La Convention d’investiture de la Nouvelle union populaire écologique et sociale, tenue samedi à Aubervilliers (station de métro Front populaire !), a lancé dans l’enthousiasme la campagne commune pour les législatives. L’objectif est clairement fixé : permettre au bloc populaire d’être majoritaire avec la volonté d’exercer le pouvoir pour mettre en oeuvre le programme de la NUPES.
Avec, la semaine dernière, le vote de 62 % des membres du Conseil national du Parti socialiste en faveur de la participation à la « Nouvelle union populaire écologique et sociale » (NUPES), s’était clôt la recherche d’un élargissement et d’un rassemblement de l’Union populaire, fort de ses presque 22 % recueilli par J.L. Mélenchon à la présidentielle. L’objectif est d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale lors des prochaines élections législatives des 12 et 19 juin, permettant à J. L. Mélenchon de postuler au poste de 1er Ministre.
Vu les résultats, le PCF et EELV ont dû revoir à la baisse leurs ambitions et admettre que l’Union populaire avait la main. Quant au PS, après moult affrontements internes et chantage à la démission et à la dissidence, le sens du vote majoritaire finalement obtenu lors de leur Conseil national, est de redonner une crédibilité à leur parti en le réancrant à gauche après le désastre de la présidence de F. Hollande et la dérive politique de nombre de « barons » aspirés ou attirés par Macron.
L’opposition maintenue des Hollande, Delga, Cambadélis, Le Foll, entre autres, laissent la voie ouverte à des candidatures dissidentes ou à des manœuvres diverses et variées pour entraver le processus engagé.
Le NPA a refusé de se joindre à cette alliance en désaccord avec la présence du PS qui, même intégré au NUPES, incarne toujours pour lui le social libéralisme. Par ailleurs, le NPA était mécontent de la faiblesse des propositions faites en terme de candidatures. Mais, notons une ouverture dans la démarche politique qui tranche avec le passé et un soutien à un certain nombre de candidat·es de la NUPES.
Incontestablement, le remarquable résultat de J.L. Mélenchon, produit d’une campagne dynamique menée par les militant·es dont le nombre a cru sans cesse, a changé la donne. La création du Parlement de l’Union populaire avec la participation de militant·es reconnu·es des mouvements sociaux, de syndicalistes a joué en ce sens.
L’espoir est revenu malgré la déception de ne pas être au 2e tour et de nouveaux militant·es, souvent jeunes, sont venu·es pour la 1ère fois pour participer à la campagne pour les législatives.
Contrairement à 2017, J. L. Mélenchon a très clairement ouvert la voie à un large rassemblement à gauche qui s’est réalisé à l’issue de la présidentielle en fonction des résultats obtenus par les différent·es candidat·es et donc sur la base d’un programme de rupture avec l’ordre existant et la politique libérale suivie par E. Macron.
La volonté de maintenir un Parlement populaire et de l’élargir après la présidentielle montre le choix de faire vivre dans la durée le rassemblement constitué.
Aujourd’hui, le PS, le PCF et EELV ne sont plus maitres du jeu et doivent composer avec la France insoumise.
Trois blocs politiques dominent le champ politique issu de la présidentielle : l’extrême-droite, la macronie et ses alliés, la Nouvelle Union populaire.
La montée en puissance de l’extrême-droite, la détestation largement répandue de Macron malgré son élection, le désespoir des couches populaires et des jeunes, illustré par l’augmentation de l’abstention nécessitent de prendre des initiatives pour inverser le cours des choses, stopper les politiques libérales en cours.
La NUPES nous donne la possibilité de sortir du tête-à-tête mortifère Macron-Le Pen. Et la gauche de rupture, fait son retour dans une actualité, auparavant monopolisée par le RN et sa soi-disante priorité au pouvoir d’achat.
Les défis sont immenses au niveau social, écologique et pour la défense des libertés. Les inégalités et la pauvreté, qui mènent 8 millions de personnes aux banques alimentaires, montrent que seule une rupture profonde avec les politiques libérales sera à même de bousculer l’ordre existant pour redonner dignité et espoir aux couches populaires.
Les textes validés par EELV, le PCF, le PS, avec les reformulations et les précisions ajoutées, se situe dans la logique politique de l’Avenir en commun, aussi bien en ce qui concerne le SMIC à 1400 euros net, la retraite à 60 ans, le blocage des prix de première nécessité, par exemple. L’abrogation de la loi El Khomri est clairement la remise en cause du quinquennat Hollande. Sur l’Europe est maintenu l’objectif de désobéissance ciblées pour l’application du programme. Le programme entier de la NUPES doit sortir dans les jours qui viennent.
Il existe des différences, des désaccords comme sur le nucléaire, des difficultés par rapport à certaines candidatures, mais l’option politique choisie est de rassembler les forces pour décrocher la majorité à l’Assemblée nationale et construire une alternative aussi bien à la macronie destructrice des services publics, des droits acquis par le monde du travail qu’à une extrême-droite raciste et rance qui tente de ressusciter les vieux réflexions nationalistes.
La marche est haute. Et les commentaires, les attaques des adversaires politiques ont commencé, tentant de ravaler la NUPES à une simple partage électoral des circonscriptions et pour barrer le chemin de la victoire.
Mais le challenge en vaut la peine car la victoire est possible. Il faut relever le défi pour redonner de l’espoir, redynamiser les mobilisations sociales, d’autant plus nécessaires que les obstacles et les sabotages, en cas de succès, seront nombreux de la part du patronat, des forces sociales conservatrices, de l’extrême-droite.
La campagne est lancée. Les collectifs dans les villes, les quartiers sont à l’œuvre. Les militant·es d’Ensemble insoumis·e, membre du Parlement populaire, en sont pleinement partie prenante, comme pendant la présidentielle.
Michel Bidaux