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Espoirs et défis de la Nouvelle Union populaire

Un vent d’espoir souffle. Malgré le face-à-face du deuxième tour entre Macron et Le Pen, la gauche et les revendications sociales se renforcent.

Grâce à l’excellent score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle, en particulier dans les quartiers populaires des villes, la gauche s’est affirmée comme l’un des trois grands pôles politiques en France. Toutes tendances confondues, elle est plus forte qu’en 2017. Et surtout, c’est sa composante radicale, décidée à rompre avec les politiques libérales menées depuis 40 ans, qui domine. En proposant une alliance tout en maintenant les points-clés de son programme, l’Union populaire offre un moyen de faire durer et de renforcer cette dynamique.
 
Vu le système peu démocratique des élections législatives, une alliance dès le premier tour donne plus de chances d’avoir un grand nombre d’élus pour faire vivre l’opposition à Macron, voire pour constituer une majorité alternative. La constitution de la Nouvelle Union populaire écologiste et solidaire avec Europe Écologie-Les Verts (EELV), le Parti communiste français (PCF) et le Parti socialiste (PS) est donc une bonne nouvelle.
 
La bataille s’annonce rude, et toutes les énergies seront nécessaires. Il est donc très encourageant de voir l’afflux de nouveaux·elles militant·e·s dans les groupes d’action de l’Union populaire depuis le premier tour.
 
À la base, justement, les militant·e·s ont souvent été surpris·e·s par le virage unitaire de l’Union populaire. Aussi juste soit-il, ce choix n’est pas issu d’une discussion démocratique et n’avait pas été préparé collectivement. Il n’était sûrement pas possible de fonctionner autrement dans un timing aussi court : contrairement aux autres formations politiques, l’Union populaire n’avait pas de direction élue où mener ces débats démocratiques nécessaires. Les mois à venir, après les élections, devront permettre de repenser le fonctionnement pour que les militant·e·s soient souverain·e·s dans leur organisation, pour favoriser l’émergence de cadres intermédiaires et formalisés ainsi que d’un organe de direction plus transparent. 
 
L’intégration du Parti socialiste dans la Nouvelle Union soulève également des questions. Il est certes affaibli et a dû accepter des points essentiels du programme de l’Union populaire. Le score historiquement bas de la candidature d’Anne Hidalgo (1,7%) montre bien que le rapport de forces n’est plus en sa faveur, et sa présence peut aider à battre des candidats macronistes. De plus, il n’est pas inintéressant de faire émerger des débats internes la clarification nécessaire du PS avec sa ligne la plus droitière et libérale, afin d’en faire le bilan et de la renier. Si les militant·e·s du PS arrivent à démontrer leur utilité par la suite, sur nos bases politiques, ce n’en sera que plus encourageant. Cependant, il est peu probable que le PS, largement constitué d’élu·e·s et de membres ayant accepté la politique de François Hollande, redevienne un authentique parti de gauche. Si la Nouvelle Union remportait les législatives et formait un gouvernement, le PS participerait à la pression pour empêcher la mise en place de mesures de rupture, en particulier sur la retraite à 60 ans à taux plein pour toutes et tous. Les négociations montrent un accord disproportionné au regard des résultats d’avril. Au vu du grand nombre de circonscriptions cédées au PS (70), il est d’autant plus regrettable qu’un effort important n’ait pas été fait pour inclure le Nouveau Parti anticapitaliste et ainsi rééquilibrer la Nouvelle Union sur la gauche et vers une participation plus affirmée aux luttes dans lesquelles nous croisons souvent ses militant·e·s.
 
Le choix des candidat·e·s a également parfois donné lieu à des déceptions. L’Union populaire aurait pu utiliser son faible nombre de député·e·s sortant·e·s pour faire entrer à l’Assemblée des personnes représentatives de la population qu’elle défend : issu·e·s des milieux populaires, ayant une expérience des luttes, subissant le racisme… Cela aurait bousculé ce parlement blanc et bourgeois et aurait renforcé la confiance avec les quartiers populaires. Hélas, ces candidat·e·s potentiel·le·s ont trop souvent dû laisser la place à des candidatures d’autres partis ou à des personnalités plus proches du cercle dirigeant de l’Union populaire. Si des arbitrages étaient nécessaires et compréhensibles, le bilan global ressemble à une occasion manquée et n’est pas sans conséquence sur la confiance des militant·e·s locaux. 
 
Ce changement d’orientation est salutaire ce qui concerne l’unité électorale et dans les actions ponctuelles. Cependant, il traduit une absence de réflexion globale et démocratique liée à notre pratique militante, la structuration de la France insoumise, et les nécessaires mouvements sociaux et syndicaux massifs pour faire plier les institutions de la Ve République et forcer la main aux plus droitiers de nos nouveaux camarades de la NUPES . En effet, certains points du programme de la NUPES attaquent frontalement les intérêts de la bourgeoisie et du patronat (élévation des salaires, retraite à 60 ans, désobéissance aux règles budgétaires européennes, etc.). Les forces vives qui participeront à ces mouvements doivent se construire dès maintenant. Aucune loi et aucun accord électoral décidé par le haut ne remplacera la construction d’un réel rapport de forces entre notre camp social et les classes dirigeantes de la société capitaliste.
 
Dans la période riche que nous vivons, il reste donc beaucoup à discuter et à inventer. Il faudra y travailler dans les mois qui viennent. Mais d’ici aux 12 et 19 juin, la priorité est à faire vivre la Nouvelle Union populaire écologiste et solidaire, de convaincre et de créer l’espoir. Quel que soit le résultat des élections législatives, la mobilisation du plus grand nombre sera indispensable. Ce n’est qu’un début !
Leïla, Nicolas et Paul.