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Pour vaincre Bolsonaro et défendre les droits, le PSOL soutient au second tour le vote pour Fernando Haddad et Manuela D’Ávila

Les élections du premier tour ont fini par maintenir la même situation d’instabilité et de polarisation provoquée par le coup d’Etat institutionnel d’août 2016 [qui a conduit à la destitution de Dilma Rousseff et le transfert du mandat présidentiel à Michel Temer, ex-vice-président qui faisait partie du ticket présidentiel de Dilma Rousseff en octobre 2014], qui a approfondi la crise économique et sociale qui était en train de se développer. Il a également approfondi une crise de représentation politique d’une telle ampleur qu’elle a créé les conditions pour l’émergence d’une candidature d’extrême droite qui est arrivée au second tour des élections avec le soutien d’une partie considérable des classes dominantes. L’élection a frappé durement différents «caciques» politiques, permettant à l’extrême-droite de capitaliser la rage sociale contre le système.

Le second tour (vote le 28 octobre) est la continuité de la lutte contre le fascisme et le coup de 2016. La tâche centrale du moment présent est donc de vaincre Jair Bolsonaro. Sa défaite ouvre la possibilité de bloquer l’agenda initié par Temer, de garantir la souveraineté nationale et de réunir les conditions pour continuer à défendre les conquêtes démocratiques face à l’autoritarisme. Pour cela, le PSOL soutiendra désormais la candidature de Fernando Haddad et de Manuela tout en maintenant les divergences politiques et en préservant notre indépendance. Nous appelons tous nos militants à descendre dans les rues pour continuer à dire haut et fort «#Ele não» (lui non).

Le PSOL et l’alliance que nous avons formée au premier tour autour de la candidature de Guilherme Boulos et Sonia Guajajara, avec les mouvements sociaux, le PCB (Parti communiste brésilien), des intellectuels et des artistes, continueront à défendre la dignité du peuple brésilien contre les inégalités et les privilèges. Cette candidature marque le début d’un nouveau cycle dans la gauche brésilienne et le PSOL est fier d’avoir été le creuset de cette alliance et d’avoir stimulé cette construction. Pour cela nous continuerons à défendre les causes qu’aucune autre candidature n’a eu le courage de défendre.

Nous serons dans la campagne pour battre Jair Bolsonaro et élire Haddad et Manuela D’Avila pour défendre la souveraineté nationale et les droits de la majorité de notre peuple. Nous serons dans la rue et devant les urnes pour exiger l’abrogation de toutes les mesures du gouvernement Temer, contre la réforme des retraites, la réforme du travail, la fin des massacres contre la population noire, la fin des violences contre la communauté LGBT, la démilitarisation de la police, la légalisation des drogues, la démarcation des terres indigènes et des «quilombolas» (terre des descendants des esclaves noirs qui ont échappé à leurs propriétaires), la déforestation zéro, et la défense des droits des femmes et de toutes leurs demandes; de l’égalité salariale à la lutte contre les diverses expressions (harcèlement, violence..) du machisme, la légalisation de l’avortement.

De plus nous n’abandonnerons pas le combat pour notre souveraineté énergétique [face aux privatisations massives] avec la défense du Présal [les ressources pétrolières se situant en grande profondeur, sous une couche de sel], de Petrobras et d’Electrobras, dans la perspective d’une transition du modèle énergétique en place et de celui régissant l’organisation des transports, de la mobilité.

Le PSOL comprend que la lutte pour vaincre Jair Bolsonaro au second tour revient à défendre et à élargir les droits et non pas à les négocier. Nous continuerons à affronter les privilèges et à lutter pour que le peuple occupe le centre des décisions à prendre. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de garantir un cycle d’espoir, de justice, d’égalité et de souveraineté au Brésil.

Nous demandons à nos militants de construire de larges comités pour le «EleNão». L’exemple des femmes qui sont descendues dans les rues le 29 septembre dernier nous inspire et nous renforce pour que de nouvelles manifestations de masse aient lieu pour vaincre l’extrême-droite. Nous participerons pleinement à la campagne pour mener Fernando Haddad et Manuela D’Avila à la victoire afin que la volonté du peuple soit respectée. Là où il y aura un second tour pour les gouvernements des Etats, nous demandons à nos militant·e·s d’appuyer des candidatures qui s’opposent au projet de Bolsonaro. Dans chaque Etat les instances locales du PSOL définiront les moyens de contribuer activement à la mobilisation populaire pour surmonter le retard, en priorisant la construction d’espaces pluriels qui intègrent toutes celles et ceux qui défendent la démocratie, tout en maintenant nos principes et la cohérence qui représente le caractère politique du PSOL.

