Samedi 25 janvier, Manuel Bompard s’est rendu à Port-la-Nouvelle, petit port de l’Aude. Il y a participé au rassemblement citoyen organisé pour refuser une extension irresponsable du port, engagée par la Région.
Il était également aux côtés de Myriam Martin, Guilhem Serieys et Jean-Christophe Sellin, conseillers régionaux de la France insoumise en Occitanie, qui ont courageusement porté une proposition de moratoire au Conseil Régional afin d’obtenir l’arrêt des travaux et une réflexion pour un projet alternatif… Proposition malheureusement rejetée par la majorité régionale (PS-PCF-PRG-EELV).
Ce projet de « grand port », déjà vieux de dix ans, prévoit la construction de plus de 3 kms de digues et l’extraction puis le déplacement de 11 millions de m3 de sédiments. Objectif : accueillir de plus grands navires afin d’augmenter les importations d’hydrocarbures et multiplier par trois les exportations de céréales (blé principalement).
Et ce, alors que Port-la-Nouvelle se situe en bordure d’une réserve naturelle et du parc régional de la Narbonnaise, et que ce petit port donne un accès direct aux lagunes de Bages Sigean : ce projet constitue donc une menace pour les étangs, marais et plages environnants.
De plus, l’énorme dragage nécessaire à la construction des digues, puis l’exploitation du nouveau port entraîneront érosion, pollution des eaux, destruction des fonds marins, perturbation des cycles de reproduction des poissons…
L’idée de ce « grand port » est complètement anachronique. Comment peut-on envisager d’augmenter les importations d’hydrocarbures, à l’heure où l’Union européenne vote l’Etat d’urgence climatique et environnemental, où elle s’engage à baisser ses émissions de carbone de 55% d’ici à 2030 et de 100% d’ici à 2050 ?
Pourquoi chercher à multiplier par trois les exportations de blé, alors que l’avenir est à la sortie des monocultures intensives, que la nouvelle PAC en cours de discussion entend favoriser un modèle agricole plus écologique, basé sur la production locale et les circuits courts ?
Et comment peut-on engager un projet menaçant faune et flore marines alors que se prépare la Cop15 sur la biodiversité, que l’on sait 1/8e des espèces menacées de disparition dans les prochaines décennies et que l’Union européenne proclame que tout projet doit désormais être examiné à l’aune de l’urgence écologique et de la protection de la biodiversité ?
Il est urgent de remettre en cohérence discours européens et actions sur nos territoires !
Pour faire accepter ce projet, la Région s’appuie sur des promesses d’emplois et la mise en avant d’un deuxième projet qui lui sert de « caution verte » : la construction de deux petites « fermes » expérimentales d’éoliennes en mer, au large des côtes.
Or l’amalgame entre les deux projets est tout simplement mensonger. D’ailleurs le dossier d’enquête publique lui-même précise que le quai de construction éolien sera opérationnel bien avant que la grande digue principale du « grand port » ne soit achevée… Ces travaux faramineux ne sont donc absolument pas nécessaires à la réussite du projet éolien.
Les deux projets sont en réalité tellement décorrélés que deux organismes a priori aussi opposés que France Nature Environnement d’une part, et les exploitant pétroliers du site d’autre part, demandent l’étude d’un projet alternatif répondant au seul besoin des éoliennes !
Enfin, ce projet, qui est le plus gros investissement de la Région, est aussi une promesse de gouffre financier. 252 millions pour la seule première tranche des travaux, auxquels il faut ajouter un surcoût potentiel pouvant atteindre 70 millions d’après les pétroliers (la construction des digues nécessite le démontage du « sea-line », canalisation sous-marine pour le transport des hydrocarbures des navires jusqu’au quai, actuellement utilisé)…
De plus, selon l’IFREMER, le dragage sur une côte sableuse et en pente douce sera nécessairement une catastrophe financière.
Le total pourrait approcher voire dépasser les 500 millions.
Et pourtant, toutes les prévisions sont à la baisse. Le trafic du port global est passé de 2 millions de tonnes en 2007 à 1,6 million de tonnes en 2015, les exploitants pétroliers estiment que le futur port sera structurellement déficitaire… Rien ne justifie une telle débauche financière.
Plutôt que financer ce projet digne du 19e siècle, la Région pourrait utiliser ces moyens pour financer des emplois pérennes sur ce territoire qui en a besoin, des emplois utiles socialement et écologiquement !
Pourquoi ne pas lancer plutôt un plan de rénovation thermique des bâtiments, ou un programme de réparation et revalorisation des bateaux, ou encore le développement de l’éolien et d’une filière d’hydrogène pour le stockage de l’énergie produite ?
Samedi, le rassemblement fut une réussite, et nous appelons les citoyens à poursuivre cette belle mobilisation.
Car ce n’est pas qu’une bataille locale, mais une bataille d’intérêt général. Partout sur le territoire, de grands projets inutiles nous sont imposés, des projets dans la droite lignée des accords de libre-échange visant à renforcer le commerce international sans considération pour les effets climatiques et écologiques.
À Port-la-Nouvelle les travaux démarrent à peine, il est encore temps de reculer.