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Emmanuel Macron mène la politique anti-migrants des xénophobes qu’il dénonce, la France Insoumise s’y oppose !

Mardi 25 septembre dernier, à la tribune de l’ONU, alors que le bateau humanitaire Aquarius demandait solennellement depuis des heures à la France de lui permettre d’accoster à Marseille et de lui accorder un pavillon de navigation, le président Macron a justifié son refus d’accueillir 58 naufragé·es (dont 17 femmes et 18 enfants) sur le territoire de la « patrie des droits de l’Homme » au motif de ne pas vouloir « céder aux bons sentiments » donnant raison à « Tous ceux qui sont inquiets par la force des migrations que l’Europe connaît depuis plusieurs années ». 600 personnes puis 141 cet été et aujourd’hui 58 deviennent un nombre inacceptable d’êtres humains à accueillir dans un pays de presque 70 millions d’habitant∙es qui se trouve être par ailleurs une des premières puissances économiques au monde.

Libéraux-austéritaires et politiques anti-migrant·es

Voilà donc cyniquement illustrée toute la laideur de la pensée complexe jupitérienne en matière de politique migratoire. Car c’est ce même président qui se pare sans vergogne depuis quelques mois du manteau blanc du progressisme et prétend vouloir faire des prochaines élections européennes un combat entre (méchant·e·s) « nationalistes » (comprenez un peu Le Pen mais surtout Mélenchon et les Insoumis·e·s) et (gentil·le·s) « progressistes » (Macron 1er, Merkel et compagnie). En réalité, ce refus injustifiable d’accueillir l’Aquarius est le dernier exemple en date révélateur de la continuité des politiques anti-migrant·e·s menées par La République en marche (LRem) et ses alliés européens qui sont au « progressisme » ce qu’Alexandre Benalla est au bon Samaritain: une odieuse caricature.

Ainsi, l’infâme loi sur l’asile et l’immigration votée en août dernier par la majorité LRem, qui traite les migrant·e·s en suspect∙e·s voire en criminel∙le·s permanent∙e·s, n’a été qu’une suite pathétique et dangereuse d’appels du pied aux droites extrêmes et aux extrêmes droites européennes. En France plusieurs responsables du Rassemblement national ont approuvé des mesures de la loi Collomb en s’octroyant l’origine des idées mises en œuvre par le gouvernement. En Italie, c’est Matteo Salvini, l’actuel ministre de l’Intérieur qui, au lendemain de la victoire de son mouvement aux élections législatives, indiquait qu’Emmanuel Macron appliquait une partie des politiques que lui défendait et à qui Emmanuel Macron vient de nouveau d’emboîter le pas en refusant, comme lui, d’accueillir l’Aquarius.

On se rappelle également de Horst Seehofer, le ministre de l’Intérieur de Madame Merkel, alliée de Monsieur Macron, et membre du parti de droite dure CSU, qui avait déclaré que l’immigration était « la mère de tous les problèmes ». Puis, la veille du sommet européen de Salzbourg, l’Elysée s’est félicité d’entretenir une « bonne et franche » relation avec le chancelier autrichien Sébastien Kurz, qui gouverne avec le parti d’extrême droite FPÖ et veut exporter des « hotspots » européens en Afrique du nord. On voit là les racines de l’alliance objective entre les libéraux-austéritaires de l’extrême-centre comme Emmanuel Macron et les nationaux-libéraux des droites extrêmes et extrêmes droites de toute l’Europe.

N’en déplaise à Messieurs Collomb, Seehofer et Salvini, non il n’y a pas de submersion migratoire en Europe: 21.500 personnes sont arrivées par la Méditerranée centrale en 2018 contre plus de 105.000 en 2017. Le taux de mortalité est en forte hausse alors que le nombre de traversées est en baisse constante depuis 4 ans. Et oui, ce sont les mêmes politiques menées au niveau national et européen qui transforment cette mer en un cimetière: plus de 1700 personnes sont mortes depuis le début de l’année en tentant de la traverser. Et ce ne sont certainement pas les mesures sur lesquelles toutes et tous les dirigeant·e·s européen·ne·s se sont aligné·e·s qui permettront de sauver des vies ou empêcheront des hommes, des femmes et des enfants de faire une traversée au péril de leur vie quand elles et ils n’ont plus rien chez eux que misère ou guerre.

