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Européennes 2019, à celles et ceux qui hésitent…

La campagne des européennes n’a pas vraiment pris son envol et beaucoup va se jouer dans les derniers jours. Les hésitations sont grandes au sein de l’électorat qui est préoccupé à la fois par les problèmes de « fin de mois » et par ceux de « la fin du monde ». Doit-on s’abstenir ? Quelle liste choisir parmi celles menées par Benoît Hamon, Ian Brossat, Yannick Jadot, Nathalie Arthaud ou Manon Aubry ?

L’abstention semble s’annoncer à des niveaux record. Parmi les abstentionnistes, de plus en plus nombreux sont celles et ceux qui font ce choix en conscience, poursuivant le but de sanctionner et de délégitimer le pouvoir en place. Le phénomène est d’autant plus important à l’occasion des élections européennes que les institutions de l’Union, plus encore que les autres, sont identifiées à juste titre comme étant coupées du peuple et hostiles à ses aspirations.

Le piège de l’abstention

Reste que s’abstenir n’est pas une idée neuve et que ce choix s’est toujours révélé totalement inefficace pour empêcher l’œuvre destructrice des politiques libérales. Pire même, l’abstention favorise le camp au pouvoir. Car bien entendu, les mécontent.es ont tendance à s’abstenir davantage que celles et ceux qui sont d’accord avec les politiques menées. Ainsi, avec une moindre participation, Macron, peut réussir le tour de force d’être majoritairement rejeté par le pays et voir la liste qu’il soutient enregistrer un bon ou un très bon score en pourcentage. Ne doutons pas un instant qu’il va s’en prévaloir pour aggraver encore sa politique pour la France comme pour l’Europe.

Marine Le Pen amène le pire

Certains leaders des « gilets jaunes » l’ont bien compris et multiplient les appels à aller voter contre la liste Loiseau mais sans préciser pour quelle liste il faut aller voter. Dans la mesure où il s’agit de devancer la liste Macron, certains semblent penser qu’on peut voter pour la liste RN même si l’on ne partage pas le projet de ce parti. Le Pen exploite à satiété ce filon et l’occasion d’y donner un large écho lui a été opportunément offerte il y a quelques jours par le ralliement d’Andrea Kotarac, conseiller régional rhônalpin du Parti de gauche dont il a été exclu sur le champ.

Mais voter RN est tout simplement inenvisageable. Ce serait favoriser un projet nationaliste rance, autoritaire, raciste et dangereux pour les libertés publiques. Marine Le Pen le démontre chaque jour en s’affichant avec le pire de l’extrême droite européenne. Voter pour son parti, ce serait favoriser le retour de l’ordre moral, la remise en cause de l’IVG, des droits des femmes, des droits des personnes LGBTQ. Ce serait céder à l’obsession identitaire comme si nos problèmes venaient d’une prétendue invasion étrangère. Ce serait promouvoir l’idée que contre le libéralisme autoritaire il faut diviser les classes populaires et non les unir.

A l’État, le RN ne demande que le rétablissement des frontières et son programme économique n’est rien d’autre que l’aggravation du libéralisme dans un cadre national.

Le RN a déjà des élu.es au Parlement européen. Leur attitude révèle leur imposture. Loin de défendre les classes populaires et la jeunesse, les élue.s RN et leurs amis dans toute l’Europe s’opposent à l’égalité femmes-hommes au travail. Ils ne font rien contre les accords de libre-échange ou l’évasion fiscale. Ils soutiennent le « secret des affaires » qui protège les multinationales.

Embouteillage à gauche

L’hésitation quant au vote à gauche provient de la multiplicité des listes qui se présentent avec un profil de défense des droits sociaux, des libertés, de l’environnement. Et il est vrai que certaines des propositions défendues par les listes Hamon, Brossat, Jadot, Arthaud ou Aubry peuvent parfois sembler se rejoindre.

Quand Benoit Hamon par exemple dit qu’il faut «faire en sorte que l’Europe ne soit plus prisonnière de l’austérité et des traités qui inscrivent dans le marbre des politiques libérales », ou que Ian Brossat se prononce « pour l’Europe des gens, contre celle de l’argent », on ne peut que souscrire. Si l’on sent tient aux slogans, qui peut être contre l’idée « d’urgence écologique » que Yannick Jadot met en avant ?

