Pendant tout son mandat, E. Macron a mené une politique de casse sociale, de démantèlement du service public, de répression des mobilisations, de dérives liberticides (loi sur le « séparatisme », loi « asile et immigration »…) au service des plus riches. A coup de polémiques nauséabondes (sur le pseudo « islamo-gauchisme » par exemple), E. Macron et ses ministres ont également banalisé les discours de l’extrême-droite et attaqué toutes celles et tous ceux qui se sont dressés contre ces idées.
Loin d’être un barrage à l’extrême-droite en général, En Marche a contribué à la progression des idées de Le Pen et Zemmour, et préparé le second tour qui nous est aujourd’hui imposé. La redécouverte tardive de la menace fasciste rend leurs leçons de morale d’autant plus insupportables qu’ils n’ont eu cesse d’attaquer de manière la plus virulente le projet porté par Jean-Luc Mélenchon au scrutin présidentiel, qui était une alternative puissante à l’extrême-droite.
Le débat entre Macron et Le Pen a montré de façon flagrante à quel point la gauche manquait au second tour : rien sur la justice fiscale, si peu sur la remise en question de notre modèle économique climaticide… Avec 420 000 voix de plus, nous aurions pu ouvrir avec Jean-Luc Mélenchon des perspectives radicalement différentes, appuyés sur les mouvements sociaux anti-raciste, féministe, et structurées par la nécessité d’une planification démocratique, sociale et écologique.
Droite contre extrême droite, ce sont deux projets de société auxquels nous sommes viscéralement opposés qui se sont affrontés hier, avec un président sortant arrogant et une candidate du RN toujours aussi incompétente. Mais le débat a également rappelé que Macron et Le Pen sont des ennemis de nature différente.
Il suffit pour le comprendre de souligner deux éléments. Le premier, c’est le rappel sans équivoque que le projet de l’extrême droite repose sur le racisme légalisé et la préférence nationale. Elle serait mise en place pour toute demande de logement social et pour tout emploi, qu’il soit privé ou public, pour l’accès à certains services publics comme l’hôpital. C’est la fin du droit du sol, la mise en place d’une condition de nationalité pour toucher le RSA ou les autres prestations de solidarité, la suppression de toute autorisation de séjour pour une personne étrangère qui n’a pas travaillé depuis un an en France. C’est l’interdiction du voile dans la rue. C’est donc semer la haine, en pointant du doigt des boucs émissaires, en encourageant une guerre civile de basse intensité, en lâchant la bride à tous les courants les plus racistes et réactionnaires. Mais il ne faut pas croire un instant qu’une présidente Le Pen épargnerait les organisations syndicales, le monde associatif ou culturel dans son ensemble. Elle ferait de la prison une norme pour tous les adversaires du lepenisme. Partout où ils ont exercé des responsabilités les élus de l’extrême droite se sont attaqués aux syndicalistes et au monde associatif.
Le second élément, c’est ce que Marine Le Pen se propose de faire s’agissant du fonctionnement démocratique. Elle indique notamment vouloir remettre en cause la constitution par voie référendaire, mais plus généralement il est illusoire de penser qu’elle laisserait ne serait-ce que les élections législatives se dérouler normalement. Elle utiliserait les pouvoirs exorbitants que la Ve République accorde au président pour gouverner de manière autoritaire et limiterait les droits démocratiques de la population. Ainsi, les marges de manœuvre pour nos luttes seraient drastiquement réduites avec une présidente Le Pen dès le soir de son élection. La possibilité même d’atteindre une majorité parlementaire de la gauche anti-austérité deviendrait impossible avec une victoire de le Pen à la présidence.
Plus que jamais nous l’affirmons, Marine Le Pen doit être battue le 24 avril, puis Emmanuel Macron doit l’être dans la rue et dans les urnes, à l’occasion des élections législatives, durant lesquelles il faut imposer une majorité constituée autour de l’Union populaire, avec toutes les forces qui se reconnaissent dans un programme de transformation sociale, écologique et démocratique.
Le secrétariat d’Ensemble insoumise, le 21 avril 2022.