Novembre 2019 débute, et le gouvernement offre son meilleur cadeau empoisonné avant Noël. La réforme du chômage commence son premier volet d’application ce 1er novembre tandis que l’ensemble des transformations drastiques du système de rémunération rentreront définitivement en vigueur le 1er avril 2020. Accrochez-vous c’est à en noyer le poisson. On savait que le gouvernement suspectait chaque chômeurs de partir au Bahamas allègrement, dès que le pognon de dingue tombe au début du mois. Il est venu le temps de travailler, et tout le monde le sait, cela veut dire traverser la rue et réduire ces luxueuses oboles de Pôle Emploi. En somme, après le flicage, la diète.
Quels changements pour remettre la France au travail ? L’Etat a décidé de prendre en charge le secteur de l’assurance-chômage. Si le fonctionnement était historiquement assuré par la négociation entre le patronat et les syndicats, la réforme met définitivement un terme au service assurantiel puisque le budget sera fixé par l’Etat. Autant dire que si le système de rémunération du chômage ressemble ne serait-ce qu’un peu à l’état du service de santé, la perfusion risque d’être légère. Les économies pourraient atteindre 3,4 milliards d’euros sur deux ans selon la CGT. Au programme pour un tel objectif : quasi disparition des droits rechargeables, prise en compte des jours non travaillés dans le calcul de la rémunération, passage de quatre à six mois pour l’ouverture des droits et enfin dégressivité des allocations des cadres, histoire de donner l’illusion qu’on tape pas que sur les pauvres.
C’est au moyen d’un talent mathématique qui en ferait rougir Cédric Villani, que la réforme entend enfumer les millions de chômeurs et de chômeuses. Même l’Unedic prévoit la baisse des indemnités pour au moins la moitié des 2,6 millions de personnes indemnisées aujourd’hui. Petit bréviaire de mathématique du gouvernement : on peut donner mille euros une fois à une personne mais on peut aussi donner mille fois un euros à une personne. Et tenez-vous, s’il advenait que l’on donne un euros mille deux cent fois on augmenterait même de deux cent euros l’allocation. Voilà le subterfuge incroyable avec lequel le gouvernement entend défendre qu’il augmentera la rémunération du chômage. Rémunérer sur le long terme pour réduire au court terme, oubliant au passage que l’on ne paye pas son loyer, ses courses, ses factures avec des petites sommes comme le remarque Médiapart à propos des smicards qui ont travaillé quelques mois sur deux ans et qui auront l’immense bénéfice de toucher 282 euros pendant 24 mois au lieu de 936 euros pendant 6 mois précédemment. Quant à ceux qui cumulent petits boulots calculés au salaire journalier et allocations chômage, il n’en sera plus question.
Tombe donc un pan de plus de notre protection sociale, dans un silence assourdissant. Alors que le gouvernement prépare la suite avec les retraites, nous devons prendre les devants en appuyant partout toutes les initiatives qui non seulement se battent contre ces attaques incessantes contre le modèle social mais également, tentent de réfléchir à une proposition novatrice pour fonder une protection sociale arrimée à un nouveau projet antiproductiviste. Rendez-vous le 5 décembre, pour le premier essai.
Clémentine Autain et Elsa Faucillon. Publié sur le Fil des communs.