception de la Russie s’opposant, d’une certaine manière, à l’impérialisme dominant, américain a conduit certains courants à ne pas prendre en compte le caractère impérialiste de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine et à privilégier des positions « balancées » et des mobilisations contre l’expansionnisme de l’Otan ou contre l’impérialisme de son propre pays. La question des livraisons d’armes à l’Ukraine a cristallisé ces débats, de nombreuses forces politiques de gauche s’y opposant, comme Die Linke au sein du Parlement allemand ou allant même jusqu’à tenter de les bloquer, comme certaines structures syndicales de dockers italiens.
L’incompréhension des enjeux politiques, de l’évolution des rapports de forces en Europe, la mésestimation du mouvement de résistance national ukrainien et du mouvement, malgré toutes ses faiblesses, antiguerre en Russie a aussi amené des forces sociales, certains courants féministes, certaines structures syndicales dans de nombreux pays européens à adopter des positions purement « humanistes » privilégiant des appels aux négociations et au cessez-le feu sans conditions, au nom d’une paix abstraite et de la protection des civils, s’opposant ainsi aux livraisons d’armes qui ne pourraient que prolonger ce conflit.
De très nombreux textes et appels rendent compte de ce débat, sur lequel notre courant a, dès le 5 mars affirmé sa position. Sa participation au Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine et l’ engagement de ses membres dans les activités du réseau français en sont les conséquences directes.
C’est pourquoi nous publions, pour illustrer les développements des débats sur la question de la solidarité avec la résistance ukrainienne, les deux articles suivants, de Piero Maestri et de Vladyslav Starodubstev.
Mathieu Dargel