Le gouvernement met en place son projet d’encadrement des jeunes. Au programme, uniforme, morale et précarité.
Mercredi, le secrétaire d’État Gabriel Attal a fait poser en uniforme bleu marine et cocarde tricolore les premier-e-s participant-e-s au service national universel (SNU). Le programme sera lancé en juin avec 3 000 volontaires. À terme, il sera imposé à 800 000 jeunes par an. Faire son SNU sera obligatoire après la classe de troisième et le certificat sera exigé pour passer le bac et le permis de conduire.
Faire la morale aux jeunes
La première phase du service national universel, c’est un genre de Journée défense et citoyenneté qui durerait jusqu’à un mois (pendant les vacances). La moitié se passerait en internat, l’autre à remplir des missions d’intérêt général.
Le gouvernement met en avant l’aspect éducatif et l’éducation à la citoyenneté. Jusque-là, c’était à l’école de l’assurer… cette école que le gouvernement démolit en supprimant des profs et des heures d’enseignement.
On peut s’attendre à un enseignement de piètre qualité, mais fort en bourrage de crâne. On ne parlera probablement pas de la façon dont les gouvernements font passer des lois en force, mais beaucoup plus des devoirs et du respect de l’autorité.
Un des objectifs principaux du SNU est de rapprocher les jeunes de l’armée et « des enjeux de la défense et de la sécurité nationale ». Peu de chance qu’on donne aux jeunes les moyens de juger par eux-mêmes des questions militaires et du rôle de la France (de l’Algérie au Yémen en passant par le Rwanda et le Mali). Mais on augmentera encore la peur du terrorisme et on présentera les forces de répression comme des remparts de la démocratie.
Depuis 2015, l’armée patrouille dans les rues. Le 23 mars, elle a été associée à la police pendant des manifestations. Maintenant, on lui ouvre l’éducation.
Faire oublier les inégalités
Un des arguments pour le SNU est le brassage social, comme avec le service militaire. Quelle hypocrisie ! Toute la politique menée aujourd’hui est faite pour que personne ne sorte de son milieu social, que riches et pauvres gardent leurs rôles. L’éducation est de plus en plus sélective, on ferme les centres d’orientation, on fait des cadeaux aux riches et on écrase la majorité de la population. Puis on prétend réconcilier tout le monde par quelques semaines en caserne ? Une fois l’été fini, chacun retourne dans son ghetto ?
C’est le même principe que la proposition de mettre un drapeau tricolore dans toutes les salles de classe. On manque de moyens, de profs, de psychologues, de tout, alors pour faire passer la pilule on essaie de rassembler tout le monde derrière l’unanimité du patriotisme. C’est une énorme arnaque !
Éduquer à la précarité
La deuxième phase du SNU est optionnelle, mais le dispositif incite fortement à y participer. Il s’agit de s’engager pendant au moins trois mois dans l’armée, la police, la protection du patrimoine ou de l’environnement, dans l’aide à la personne…
Personne n’a attendu le SNU pour que des associations existent et que des millions de personnes s’y investissent. Mais les associations meurent à cause des baisses de subventions et licencient des milliers de salarié-e-s.
L’exemple d’engagement proposé est le service civique. Ce contrat qui permet de travailler entre 24 h et 48 h par semaine pour 500€ par mois. Avec ça, on apprend très tôt aux jeunes à ne pas être difficiles, à s’habituer aux contrats pourris, aux salaires ridicules, à ne pas avoir de droits, à se faire exploiter dans l’espoir d’« acquérir de l’expérience professionnelle »…
Le SNU, c’est le starter pack du précaire. Macron et ses amis espèrent que les jeunes baisseront la tête, feront leur SNU et diront merci quand on leur fera cadeau de l’uniforme et qu’on leur proposera un boulot sous-payé. Ils espèrent nous faire oublier l’injustice à coups de drapeau et de Marseillaise. Montrons-leur que l’engagement que nous voulons, c’est celui pour l’égalité et une société meilleure !
Nicolas