La mise en place de plateformes de débarquement dans des pays tiers comme la Libye est inique. Pour les migrant·e·s qui se retrouvent parqué·e·s par des milices peu soucieuses du respect du droit international et d’un traitement digne. Pour les pays tiers qui voient leur aide au développement conditionnée au sous-traitement des frontières extérieures de l’Union européenne. Le renforcement de Frontex annoncé par Juncker dans son discours sur l’état de l’Union est non seulement un gouffre financier mais met directement les migrant∙e·s en situation dangereuse. En témoigne la condamnation récente à 5 ans de prison d’un migrant syrien en Hongrie ou encore le délit de solidarité en France.

Une autre Europe est possible  : maintenant le peuple !

Ces choix politiques mettent à nue la vacuité des discours soi-disant « progressistes » qu’Emmanuel Macron se permet encore de prononcer et alimentent l’épouvantail fantasmatique d’une supposée « submersion » migratoire en France et en Europe. L’alliance « nationale-libérale » de l’extrême-droite et de l’extrême finance oppose les citoyen·ne·s aux migrant·e·s et ne protège ni les un·e·s, ni les autres. Pendant que les nationalistes xénophobes détournent l’attention et font peur avec des flux migratoires tout à fait gérables, les soi-disant « progressistes » auto-proclamé·e·s que sont Macron, Merkel et Juncker font les poches des peuples européens.

Emmanuel Macron est-il en désaccord avec la politique économique de Viktor Orban, au pouvoir en Hongrie depuis 8 ans? Avec la Pologne du PiS, qui mène une politique économiquement libérale? Avec le FPÖ en Autriche peut-être? Passerelle de l’extrême-droite sur les questions de migrations, la Macronie est alignée économiquement sur les Etats aux gouvernements néolibéraux xénophobes dans le reste de l’Europe. L’Union européenne sera dans une impasse tant qu’elle ne sera pas à même de faire respecter ses valeurs fondatrices. La Commission européenne, Macron et Merkel sont prompts à sanctionner toute velléité de sortie de l’ordo-libéralisme, comme ce fut le cas en Grèce en 2015, mais bavardent depuis 2011 pour savoir si les droits fondamentaux et les « valeurs européennes » doivent être respectées en Hongrie. À Chypre, en Grèce, les robinets de la BCE se coupent et les menaces pleuvent. En Pologne et en Hongrie, les extrémistes sont protégés par ces mêmes traités.

Ce diktat néolibéral est pourtant la cause du désastre social grec actuel, de la pauvreté croissante en Allemagne, de la mise en concurrence des systèmes sociaux à travers l’Union européenne, de l’absence d’ambition écologique réelle pour notre planète. Le Conseil et la Commission européenne sont bien plus dangereusement prompts à mettre en place une Europe de la guerre, soumise à l’Otan et alimentant les conflits dans le monde et donc les migrations forcées, qu’à lutter contre les paradis fiscaux ou à encadrer l’activité des GAFAM. Il n’existe toujours pas de taxe pérenne à un taux satisfaisant sur les géants de l’internet faisant le commerce de nos données personnelles: les Google, Amazon et autres Airbnb peuvent, eux, à loisir faire du shopping fiscal en Europe. Sur tous ces sujets c’est toujours le gouvernement de droite conservatrice/droite extrême allemand de Madame Merkel qui bloque pour défendre ses grandes entreprises…

La véritable alternative n’est pas celle de la fausse monnaie présentée par Emmanuel Macron qui essaient de faire passer les deux faces d’une même pièce comme le seul choix offert aux peuples européens. Il existe bel et bien aujourd’hui une autre perspective que l’impasse dans laquelle il souhaite nous enfermer: celle d’une Europe des peuples, sociale, écologique et solidaire où 58 personnes ne sont pas trop de personnes à accueillir, loin du fantasme de l’appel d’air. Cette Europe-là est nécessairement coopérative: harmonisation par le haut de la fiscalité, harmonisation par le haut des normes sociales et environnementales et protection partagée des droits fondamentaux. C’est à cette Europe que nous travaillons avec nos partenaires européens en Espagne, au Portugal, en Finlande, en Suède, au Danemark, en Irlande… Une autre Europe est possible, une autre Europe se construit, portant fièrement les couleurs d’un internationalisme solidaire et lançant un appel fort et clair: maintenant le peuple !

Danièle Obono (députée FI), Sophie Rauszer (collaboratrice au groupe GUE/NGL). Publié sur Huffington Post.