« Macron, regarde ta Rolex, c’est l’heure de la révolte », slogan, manifestation de Toulouse, jeudi 19 janvier dernier.
L’hiver s’annonce chaud. Pas à cause du réchauffement climatique, mais parce que jeudi 19 janvier, malgré le froid et la pluie glaçante parfois, nous avons été plus d’un million, voire deux millions d’après les organisations syndicales, à avoir battu le pavé dans toutes les villes de France.
Le projet Macron ne passe pas à tel point qu’une intersyndicale unie (tous les syndicats y sont) a appelé à faire grève et à manifester partout en France contre un projet de régression sociale sans précédent sur les retraites : recul de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans dès 2030, accélération du passage à 43 ans de cotisation, (2027 au lieu de 2035).
Une écrasante majorité de nos concitoyen-ne-s, plus des deux tiers, refusent catégoriquement cette « réforme » des retraites. La journée de mobilisation du 19 janvier en a été la parfaite illustration : de manière massive, du jamais vu ou pas vu depuis longtemps, la rue a dit « non » à Macron.
Et rien n’y fait, bien au contraire, le mépris de la macronie qui consiste à expliquer que « quelle que soit la mobilisation, le gouvernement ira jusqu’au bout », en irrite plus d’un et plus d’une. Certains, au gouvernement ou parmi les député-e-s Renaissance, s’essaient quand même à plus de souplesse, il faudrait écouter la rue et faire preuve de plus de pédagogie ! Mais osant tout, les valets de Macron ont le toupet de parler de « justice sociale et de progrès » à propos de leur réforme.
Mais plus personne n’est dupe, car fait nouveau par rapport aux dernières luttes concernant les retraites (2003 et 2010 ), on ne nous fait plus avaler que le système par répartition est en danger et qu’il faudrait le sauver. Le système est solide budgétairement et s’il faut le pérenniser, des pistes multiples sont envisageables dont la première consiste à augmenter les salaires ce qui mécaniquement permet de faire rentrer dans les caisses de retraite des cotisations sociales.
Outre que le gouvernement nous ment sur le danger qui menacerait notre système de retraite, la « réforme » Macron, on le sait déjà aura des conséquences désastreuses. Le jour des annonces le 10 janvier, dernier, les différents sites de simulation de retraite, ont explosé. Il a été vite constaté que niveaux des pensions et niveaux de vie allaient être impactés par ces nouvelles mesures, et pas dans le meilleur sens. Tout comme vont l’être l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé. Le rallongement de ce temps de travail va d’abord impacter les classes populaires et les femmes : c’est à dire ceux et celles qui ont commencé tôt à travailler et les femmes donc qui ont des carrières fractionnées et bien mois rémunérées. L’accélération du passage à 43 ans de cotisation va en plus pénaliser fortement tous ceux et toutes celles né-es entre 1961 et 1972. Sans compter les travailleurs-ses les plus âgé-e-s dont les deux tiers ne sont plus en activité entre 60 et 62 ans, la précarité les frappera encore plus durement. Au final les pensions vont baisser, le temps de la retraite va diminuer. Mis bout à bout tout le monde y perd et collectivement tout le monde en est conscient.
Qui peut croire du coup à la rhétorique de ce pouvoir de plus en plus impopulaire, sur une réforme »juste et de progrès » ? Personne ! Même les 1200 euros minimum de retraite, annoncés dans la « réforme », n’ont convaincu personne puisqu’il s’agit d’une garantie pour une carrière complète et toujours en dessous du Smic, qui concernerait au final peu de retraité-e-s et que les retraité-e-s pauvres d’aujourd’hui pourraient ne pas être concerné-e-s.
Il n’y a aucun doute à avoir, cette « réforme » doit être combattue et battue. Il faut son retrait.
Le succès de la journée du 19 janvier nous oblige à poursuivre et à amplifier la mobilisation. Celle du samedi 21 janvier, à l’appel d’organisations de jeunesse auxquelles s’était jointe la France Insoumise, a rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Paris.
La perspective du 31 janvier doit permettre d’amplifier le mouvement de révolte et de refus de cette réforme. Tout d’abord avec le front syndical sur les lieux de travail, pour construire le rapport de force par tous les moyens y compris par la grève reconduite. Mais aussi avec le front politique autour de la Nupes. Organisations syndicales et politiques de gauche doivent marcher ensemble. La Nupes et la FI en particulier ont un rôle à jouer et doivent prendre leurs responsabilités : tout faire pour participer à la défaite du camp macroniste. L’enjeu est de taille : se battre aux côtés des organisations syndicales et appuyer les mobilisations, participer à la lutte en organisant et en participant partout en France à des initiatives publiques (réunions, meetings), porter haut et fort des propositions alternatives à la macronie tout en préservant notre système par répartition. Outre qu’une écrasante majorité de nos concitoyen-n-es ne veut pas du recul de l’âge légal à ans, la quasi même majorité souhaiterait qu’on en revienne à la retraite à 60 ans. Certaines organisations syndicales revendiquent la retraite à 60 ans à taux plein. Les inégalités qui se creusent, les profits indécents des entreprises du Cac 40 qui se sont gavés pendant la crise sanitaire, alimentent la colère d’une grande partie des hommes et des femmes de ce pays.
Beaucoup ont compris que ce qui va se jouer dans les semaines qui vont suivre, c’est l’affrontement de deux visions antagoniques de la société, une vision libérale avec toujours plus d’attaques contre les droits sociaux, une autre vision porteuse de justice sociale et de droits à conquérir ou à reconquérir.
Myriam Martin