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Pourquoi nous ne serons représenté-es que par des femmes dans les médias cette semaine ?

Vingt-sept pour cents de femmes parmi les invités politiques dans les médias l’an dernier ; 29 % uniquement aux périodes de forte écoute. Les chiffres sont sans appel : la sous-représentation des femmes dans l’espace médiatique, et donc dans le débat public, est une donnée aussi structurelle qu’inacceptable.

En tant que députées, militantes et responsables politiques, nous vivons concrètement cette inégalité : pour La France insoumise, seules 23 % des sollicitations médiatiques sont allées à des femmes. Il est fréquent que des médias refusent qu’un homme invité soit remplacé par une homologue féminine. Chacune, chacun peut observer le résultat : on ne compte plus les plateaux très majoritairement voire exclusivement masculins.

Nous avons bien conscience que cette situation est le fruit d’une histoire, celle d’une oppression avec sa répartition sexuée des rôles. Elle est le signe d’une culture persistante : la domination masculine peine à être bousculée pour que l’égalité entre les femmes et les hommes dans la sphère publique soit une réalité. Elle relève aussi d’un sentiment pour les unes d’être insuffisamment à la hauteur, comme si elles étaient des intruses dans un monde qui leur a si longtemps fermé la porte, quand les autres sont forts d’une assurance héritée de l’ordre historique des choses, si souvent persuadés d’être pleinement à leur place, performants. Ce que nous avons à défaire n’est pas mince mais il faut s’y mettre, agir avec volontarisme. L’ensemble des actrices et acteurs du débat public doivent agir pour une juste représentation des deux sexes à l’antenne : les partis et organisations qui promeuvent des porte-parole, des représentantes et représentants, et les médias qui invitent et composent leurs émissions.

C’est pourquoi, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, La France insoumise a décidé d’une action symbolique : cette semaine, nous ne proposons que des femmes pour intervenir dans les émissions. Aux médias de choisir : accepter de recevoir des femmes pour représenter La France insoumise même lorsqu’ils ont l’habitude d’inviter des hommes, ou assumer de faire taire notre formation politique, les idées qu’elle exprime et les millions de citoyennes et citoyens qu’elle représente.

L’invisibilisation des femmes dans le débat public contribue aux inégalités dans l’univers politique, et plus largement dans l’imaginaire social. Alors que les élections européennes se tiendront dans moins de trois mois, notre formation politique est la seule à ce jour, avec Lutte ouvrière, à avoir investi une femme tête de liste. Près de vingt ans après la loi sur la parité, il n’y a encore que 39% de députées et 29% de sénatrices. Au niveau européen, ce sont 36% seulement des eurodéputés qui sont des femmes. La France n’est que le septième pays sur 28 avec 43% d’eurodéputées. Notre groupe politique européen, la GUE-NGL est le seul dans lequel les femmes sont majoritaires. Le Parlement européen n’a connu qu’une seule présidente dans son histoire. La Commission européenne et le Conseil européen, aucune.

Pour prolonger notre action et porter nos propositions pour l’égalité entre les hommes et les femmes, de l’accès de toutes à l’IVG à l’égalité salariale, en passant par de nouveaux droits pour les congés parentaux ou la lutte contre la précarité qui touche d’abord les femmes, nous avons tenu un meeting ce jeudi matin à Bobigny, où se sont exprimées nos députées et candidates pour un plateau 100% féminin. Place aux femmes un jour pour que l’égalité soit une réalité tous les jours !

Les candidates aux élections européennes : Manon Aubry, Leïla Chaibi, Anne-Sophie Pelletier, Marina Mesure, Farida Amrani, Laurence Lyonnais, Pascale Le Néouannic, Evelyne Becker, Catherine Coutard, Céline Boussié, Céline Léger, Sophie Rauszer, Jeanne Chevalier, Prune Helfter-Noah, Carole Mare, Marie-Laure Darrigade, Nadège Montout, Nathalie Bourras, Karine Varasse, Marie Duret-Pujol, Magali Waechter, Malika Haddad-Grosjean, Paméla Hocini, Karin Fischer, Edith James, Elisabeth Chavanne, Laëtitia Pison, Elisabeth Jutel, Catherine Poggi Aubry, Laure Manesse, Inès Muriot, Julie Garnier, Anne-Sophie Ligniert, Christine Piguel-Coutard, Sonia Naffati, Murielle Kosman, Astrid Morin, Isabelle Michaud, Charlotte Girard

Les députées : Bénédicte Taurine, Sabine Rubin, Caroline Fiat, Mathilde Panot, Clémentine Autain, Danièle Obono

Tribune publiée sur Libération.fr le 7 mars.