Désormais, le nouveau gouvernement italien refuse que les bateaux chargés de migrants sauvés en mer par des ONG humanitaires accostent dans son pays, et Malte de même.
L’odyssée de l’Aquarius s’est achevée il y a peu à Valence en Espagne, pays qui ici respecta une attitude de solidarité élémentaire dans ce monde de plus en plus cruel de l’ Union européenne capitaliste.
Dans ce bateau à la dérive, les gens étaient allongés sur le sol, souvent brûlés par le mélange pétrole- eau de mer, pour beaucoup presque noyés, avec des des femmes enceintes des violeurs croisés sur leur chemin. Ils venaient de la Libye où l’enfermement et la mise en esclavage, la torture et les viols sont la règle de la part des groupes mafieux, -auxquels le comportement des garde-côtes lybiens s’assimile- qui se partagent ce territoire.
C’est l’Aquarius qui est un navire affrété depuis début 2016 et financé par des dons privés, qui tente de pallier quelque peu l’indifférence des gouvernements de l’UE ; il a déjà recueilli 30000 exilés naufragés. Et les marins et soignants de ce bateau sont maintenant accusés par le ramassis des droites et extrême-droites européennes, par les gouvernements qu’ils animent, par le Ministre de l’Intérieur français d’être liés aux passeurs, à leurs gangs. Une criminalisation des ONGs actives pour sauver les migrants de la noyade est en cours. Et pas seulement par l’infâme Ministre de l’Intérieur italien post-fasciste, Salvini.
Une journaliste de Mediapart nous interpelle : « cela fait des années que les migrants meurent en Méditerranée, devenue un cimetière marin pour des dizaines de milliers d’exilés à la recherche d’une vie meilleure, et une forme d’indifférence s’est installée. Quelle société sommes-nous devenus pour ne pas nous lever massivement et obliger nos gouvernements démocratiquement élus à ouvrir leurs portes à des personnes entre la vie et la mort ? ». Elle précise, à raison, que les politiques européennes actuelles et de ces dernières années concourent à affirmer que les « migrants ont vocation à mourir ».
C’est une question politique et surtout une question de dignité humaine. Notre gauche qui se veut internationaliste et qui sut l’être dans le passé est elle-même en grande difficulté, réduite temporairement à la quasi impuissance.
L’Union européenne, ses dirigeants, ont brisé en quelques années l’élan émancipateur du peuple grec et pillé les richesses de son pays, avec un rôle déterminant de l’Allemagne et aussi de la France. Ces mêmes gouvernements, néolibéraux et ouvertement xénophobes ou bien néolibéraux et indifférents par nature aux damnés de la terre se vautrent dans l’infamie, toujours plus, toujours plus.
En Italie, lorsque la coalition Ligue-M5S a proposé un adversaire de l’euro au poste de ministre de l’économie, ce fut un tollé à Bruxelles et chez les maîtres de l’UE. Mais lorsque les fascistes assurèrent que la sortie de l’euro n’était pas l’ordre du jour, les marchés purent bénir le nouveau gouvernement italien ; l’ordre capitaliste, les affaires comme à l’habitude reprenaient. Avec Salvini, un post-fasciste en Ministre de l’Intérieur. Un homme d’état xénophobe, comme il y en a au pouvoir en Hongrie, en Pologne, en République tchèque, en Slovaquie, en Autriche. Du banal en fait en ce monde.
C’est cela cette Union européenne sans âme, sans honneur. Xénophobe comme la droite allemande au pouvoir le devient de plus en plus.
Xénophobe, comme l’est la politique de Macron et de son valet Collomb. « Notre » France capitaliste propose que l’Italie, la Grèce et l’Espagne soient responsables seuls de l’essentiel des migrants épuisés arrivant vers leurs rivages. L’UE a fait accord avec la Turquie et la Lybie pour que le sale boulot soit fait dans ces pays-là d’abord. La France de Macron se comporte de façon ignoble très personnellement à Vintimille et dans les Alpes.
Fin juin, Macron a dit que la France n’avait de leçons à recevoir de personne en ce qui concerne l’accueil des réfugiés. Il a dit ça après avoir missionné quelques fonctionnaires à Valence pour trier-comme disent les salauds- parmi les rescapé.e.s de l’Aquarius à Valence qui souhaitent venir en France entre migrants « économiques » et possibles réfugiés. Pour Macron et sa cour il y aurait ainsi des migrants, qui ont vécu l’horreur en Lybie et ailleurs, martyrisés, violées pour les femmes, que l’on peut dire indignes du statut de réfugiés. Ils seraient mus par l’appétit de lucre… Outre que cela est le seul sentiment que valorisent nos capitalistes européens, ne doit on pas alors qualifier ces capitalistes eux-mêmes et leur personnel politique de « crapules économiques » ?
Monsieur Macron n’a assurément de leçon à recevoir de personne en matière d’ignominie, pas même du post-fasciste Salvini qui est pourtant un expert.
Pascal Boissel, 25–6–2018