Nous continuerons dans les rues, ensemble, sans crainte, pour changer le Brésil. Ele Não-Lui non.

Commission exécutive du PSOL (Parti Socialisme et Liberté). São Paulo, 8 octobre 2018. Traduction A l’Encontre.

Votez contre Bolsonaro. « L’alternative de gauche n’a pas pris fin le dimanche 7 octobre »

Le premier tour des élections présidentielles est terminé. Le dénombrement des suffrages étant en cours de finalisation, Jair Bolsonaro (PSL) est en première place [éditorial écrit avant le décompte final]. En deuxième position, Fernando Haddad (PT). Il manque un nombre limité de suffrages au candidat du PSL (Parti social libéral) pour ne pas avoir gagné déjà au premier tour.

De cette façon, vont s’affronter dans une sorte de duel, à l’occasion du deuxième tour des élections, un candidat néofasciste d’extrême droite (Jair Messiah Bolsonaro) et le représentant du lulisme (Fernando Haddad). Une bataille est annoncée dans laquelle la neutralité n’est pas une option. Il n’y a qu’un choix dans cet affrontement électoral pour la gauche socialiste: vaincre la menace néofasciste lors du second tour des élections.

Il faut mesurer avec exactitude ce qui est en jeu. Le danger frappe à la porte. L’arrivée de Jair Bolsonaro à la présidence représente la victoire du plus barbare parmi les projets d’oppression et d’exploitation capitalistes au Brésil.

J. Bolsonaro au pouvoir implique que les droits fondamentaux des masses laborieuses – sociaux et du travail, tels que la retraite et le 13e salaire – soient mis en lambeaux, sous les effets d’une radicalisation des contre-réformes mises en œuvre par Michel Temer. Au pouvoir, Bolsonaro redoublera les menaces contre la vie des femmes, des Noirs, des LGBT, des autochtones et des immigrés. Se produira une accélération sans précédent de l’escalade répressive contre de la population noire et des populations pauvres de notre pays. Au pouvoir, Bolsonaro représente un danger imminent de suppression des droits démocratiques, déjà limités, en particulier pour les organisations de gauche, les syndicats et les mouvements sociaux. Bolsonaro au pouvoir, c’est le retour des nostalgiques de la dictature (1964-1985), des factieux et des tortionnaires qui seront aux commandes du pouvoir exécutif fédéral.

Jair Bolsonaro s’oppose à la corruption pour gagner des voix, mais ses principaux partisans sont des politiciens corrompus et des hommes d’affaires corrompus. Les vieux renards – membres de la PSDB (Parti de la social-démocratie brésilienne) et ayant utilisé l’alliance avec le PT (Parti des travailleurs) dans les gouvernements (à l’échelle fédérale et des Etats) – embrassent maintenant le capitaine [Bolsonaro était capitaine et a été mis à pied, avant d’initier sa carrière de député fédéral durant 27 ans].

La mission de Bolsonaro est de faire ce que Temer n’a pas réussi à faire: broyer complètement les droits des travailleurs et travailleuses. Pour ce faire, il veut imposer un régime autoritaire afin d’empêcher toute tentative de résistance. En un mot, Jair Bolsonaro est le capitaine qui servira les banquiers et les corrompus pour massacrer la classe ouvrière.

Pour toutes ces raisons : « Jamais lui ! », « La dictature plus jamais ! » « Défendons nos droits ! » Les femmes qui sont descendues dans la rue le 29 septembre ont montré et ouvert la voie. Nous sommes la majorité. La classe ouvrière et les opprimé·e·s représentent une force gigantesque. Dans les rues, nous pouvons vaincre le néofascisme, et aussi dans les urnes son principal représentant: J. Bolsonaro. Lors du deuxième tour, nous voterons la liste 13 pour empêcher Jair Bolsonaro d’être élu président.