Choisir la voie de l’insoumission

A y regarder de plus près, les divergences substantielles apparaissent. Les programmes de Génération(s) et du PCF comportent notamment un impensé stratégique, celui de la façon dont on peut changer d’Europe. S’il faut bien entendu de nouveaux traités pour construire l’Europe que nous voulons, il faut être prêt à affronter le pays ou les pays qui s’opposeraient à ce changement radical. Il faut être prêt à rompre avec les actuels traités européens qui sont un carcan visant à empêcher toute politique progressiste et écologiste. Il faut être prêts à affronter les gouvernements libéraux, les intérêts des capitalistes qu’ils servent et la technocratie à leur service. Seule la liste conduite par Manon Aubry affiche ce niveau de radicalité et porte clairement cette visée stratégique, la voie de l’insoumission.

D’autres électeurs envisagent de voter pour la liste EELV, estimant que la seule utilité que peut avoir cette élection, c’est d’envoyer un message sur l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique face à la catastrophe qui vient. La liste EELV dit vouloir « Tout changer ensemble » pour «  sauver le climat » mais son programme comporte une incohérence majeure : comment peut-on opérer un tel changement, indispensable à toutes les échelles, en laissant planer des ambiguïtés sur le fait qu’il pourrait intervenir sans un profond changement des modes de production et de consommation ? Ou en caressant la croyance que l’Union Européenne championne de l’austérité, du déni démocratique et des traités de libre échange pourrait être ce cadre ? Jadot et EELV portent une funeste illusion, celle qu’il pourrait y avoir un capitalisme vert. Le Medef ne s’y est d’ailleurs pas trompé en jugeant le projet porté par EELV « le plus cohérent ».

Contrairement à la liste Jadot, la liste Aubry montre clairement la nécessité d’affronter les minorités climato-sceptiques et court-termistes irresponsables qui dirigent la finance et les grands groupes capitalistes conduisant le monde dans le mur.

Sur ce terrain-là aussi, seule la liste de la France insoumise est à la hauteur de l’enjeu, résumé dans l’exigence de la « règle verte » qui consiste à ne pas prélever à la planète plus qu’elle ne peut régénérer.

Le 26 mai, dire MaNON à Macron, à son monde, à son Europe !

Les élections européennes ne sont qu’une étape dans le processus de révolution sociale, citoyenne, écologique qui chaque jour est plus urgent et indispensable. Cette stratégie nécessite qu’il existe une force politique conséquente, disposant d’une audience de masse. Il faudra une fois l’élection passée continuer à élargir encore sa base et son assise politique.

Mais pour l’heure, seule la liste de la France insoumise dispose du potentiel pour aller au-delà de la barre des 10 %. Et plus encore, espérons-le, en dépassant la liste des Républicains et en se plaçant dans le trio de tête.

Les voix pour les listes Brossat ou Hamon, parce qu’il n’est pas certain que ces listes franchissent la barre des 5% indispensable pour avoir des élu.es, risquent fort d’être perdues.

En tout état de cause, seule la liste France insoumise permettra d’envoyer au Parlement européen un groupe substantiel d’élu.es qui agiront conjointement avec nos camarades de l’alliance « Maintenant le peuple », formée par la FI, le Bloco de Esquerda au Portugal, Podemos en Espagne, l’Alliance rouge et verte au Danemark, le Parti de gauche en Suède, l’Alliance de gauche en Finlande pour une Europe des solidarités, loin de tout repli nationaliste. Autant d’élu.es de combat, de « lanceurs d’alerte », capables de porter au Parlement européen les méthodes et le contenu qui font l’efficacité du groupe de la France insoumise au Parlement français.

Il est en effet possible au Parlement européen de s’opposer à des directives néfastes : il n’a récemment manqué que 28 voix pour empêcher l’adoption de la directive ferroviaire libérale par exemple. Il est possible de promouvoir des directives positives, comme celle qui a interdit la pêche électrique et que notre camarade Younous Omarjee, député sortant de la FI, a réussi à impulser.

Alors le 26 mai, sans hésitation, votons Manon Aubry !

Equipe d’animation d’Ensemble Insoumis, le 20 mai 2019.