Nous publions un article de la rédaction du site israélien +972, paru à la veille des élections législatives du 17 septembre. +972 est un site indépendant, animé par des militants et des journalistes juifs et arabes israéliens, qui luttent contre l’occupation et soutiennent les mouvements sociaux en Israel et en Palestine occupée.
Les premiers résultats de l’élection, qui montrent une égalité presque parfaite entre le bloc Bleu et Blanc de Benny Gantz (de 32 à 34 sièges) et le Likoud de Netanyahu (31 à 33 sièges) semblent confirmer les analyses de la rédaction de +972. La liste unie, qui regroupe les principaux partis arabes éréédite son bon score de 2015 et se place en troisième position avec 12 sièges. Les forces de la gauche sioniste, parti travailliste et Meretz sauvent tout juste leur place à la Knesset.
Pour la deuxième fois cette année, les citoyens israéliens sont appelés aux urnes le mardi 18 septembre pour élire leur Premier Ministre.
Pour les électeurs juifs, il s’agit essentiellement d’un référendum pour ou contre Benjamin Netanyahu, qui, en juillet a battu le record de durée de David Ben Gourion, en tant que Premier Ministre . Bien qu’il n’y ait aucune limitation du nombre de mandats, Netanyahu doit faire face à une presque certaine mise en examen pour de très sérieuse accusations de corruption. Une fois mis en examen, sa coalition devrait le forcer à démissionner. Dans les sondages, le Likoud et le parti Bleu et Blanc de Benny Gantz sont au coude à coude.
Au même moment, les citoyens Palestiniens d’Israel font face à des attaques racites sans précédent, non seulement de al part des partis d’extrême-droite, mais aussi de Netanyahu lui-même, qui n’a cessé, au cours de la campagne d’alerter les électeurs sur le fait que les arabes allaient « voler le vote », pendant que le Likoud centrait sa campagne sur la diabolisation des Arabes et des Israeliens de gauche.
L’occupation est totalement absente de ce cycle électoral. Ni Netanyahu ni ses rivaux n’ont présenté de plan pour mettre un terme au militaire de la rive occidentale du jourdain, de Jérusalem Est et de Gaza.
Comment fonctionne le système électoral israélien :
Israel a un système multipartisan et un corps électoral de 5.8 millions d’électeurs. Seuls 24% des 6 463 000 de Palestiniens vivant sous le contrôle israélien sont considérés comme des citoyens ayant le droit de vote. Un parti doit dépasser le seuil des 3.25% pour être représenté au Parlement (la Knesset). Le nombre de sièges de chaque parti est attribué à la proportionnelle. Le Président de la République charge le chef du parti arrivé en tête de former une coalition qui doit regrpuper au moins 61 des 120 députés élus à la Knesset. A la suite des élections d’avril 2019, aucune coalition n’a pu être formée par Netanyahu et le Likoud.
En quoi ces élections seront-elles différentes :
Elles ne seront pas différentes. Les rapports de force entre blocs sont inchangés et la droite va vraisemblablement les remporter. La Commission centrale electorale a décidé qu’il était illégal de placer des caméras dans les bureaux de vote, après que le Likoud ait annoncé qu’il allait faire placer 1300 caméras dans les bureaux à majorité arabe, pour éviter, disait-il, « toute fraude », espérant faire ainsi baisser le taux de participation des populations arabes israéliennes.
La Liste Unie , qui rassemble les quatre plus grands partis qui unissent les arabes et les électeurs non-sionistes a fait son retour pour ces élections. Formée sous la direction d’Ayman Odeh, dirigeant du Front Démocratique pour la paix et la Liberté (Hadash) la liste unie a conquis 13 sièges aux élections de 2015, devenant le troisième plus grand parti au sein de la Knesset. Elle s’est divisée, suite à des désaccords internes, avant les élections d’avril 2019, mais s’est réunifiée, espérant plus de 11 sièges.
Quels sont les enjeux :
Pour les électeurs juifs, il s’agit essentiellement d’un référendum au sujet de Netanyahu. Un autre sujet qui gagne en importance est le rapport entre la religion et l’Etat. Les candidats ont cessé de discuter sans fin pour débattre des valeurs familiales et des droits de la communauté LGBTQ, montrant une importante division entre les ultra-orthodoxes et les partis laïcs de la droite. Depuis les groupes religieux d’extrême-droite jusqu’au parti sépharade Shas, les groupes ultra-orthodoxes ont acquis un pouvoir politique significatif ces dernières années, jusqu’au Parlement. Les élections vont montrer la mesure de leur influence
Les citoyens Palestiniens d’Israel sont sous la lumière des projecteurs, qui sont les premières à se dérouler depuis que la loi Etat Juif qui fait des Palestiniens des citoyens de seconde zone, a été adoptée. Dans le but de démontrer que les électeurs arabes peuvent se servir de la politique pour promouvoir leurs intérêts, Ayman Odeh a déclaré qu’il était prêt à rejoindre une coalition de centre-gauche, déclaration qui a surpris aussi bien les citoyens Palestiniens que les leaders politiques juifs. Bleu et Blanc, le parti qui s’oppose au Likoud, a répondu en prenant ses distances avec Odeh, de peur de s’aliéner les indécis. Depuis des années, en effet, les attaques anti-arabes ont servi de tactiques politiques pour les partis de droite.
Les trois scénarios possibles :
La Commission Centrale électorale annoncera les résultats définitifs vraisemblablement quelques jours après le vote. Trois scénarios nous semblent possibles :
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Victoire de Netanyahu. Le Likoud a la majorité et réussit à mettre sur pied une coalition. Dans ce cas, il demandera à ses partenaires de soutenir une proposition de loi qui empêcherait sa mise en accusation. Netanyahu devrait s’appuyer sur le parti fascisant Otzma Yehudit (Pouvoir Juif). Ce parti n’a pas réussi à franchir le seuil de 3.25% (18 septembre).
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Un gouvernement d’union nationale entre le Likoud et Bleu et Blanc. Cette solution qui semble, dans les sondages recueillir l’accord de la majorité des électeurs juifs dépend des rapports de force entre les deux partis et du fait que Bleu et Blanc exigera le départ de Netanyahu.
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Netanyahu échoue à former un nouveau gouvernement ou une nouvelle coalition et l’on se dirigera vers une troisième élection.
Cet article a été rédigé et publié sur le site de +972 avant le vote du mardi 17 septembre. Traduction Mathieu Dargel.