Nous avons de profondes divergences avec le parti de Lula (PT). Nous sommes une opposition de gauche depuis 13 ans [le PSOL – Parti socialisme et liberté a été créé en juin 2004], entre autres parce que nous nous opposions à la stratégie de conciliation avec les riches, les puissants et les corrompus, les mêmes personnes qui ont frappé en 2016 [avec le coup d’Etat institutionnel contre Dilma Rousseff qui a conduit à sa destitution]. La frustration et le désenchantement ont ouvert la voie à Bolsonaro. Jusqu’à présent, malheureusement, le PT ne semble pas avoir tiré les leçons. Il persiste en commettant les mêmes erreurs.

Lors de ces élections, le Parti des travailleurs a scellé des alliances avec des dirigeants réputés, tels que Renan Calheiros [ministre de la Justice sous le gouvernement de Fernando Enrique Cardoso d’avril 1998 à juillet 1999, puis deux fois président du Sénat de février 2005 à décembre 2007, puis de février 2013 à février 2017, sous accusation pour corruption] et Eunicio de Oliveira [sénateur du Ceará, grand propriétaire, ministre sous le gouvernement Lula en 2004-2005], tous deux membre du PMDB (Parti du mouvement démocratique brésilien).

Dès le premier tour, Haddad a lancé des signaux en direction de la classe dominante, suggérant qu’il maintiendrait l’ajustement structurel [coupes budgétaires, entre autres] et les contre-réformes du programme, bien que selon des modalités plus lentes et moins brutales. Nous avertissons que, dans le contexte actuel de profonde crise sociale et politique, avec une extrême-droite influençant des dizaines de millions de personnes, de nouvelles combinaisons électorales avec la droite pourraient avoir des conséquences encore plus tragiques, ouvrant peut-être les portes à une nouvelle et encore plus dangereuse escalade dans la logique du coup d’Etat.

Cette grave erreur ne peut plus être répétée. Fernando Haddad, lors de ce second tour, doit s’engager publiquement auprès de la classe ouvrière et des couches populaires à annuler toutes les contre-réformes de Michel Temer (président), à refuser d’accepter toutes contre-réformes des retraites qui supprimeraient des droits et à rompre les alliances avec la droite et la bourgeoisie corrompue. En outre, il est nécessaire de défendre un programme qui fasse obstacle à la vague rétrograde de privatisations et les mesures répressives, telle la «loi antiterroriste» promulguée par Dilma Rousseff, ratifiée finalement en mars 2016. Il est également nécessaire de mettre fin aux orgies des banques [les gains obtenus sur les obligations du Trésor et les opérations d’investissements spéculatifs internationaux], de défendre d’une manière déterminée les droits des femmes, des Noirs, des LGBT et des peuples autochtones.

De plus, il est nécessaire d’ouvrir toutes les archives de la dictature et de juger les tortionnaires et les meurtriers du régime militaire. Ils ne peuvent rester impunis et utiliser les élections pour revenir au pouvoir. Avec les travailleurs et travailleuses organisés et mobilisés, il est possible de défaire les mesures issues du coup d’Etat et de vaincre l’extrême droite. La «gouvernabilité» doit être garantie par la force présente dans la rue et non par des accords trompeurs avec la fraction parlementaire patronale et corrompue qui domine le Congrès national.

Au premier tour, nous avons fièrement construit la candidature de Guilherme Boulos: avec le PSOL, le PCB­-Parti communiste brésilien, le MTST-Mouvement des travailleurs sans toit et l’APIB-Articulação dos Povos Indígenas do Brasil. Nous avons présenté un programme anticapitaliste visant à construire un Brésil pour et par les travailleurs et travailleuses, pour et par les opprimé·e·s et les jeunes, sans alliances avec la droite et la bourgeoisie. Nous combattons et nous continuerons à combattre le fascisme de toutes nos forces. Le projet visant à renforcer une nouvelle alternative de gauche n’a pas pris fin le dimanche 7 octobre. Après le précieux mouvement-campagne qui a pris son essor, nous poursuivrons la bataille pour la réorganisation de la gauche.

Nous sommes le PSOL et nous construisons une stratégie socialiste et révolutionnaire pour le Brésil. Nous voterons Haddad (PT) le 28 octobre afin de vaincre Bolsonaro. Nous mènerons une forte campagne dans la rue, sans compter nos efforts, en dialoguant avec les travailleurs et travailleuses, avec les jeunes et les opprimé·e·s, non seulement pour empêcher la victoire de l’extrême droite néofasciste, mais également pour préparer et construire les luttes urgentes de demain.

Le 7 octobre 2018. Editorial publié sur le site Esquerda online. Traduction A l’Encontre.